
Halloween approche à grands pas ! Vous le savez, j’aime énormément accorder mes lectures à la saison, et Halloween ne déroge pas à la règle. L’année dernière je vous avais préparé une sélection de films d’Halloween inspirés par la littérature. Cette année, je vous propose quelques livres qui sauront vous envelopper dans cette atmosphère si caractéristique de mystère et de terreur. Cette sélection n’a pas vocation à être exhaustive, mais davantage à vous proposer des lectures dans des genres très différents, et toutes destinées à vous donner la dose de frisson recherchée.
Maisons hantées et histoires de fantômes
Il existe une tradition tout à fait fascinante, typiquement anglo-saxonne et généralement associée à l’ère victorienne : se raconter des histoires de fantômes la veille de Noël, les fameuses « Christmas ghost stories ». Une tradition aux origines complexes qui aurait lié une fête chrétienne, Noël, à une fête païenne : le solstice d’hiver ou Yule. Les jours raccourcissent, les ténèbres prennent de plus en plus de place, et on comprend ce besoin de se rassembler au coin du feu pour se raconter des histoires. C’est une tradition qui s’est un peu perdue aujourd’hui, même s’il y a des points communs avec la fête d’Halloween, mais je trouve très sain d’exorciser ainsi les peurs en conviant les morts. Cela explique en tout cas pourquoi on trouve ces histoires de fantômes à foison dans la littérature : Charles Dickens, M.R. James, Shakespeare, Elizabeth Gaskell, Oscar Wilde, A.M. Burrage, Hawthorne, Stevenson, Henry James, ou encore Edith Wharton… jusque dans la littérature contemporaine, où les histoires de fantômes, et les interrogations qu’elles suscitent, fascinent toujours autant.
La Maison hantée – Shirley Jackson
LE classique incontournable ! Ce roman a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques et on comprend aisément pourquoi. Dans ce roman, le Dr Montague, un scientifique passionné par le surnaturel, s’intéresse à Hill House, une immense demeure gothique, délabrée et lugubre, que les villageois disent hantée. Il décide de la louer et d’y mener une expérience, en y invitant des personnes qui selon lui ont une sensibilité particulière. Servis par une narration rythmée et d’une efficacité redoutable, les événements cauchemardesques vont aller crescendo, Shirley Jackson excellant à distiller l’angoisse, alternant psychologie et surnaturel.
Chronique détaillée de La Maison hantée à retrouver ici
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Le Tour d’écrou – Henry James
Un autre grand classique du genre, avec un Henry James qui s’essaie à la célèbre tradition anglo-saxonne des histoires de fantômes. On y retrouve le talent de l’auteur à s’attarder sur la psychologie des personnages, sans se contenter de décrire une simple apparition surnaturelle. Une jeune femme est envoyée comme institutrice auprès de deux enfants dans une grande demeure à la campagne. L’atmosphère y est pesante, aggravée par les apparitions maléfiques de deux anciens domestiques décédés dans des circonstances inconnues. Les différents niveaux de narration jettent le trouble sur les faits qui sont racontés. Cette indétermination m’a plongée dans un malaise profond, tant on pressent dans le récit la noirceur humaine, sans que rien ne vienne jamais véritablement éclairer notre lanterne. Un roman obsédant.
Chronique détaillée de Le Tour d’écrou à retrouver ici
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Kerfol et autres histoires de fantômes – Edith Wharton
Comme chez Henry James, les histoires de fantômes d’Edith Wharton placent en leur centre bien davantage la psychologie des personnages que les spectres menaçants. On retrouve dans les cinq nouvelles formant ce recueil la plume merveilleuse de l’auteure, et une atmosphère gothique que j’apprécie toujours énormément. Le fantastique plane, mais ne se révèle jamais tout à fait. Les véritables fantômes ne seraient-ils pas les secrets et les regrets qui rongent le coeur des personnages ? Les histoires, et l’analyse psychologique qui se trame en arrière-plan, sont extrêmement intelligentes et fines, dignes du talent d’Edith Wharton.
Chronique détaillée de Kerfol à retrouver ici
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Shining – Stephen King
La littérature contemporaine n’est pas en reste, et Shining reste l’un des romans phares en matière de demeure hantée. En l’occurrence, l’histoire se déroule au coeur d’un gigantesque hôtel perdu au fin fond des montagnes Rocheuses du Colorado, dans lequel Jack Torrance emménage avec sa famille pour l’hiver, ayant accepté le poste de gardien. Très vite, on se rend compte que cet hôtel est quelque peu « habité », que Jack a de petits et grands démons, et que Danny, son jeune fils, possède une sensibilité particulière à l’invisible.
La maison des damnés – Richard Matheson
Le pitch fait beaucoup penser à l’intrigue de La Maison hantée de Shirley Jackson. Une équipe de spirites, dirigée par le Docteur Barrett, sont engagés par un vieil homme richissime sur le point de mourir. Ils sont chargés de s’installer dans une maison réputée hantée pour vérifier scientifiquement l’existence d’une vie après la mort. Bien entendu, la malveillance de la maison va rapidement prendre le dessus : apparitions, possessions, mutilations, monstres en tout genre… C’est un roman régulièrement cité, mais personnellement je n’ai pas trop accroché, c’est trop cru et trop versé dans l’horreur pure pour moi. Mieux vaut être averti : âmes sensibles s’abstenir…
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L’indésirable – Sarah Waters
Ce roman réunit tout ce que j’aime : une magnifique et imposante vieille demeure dans la campagne anglaise, une atmosphère mystérieuse et gothique, une plume habile, des personnages à la psychologie travaillée. Le Dr Faraday se prend d’affection pour les habitants de Hundreds Hall, une famille bourgeoise sur le déclin. Mais bientôt des événements tragiques et inexpliqués se multiplient, plongeant le médecin dans la perplexité… Le roman est paru en 2009, mais le récit se déroule dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, et on y sent l’inspiration de la littérature victorienne (Wilkie Collins en particulier) ainsi que d’auteurs comme Henry James ou Oscar Wilde. C’est subtil, intelligent, extrêmement prenant et, il faut le dire, délicieusement angoissant.
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La Falaise hantée – Dorothy Macardle
Sans aucun doute l’un de mes favoris ! Ce roman irlandais, paru en 1942, est considéré comme l’une des références absolues en matière d’histoires de fantômes. L’intrigue est alléchante, et le style du roman, largement inspiré de la littérature gothique, est très réussi. Un frère et une soeur, désireux de s’éloigner du bruyant Londres, achètent une magnifique maison en bord de mer dans le Devon. Rapidement néanmoins, ils déchantent : des pleurs et des soupirs se font entendre la nuit, et un froid glacial se répand dans toute la maison, annonçant des apparitions spectrales terrifiantes. Qui hante les lieux ? Et pour quelles raisons ? Désespérés à l’idée de quitter la maison de leurs rêves, Roderick et Pamela seront déterminés à découvrir le fin mot de l’histoire, quitte à dévoiler les sombres secrets de famille des anciens habitants.
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This House is haunted – John Boyne
Un autre roman qui nous vient d’Irlande ! L’intrigue se déroule à l’ère victorienne, et nous plonge dans les profondeurs de Godlin Hall, une vaste demeure, hantée bien sûr ! Les choses commencent mal pour Eliza Caine, qui vient d’y accepter un poste de gouvernante : la nuit de son arrivée, deux mains invisibles cherchent à la pousser sur les rails de la gare. Plus tard, lorsqu’elle gagne enfin le manoir, elle y fera la rencontre de ses deux élèves, mystérieusement abandonnés de tout adulte. Sans aucune explication, et ne pouvant compter que sur elle-même, elle va devoir découvrir les secrets de cette demeure maudite. Malheureusement le roman n’a pas (encore ?) été traduit en France, espérons que ce soit pour bientôt…!
L’incroyable histoire de Halcyon Crane – Wendy Webb
Une jeune femme, Hallie James, reçoit un matin un courrier surprenant : sa mère qu’elle a toujours cru morte, vient en réalité de décéder en lui léguant un manoir dans la région des Grands Lacs, ainsi qu’une petite fortune. Un décor richement décrit et enveloppant, une atmosphère sombre et mystérieuse, des secrets de famille trop longtemps enfouis et surtout des emprunts à la littérature gothique, font de ce roman une lecture tout à fait distrayante, malgré une fin un peu fade…
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La Maison aux sept pignons – Nathaniel Hawthorne
Chez Hawthorne, la maison hantée prend la forme d’une malédiction familiale. Elle a été en effet bâtie sur un crime : la terre sur laquelle elle se trouve faisait l’objet d’un litige entre le riche colonel Pyncheon, sûr de ses titres et de sa réputation, et le modeste Matthew Maule, premier occupant de ce sol. Profitant de l’atmosphère de suspicion régnant à l’époque, Pyncheon fit exécuter Maule pour sorcellerie afin de récupérer ce qu’il estimait être son dû, mais pas avant que le malheureux ne fasse une terrible prophétie à son ennemi : « Dieu lui fera boire du sang! ». Le jour de l’inauguration de la magnifique demeure aux sept pignons qu’il fit construire sur cette terre payée au prix fort, le vieux Pyncheon mourut en s’étouffant dans son propre sang. Une malédiction qui poursuivit la famille Pyncheon sur des générations, jusqu’aux tout derniers descendants dont il sera question dans cette histoire…
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La dame en noir – Susan Hill
Dans l’Angleterre du début du XXe siècle, un jeune notaire londonien, Arthur Kipps, est envoyé à Crythin Gifford, assister aux funérailles d’une vieille dame, Alice Drablow. C’est alors qu’il aperçoit une dame tout de noir vêtue, au visage et au corps émaciés, un fantôme peut-être ? Pour l’heure, Arthur s’installe au manoir de la défunte afin d’organiser sa succession, mais les apparitions de cette mystérieuse dame en noir se succèdent, venant appesantir un peu plus l’atmosphère déjà sinistre régnant dans la maison : bruits sourds, pleurs d’enfants, courants d’air… Le suspense se met en place progressivement, éprouvant de plus en plus les nerfs du lecteur, jusqu’à un dénouement final d’une intensité surprenante. Bonne nouvelle, le roman a été réédité chez Archipoche !
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La maison des oubliés – Peter James
Qui n’a jamais rêvé de tout quitter pour s’installer dans une vieille demeure pleine de charme, qui plus est dans la campagne anglaise ? C’est le rêve de la famille Harcourt, tombée sous le charme de cette maison victorienne. Pourtant ils ne s’attendaient pas à ce que la maison leur donne autant de fil à retordre… Le gros point fort du roman est l’installation extrêmement rapide de l’angoisse. Il n’est clairement pas mémorable pour son style, et il n’échappe pas aux clichés et à certains raccourcis faciles pour susciter l’effroi, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un roman diablement efficace, que j’ai lu d’une traite et qui m’a fait sursauter bien des fois. C’est bien tout ce qu’on lui demande n’est-ce pas ?
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Slade House – David Mitchell
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette histoire de fantômes est originale. Pas de vieille bâtisse victorienne grinçante, pleine de courants d’air et de murmures. Pas d’histoire familiale recélant secrets et mystères, jusqu’au fantôme hantant les lieux et angoissant les habitants. Chez David Mitchell, les choses sont plus modernes, plus scientifiques, plus inattendues. En 1979, Nora et son fils Nathan se rendent à un récital de musique chez une comtesse dans la belle demeure de Slade Alley. Ils n’en ressortiront jamais. Et ainsi de suite en 1988, en 1997, en 2006, et enfin en 2015. Que deviennent ces invités une fois entrés ? Il faudra lire le roman et parcourir le labyrinthe pour le découvrir…
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Diable, sorcières, monstres et compagnie
Rosemary’s baby – Ira Levin
Vous avez peut-être en tête le film terrifiant de Roman Polanski avec Mia Farrow, qui campe Rosemary, une jeune mariée qui vient d’emménager avec son mari dans un immeuble new-yorkais vétuste et réputé maléfique. Leurs voisins, âgés et envahissants, se proposent immédiatement pour les aider, s’imposant insidieusement, et de manière de plus en plus malsaine. Rosemary tombe enceinte, et les choses dégénèrent : son mari change de comportement, elle fait des rêves cauchemardesques sur son enfant à naître, et elle réalise que ses chers voisins vouent un véritable culte à Satan. Charmant tableau n’est-ce pas ? Ce roman passablement angoissant se concentre énormément sur les questionnements religieux de Rosemary, et laisse planer un malaise oppressant.
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Dracula – Bram Stoker
Faut-il encore présenter ce classique ? Publié en 1897, ce roman n’est pas la première référence à la figure du vampire dans la littérature, mais c’est néanmoins celui qui personnifiera durablement le mythe, dont les traits et la personnalité demeureront dans la postérité, représentant à jamais l’archétype du vampire. De plus, il demeure un incontournable du genre tant le symbolisme y est fort, cristallisant les angoisses de l’ère victorienne en abordant ce que ses contemporains considéraient avec le plus de malaise : la mort et la sexualité. Au-delà d’une première lecture délicieusement horrifique, bien que relativement modérée pour des lecteurs contemporains bien plus coutumiers du genre que nos ancêtres victoriens, Bram Stoker offre un roman passionnant et foisonnant de réflexions sur son époque. Un chef d’oeuvre à lire et relire.
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Carrie – Stephen King
Un roman qui s’est là aussi un peu fait dépasser par la popularité de son adaptation cinématographique. C’est l’histoire d’une jeune adolescente, un peu à part, qui vit un calvaire au lycée où elle est le souffre-douleur de ses camarades, ainsi que chez elle où elle est victime d’une mère fanatique. Une jeune fille qui inspirerait énormément la pitié, si elle n’avait pour elle ses fantastiques pouvoirs de télékinésie. La scène du bal de promo est connue de tous évidemment, mais la force du roman, qui a un peu vieilli, est, au-delà de l’horreur, la réflexion sur le mysticisme religieux et sur la féminité.
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La foire des ténèbres – Ray Bradbury
Quelques jours avant Halloween, une fête foraine s’installe en pleine nuit à Green Town. Deux adolescents se précipitent pour assister à leur arrivée, et vont devenir les témoins d’événements inquiétants : une femme endormie dans un bloc de glace, un carrousel qui inverse le cours du temps, un homme qui promet d’exaucer tous vos voeux… Tout ceci paraît bien attirant, et pourtant ce n’est que le début des cauchemars pour les habitants de la ville. Ce roman fantastique paru en 1982 s’est rapidement imposé comme une référence du genre, jouant sur les terreurs de l’enfance et mêlant surnaturel et conte noir.
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Le portrait de Dorian Gray – Oscar Wilde
Dorian Gray est un jeune dandy londonien, timide, désarmé, dont le portrait vient d’être achevé par le peintre Basil Hallward. L’homme sur le tableau est l’incarnation de la beauté et de la jeunesse, et Dorian Gray fait alors un voeu funeste : si seulement seul le Portrait pouvait vieillir, tandis que lui resterait jeune, beau et insouciant. Un jour, après avoir agi cruellement, il s’aperçoit que le Portrait a changé. C’est infime, mais il y a une lueur différente dans les yeux, un pli adopté par la bouche. Dorian réalise que son souhait s’est réalisé : lui demeurera affranchi des prises du temps, tandis que le tableau reflétera, les années passant, les tourments de son âme égarée. Personnellement, ce roman m’a quelque peu ennuyée, mais il a de grandes qualités : un atmosphère lugubre qui tire vers le fantastique, la plume extraordinaire d’Oscar Wilde, et une chute efficace et glaçante.
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Marina – Carlos Ruiz Zafón
Oscar, un jeune homme rêveur, délaissé par sa famille, fait la rencontre de Marina, une jeune fille frêle mais intrépide. Ensemble ils vont parcourir les rues de Barcelone, et découvrir un secret jalousement gardé. L’atmosphère est mystérieuse et délicieusement gothique, bien que parfois très sombre et quelque peu étouffante avec l’apparition de créatures angoissantes. Le roman est en outre bourré de références au Frankenstein de Mary Shelley, qui inspire d’ailleurs le nom d’un des personnages, et j’y ai retrouvé un peu aussi l’esprit du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
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Frankenstein – Mary Shelley
Ah le mythe de Frankenstein ! C’est une histoire tellement connue que beaucoup d’entre nous se représentent bien davantage la tête du monstre du film de 1931 avec Boris Karloff, que le roman de Mary Shelley. Les nuances se sont perdues dans les adaptations cinématographiques, à tel point qu’on a même confondu le nom du scientifique et celui de sa créature. Malgré quelques défauts, en particulier des longueurs et des passages d’un lyrisme parfois agaçant, on ne peut que comprendre pourquoi Frankenstein est devenu un si grand classique. Le plus surprenant sans doute est que cette lecture est certes un peu mystérieuse, angoissante, mais finalement aussi immensément triste, et porteuse sous des apparences fantastiques de réflexions extrêmement profondes.
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Nous avons toujours vécu au château – Shirley Jackson
« Merricat, dit Connie, veux-tu une tasse de thé ? Oh, non, fit Merricat, tu vas m’empoisonner. Merricat, dit Connie, voudrais-tu fermer l’oeil ? Dans un trou au cimetière, au fond d’un vieux cercueil ! » Dérangeant, étrange, sinistre, malsain, oppressant, fascinant… Il est difficile de décrire ce roman tant il est à part. Deux soeurs vivent seules avec leur vieil oncle handicapé dans une grande demeure. On apprend qu’elles sont profondément haïes par les villageois, mais sans trop savoir pourquoi. À mesure que les journées défilent, on en découvre davantage sur ces deux soeurs vivant en recluses, dont les comportements ont de quoi rendre perplexe. Quelque chose de terrible s’est déroulé entre les murs de cette majestueuse demeure, qui a marqué de son empreinte le quotidien millimétré de ses habitants.
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Le baron hanté – Sheridan Le Fanu
Revisitant le mythe du Faust de Goethe, cette histoire joue avec l’imaginaire de l’eau, les personnages se débattant autour de ce lac, noir et profond, lieu maudit de toutes sortes d’apparitions et de fantômes, qui exerce un pouvoir d’attraction terrible. La nuit est sombre, les jours plongés dans le brouillard ; tout ceci laisse planer une atmosphère de malaise, où l’on vacille entre les vivants et les morts, entre la réalité et le rêve. Reste à mentionner le style du romancier irlandais Sheridan Le Fanu, extrêmement recherché et d’une grande poésie.
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Romans gothiques et policiers victoriens
La littérature gothique est un peu à part, et c’est un genre littéraire que j’affectionne beaucoup comme vous l’avez peut-être constaté ! J’ai décidé d’inclure quelques-uns de ces romans car même s’ils ne font pas à proprement parler peur, ce sont des lectures parfaites pour cette période de l’automne. Ils ont tous en commun une atmosphère mystérieuse, envoûtante et inquiétante dans le même temps, une esthétique très particulière, des secrets bien cachés, des demeures majestueuses mais intimidantes, des personnages perdus et maudits (notamment souvent une jeune fille en détresse), et des décors allant de la nature aux demeures majestueuses mais intimidantes. Ils se situent tous par ailleurs dans un temps passé, même les plus contemporains, ce qui leur donne un charme suranné. Par ailleurs, la littérature victorienne trouve également sa place dans la sélection puisqu’elle a marqué la naissance des premiers romans policiers, avec Wilkie Collins ou Mary Elizabeth Braddon, dont les romans ont inspiré leurs successeurs.
Voici ceux que je vous recommande pour les soirées d’automne, lorsque la tempête fait rage dehors et que vous voulez vous pelotonnez avec un bon livre.
Rebecca – Daphné du Maurier
Un grand classique, incontournable. La narratrice, une jeune fille un peu naïve et godiche, s’éprend du beau et riche Maxim de Winter, qui l’épouse et l’emmène dans sa propriété de Manderley. La maison suscite la fascination par sa grandeur, sa richesse, mais elle est aussi intimidante tant elle rappelle l’ancienne maitresse des lieux, Rebecca, qui a marqué la demeure de son empreinte. Et petit à petit, Manderley devient de plus en plus inquiétante. D’où vient la menace ? Qu’est-il véritablement arrivé à Rebecca ? Les pages défilent à mesure que la tension monte et que l’intrigue se densifie. Un roman extrêmement bien mené, remarquablement écrit, et incroyablement ficelé.
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Ma cousine Rachel – Daphné du Maurier
Un roman dans la lignée de Rebecca, empruntant de nombreux éléments à la littérature gothique. On y retrouve cette atmosphère étouffante et mystérieuse, au coeur de la campagne anglaise. Le jeune Philipp a énormément d’affection pour son cousin Ambroise, qui l’a recueilli alors qu’il était orphelin. Ce dernier, parti en voyage à Florence, et s’étant épris d’une comtesse italienne qu’il a épousé immédiatement, envoie un message de détresse à Philipp, l’enjoignant de se précipiter à son chevet. Trop tard malheureusement. C’est donc plein de doutes et de questions que Philipp, endeuillé, rentre seul en Angleterre : la mort d’Ambroise est-elle liée à des causes naturelles, ou sa mystérieuse épouse a-t-elle joué un rôle fatal ? La méfiance de Philipp à l’encontre de cette inconnue va pourtant se doubler d’une fascination profonde lorsque Rachel sonne à sa porte et s’invite dans son quotidien. Les portraits sont d’une finesse psychologique extraordinaire, et la suspicion règne dans ce roman mené d’une main de maître !
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Les mystères de la forêt – Ann Radcliffe
Publié en 1791, soit trois ans avant le grand succès de la romancière, Les mystères d’Udolphe, ce roman s’inscrit dans la tradition de la littérature gothique, laissant planer une atmosphère inquiétante, avec même une touche de surnaturel, dans un contexte qui rappelle l’époque médiévale. La forêt y est à la fois un refuge et un lieu mystérieux hanté par les ténèbres, et on y retrouve la figure de la jeune fille en détresse avec le personnage d’Adeline, abandonnée par ses parents et recueillie par la famille de La Motte, qui a fui précipitamment Paris en raison des dettes de jeu du patriarche. Il y a une certaine langueur dans ce roman à mesure que l’on suit les péripéties de la pauvre Adeline et que l’on se laisse envelopper par les légendes et les dangers de la forêt.
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La dame en blanc – William Wilkie Collins
Walter Hartright est un jeune professeur de dessin, qui vient d’être engagé pour donner des leçons à deux jeunes filles dans le Cumberland. Avant son départ, il croise sur la route une dame entièrement vêtue de blanc, qui lui demande de l’aide pour regagner Londres. Elle est étrange, apeurée, vulnérable, et comble des coïncidences, paraît connaitre la famille chez qui Walter s’apprête à se rendre. Ce qui ne pourrait être qu’une anecdote mystérieuse va le hanter jusque dans sa nouvelle vie, pourtant bien douce. Rapidement il s’aperçoit de la ressemblance physique frappante, et aussi quelque peu dérangeante, entre l’une de ses élèves et la Dame en blanc. Ce ne sera que le premier mystère de ce qui va devenir une enquête passionnante. Wilkie Collins signe avec ce chef d’oeuvre l’ancêtre du thriller, dévoilant une maîtrise parfaite du suspense, distillant trahisons, vengeances et complots machiavéliques et mettant en place une intrigue fascinante.
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L’hôtel hanté – William Wilkie Collins
Toujours du romancier victorien W. Wilkie Collins, ce petit roman gagne à être davantage connu ! Une comtesse étrange, venue consulter un médecin avant son mariage avec lord Montbarry, est persuadée que la jeune Agnès, cousine éconduite de son fiancé, causera sa perte. Les mois passent, la nouvelle du décès brutal à Venise de lord Montbarry, désormais marié, arrive en Angleterre. Que s’est-il passé exactement ? Les réponses tardent à arriver et les mystères se succèdent, semant le doute chez le lecteur, jusqu’à ce que la famille du lord se retrouve quelques temps plus tard à Venise, dans le palais même où est décédé leur parent. Un roman mi-chemin entre la littérature fantastique et le polar astucieux.
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Pauline – Alexandre Dumas
Un peu de littérature française pour changer ! Pauline est le parfait exemple de l’incursion de Dumas dans les thèmes de la littérature gothique. On y retrouve en effet énormément de Wilkie Collins ou encore de Walter Scott dans l’atmosphère de ce roman. La narration se déroule à trois voix, racontant l’histoire de Pauline, une jeune fille innocente en recherche d’aventures, et qui fait par malheur un mariage tragique. L’atmosphère est d’une noirceur terrible, menant le lecteur sur des sentiers nocturnes sinistres, aux côtés de brigands sans foi ni loi, décrivant des naufrages dramatiques, et des crimes sordides cachés par les ruines d’un vieux château. Follement romanesque !
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De pierre et de cendre – Linda Newbery
Empruntant à la littérature victorienne et aux romans gothiques, ce roman contemporain nous entraîne dans la campagne anglaise, au coeur d’une grande et majestueuse demeure où soufflent les vents et dont les pierres recèlent bien des secrets. Le début rappelle La Dame en blanc de Wilkie Collins : un jeune homme chemine sur la route, en direction d’une grande maison où il vient d’être engagé en tant que précepteur de deux jeunes filles. Alors qu’il a presque atteint son but, il a comme une apparition : c’est Marianne, la plus jeune de ses élèves, qui erre épouvantée et qui lui parle d’un certain Vent d’Ouest qui ne cesse de la poursuivre. À son arrivée, Samuel est fasciné par les membres de cette famille, ainsi que par l’architecture hors norme de la demeure. Mais plus l’intrigue avance, plus il semble y avoir de secrets dans ce foyer en apparence parfait…
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La séance – John Harwood
Constance Langton, une jeune orpheline londonienne, est contactée par un avocat : elle hérite du jour au lendemain d’une propriété dans le Suffolk : Wraxford Hall. L’intrigue se situe à l’époque victorienne et réunit les ingrédients du genre : un vieux manoir lugubre et hanté dans une campagne anglaise sinistre, une jeune femme esseulée déterminée à en découvrir les secrets cachés. L’atmosphère du roman, entre expériences de spiritisme et disparitions mystérieuses, est parfaitement réussie, et l’intrigue, en progressant doucement et en multipliant les témoignages, est très accrocheuse.
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Le secret de Lady Audley – Mary Elizabeth Braddon
Le secret de la fameuse Lady Audley est découvert rapidement par le lecteur, qui s’apercevra que l’intrigue se fonde surtout sur la question de savoir comment Robert Audley va parvenir à démasquer le coupable et découvrir la vérité sur le sort de son ami George. Le suspense ne tient donc pas tant à l’identité du coupable, qui ne fait aucun doute dès le début du roman, mais à ce combat pour rendre justice. Cette construction, qui parait inhabituelle pour un roman policier, tient au fait que ce genre littéraire était particulièrement novateur à l’époque. Un roman très agréable à lire, et qui plonge le lecteur dans cette ambiance typique de l’Angleterre victorienne, avec une dose de mystère qui ne gâche rien.
Chronique détaillée de Le secret de Lady Audley à retrouver ici
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La trace du serpent – Mary Elizabeth Braddon
Si j’ai aimé me trouver immergée dans une atmosphère typiquement victorienne, avec une bonne dose d’inspiration gothique, je lui ai tout de même bien davantage préféré Le secret de Lady Audley. Néanmoins, pour un premier roman, écrit à vingt-cinq ans, on ne peut qu’être admiratif devant tant de maîtrise et d’imagination. Là encore, l’identité du coupable est connue dès le début, toute la question est de savoir comment cet homme sera démasqué, et en attendant de voir venir ce jour, on observe le criminel accomplir méfait après méfait sans être inquiété. C’est sans aucun doute ce personnage qui est le plus intéressant, car le plus complexe. Sa noirceur, ajoutée à l’atmosphère pesante et aux rebondissements de l’enquête, font de ce roman une lecture parfaite pour la saison !
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Pierre de Lune – William Wilkie Collins
Une sélection automnale ne pourrait être complète sans un bon roman de Wilkie Collins ! Cette année, je vous propose Pierre de Lune, l’un des romans les plus connus du romancier victorien. 1799 : lors d’une bataille aux Indes, un colonel anglais, John Herncastle, est suspecté du vol d’un diamant rarissime, la Pierre de Lune. Or cette pierre est porteuse d’une légende : tout mortel qui s’aventurerait à la dérober se condamnerait ainsi que ses descendants à une terrible malédiction. 1848 : la jeune Rachel Verinder s’apprête à fêter son anniversaire. Son cousin lui apporte à cette occasion un mystérieux leg, la Pierre de Lune. La fête bat son plein, le dîner est un succès et les nombreux convives ravis. Mais le lendemain matin, la Pierre de Lune a disparu…
Chronique complète de Pierre de Lune à retrouver ici
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La Boîte en os – Antoinette Peské
Le narrateur, français, retrouve après des années de silence l’un de ses vieux amis, John, un Écossais des Highlands rencontré à l’université. Ce dernier lui raconte alors pourquoi il a été enfermé à l’asile pendant dix ans. Il revient sur son enfance, sur ses traits de caractère, sur sa rencontre avec sa femme, Margaret, sur leur mariage idyllique jusqu’au geste qui le fera interner comme fou. Il raconte comment son amour pour sa femme lui a fait perdre sa raison, tant il tentait par tous les moyens possibles d’être en fusion complète avec elle sans jamais bien entendu totalement y arriver. La boîte en os, métaphore du crâne, était toujours entre eux. Un roman extrêmement dérangeant…
Chronique complète de La Boîte en os à retrouver ici
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Les thrillers qui empêchent de fermer l’oeil
Une douce lueur de malveillance – Dan Chaon
Un roman qui bouscule, fascinant et extrêmement original, ne serait-ce que par sa construction qui peut dérouter, Dan Chaon s’amusant à casser les codes du genre, de la syntaxe et de la chronologie. Le récit alterne entre les questionnements de Dustin, au sujet du drame qui a coûté la vie de ses parents il y a trente ans, et une affaire contemporaine de disparitions d’étudiants pour laquelle un policier à la retraite sollicite son aide. L’auteur nous malmène, distillant les informations au compte goutte, et alternant les points de vues, avec autant de souvenirs différents. Dans ce roman psychologique plein de noirceur, l’auteur explore la frontière entre folie et raison, entre vérité et mensonge, entre rêve et souvenir, jusqu’à l’obsession. Un roman dérangeant qui nous plonge dans une atmosphère extrêmement sombre et angoissante, totalement obsédante.
Chronique détaillée de Une douce lueur de malveillance à retrouver ici
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Psychose – Robert Bloch
Un roman dont l’adaptation, par Alfred Hitchcock, se passe de présentation. Norman habite dans un motel glauque implanté sur une route isolée et sinistre, en compagnie de sa mère, terriblement folle et abusive mais qu’il ne peut se résoudre à placer à l’asile. Les disparitions, à commencer par celle de Mary Crane, une jeune femme en fuite, se multiplient, et Norman est prêt à tout pour protéger sa mère. Angoisse et méandres psychologiques, ce roman est un classique !
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Je sens grandir ma peur – Iain Reid
Le récit commence dans une voiture, à la campagne ; un couple est sur le point d’aller rendre visite aux parents du jeune homme, Jake. La narration se fait du point de vue de la jeune fille, qui songe à mettre un terme à leur relation. On oscille entre leur conversation, de plus en plus étrange, et parfois un peu trop métaphysique, et ses souvenirs à elle, qui sont de plus en plus débridés. Le malaise va crescendo à mesure que leur voyage progresse. Malgré quelques longueurs au début, c’est un thriller psychologique rondement mené, très dérangeant, et l’écriture de l’auteur, surprenante un peu au début, est très habile, je n’ai rien vu venir. L’angoisse augmente progressivement jusqu’aux dernières pages, difficilement soutenables…
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La Maison des brouillards – Eric Berg
L’intrigue alterne un chapitre sur deux, entre un récit se déroulant en 2010, dévoilant ce qui est arrivé au groupe de vieux amis dans la maison des brouillards, puis en 2012, deux ans après le drame, lorsqu’une journaliste, Doro Kagel, décide de mener l’enquête et de découvrir la vérité. Le récit du week-end est un véritable huit-clos et l’ambiance rapidement étouffante, l’auteur prenant un malin plaisir à nous égarer, égrenant les fausses pistes et multipliant les références aux histoires et aux personnalités de ses personnages…
Chronique détaillée de La Maison des brouillards à retrouver ici
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Bondrée – Andrée A. Michaud
Bondrée, à la frontière du Canada et des États-Unis, a longtemps été une étendue de nature, une forêt interminable abritant un lac paisible. En cet été 1967, Lucy in the sky with diamonds passait en boucle à la radio et les vacanciers s’apprêtaient à passer un été sans nuages. Jusqu’à ce qu’une jeune fille, jeune lolita en short échancré et à l’insouciance insolente, soit retrouvée morte dans la forêt, la jambe sectionnée par un piège de trappeur oublié. La police conclut à un accident, mais les événements s’enchaînent, brouillant les pistes. Le paradis devient enfer, alors que secrets et fantômes ressurgissent, racontant la folie des hommes. Un roman d’atmosphère parfait, porté par un style incantatoire et d’une grande puissance évocatrice.
Chronique détaillée de Bondrée à retrouver ici
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Les Revenants – Laura Kasischke
Brillant et dérangeant dans le même temps, Les Revenants est sans doute l’un des romans les plus aboutis de Laura Kasischke. On y retrouve tous ses thèmes de prédilection : la mort, la sexualité, l’adolescence, et surtout cette critique de la société américaine bien-pensante, puritaine et hypocrite. Grâce à ce récit polyphonique, la romancière mène une réflexion passionnante sur notre rapport à la mort, sur les rituels qu’on respecte pour occulter ce qui dérange le plus, sur les mécanismes de l’esprit en deuil, sur les fantasmes parfois collectifs que la mort réveille. Le suspense est maitrisé de bout en bout tandis que le récit se teinte de noirceur et d’horreur…
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Recueil de nouvelles angoissantes
Le Horla – Guy de Maupassant
Classique entre les classiques, ce recueil de nouvelles signées Maupassant a de quoi terrifier. Folie et fantômes se côtoient dans ces contes frôlant le surnaturel, portées par le style splendide de l’écrivain qui use de tout son pouvoir de suggestion pour susciter l’angoisse chez le lecteur. Un chef d’oeuvre de la littérature fantastique.
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La Loterie – Shirley Jackson
Ces contes noirs sont extrêmement dérangeants. Pourtant, il ne s’y passe pas grand chose, parfois même, tout est suggéré, et l’auteure laisse l’imagination de son lecteur galoper dans les directions qu’elle lui a soufflées. Ils ont lieu dans des petites villes, des jolies banlieues arborées, au sein de maisons bien tenues, confortables, accueillantes. Elles réunissent des voisins, des amis, des parents et leurs enfants, des époux. Au début, tout parait extraordinairement banal, et pourtant très vite, quelque chose met mal à l’aise. L’intonation des personnages parait inadéquate, les conversations décalées, une tension dont la source demeure inconnue monte lentement, et la fin achève de plonger dans la perplexité et le profond malaise.
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La chute de la maison Usher – Edgar Allan Poe
Le célèbre auteur américain, spécialiste des ambiances sinistres et mélancoliques, réussit à nouveau un coup de maître dans ces nouvelles. La première d’entre elles, éponyme, est significative de l’habileté d’Edgar Allan Poe à créer une atmosphère angoissante : le dernier représentant de la lignée des Usher souffre d’un mal terrible et fait venir à son chevet l’un de ses amis, qui ne peut que constater l’emprise de la maison sur ses habitants. Entre rêve et hallucination, la tragédie se déroule lentement, avant une chute effroyable. Dans toutes ces histoires, les décors nocturnes, les malédictions, la noirceur des personnages, contribuent à laisser planer un malaise extrêmement prégnant.
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Les Oiseaux – Daphné du Maurier
Daphné du Maurier encore et toujours. La nouvelle éponyme de ce recueil est bien entendu la plus connue, ayant fait l’objet d’une adaptation marquante par le grand Alfred Hitchcock. Le propre des nouvelles de ce recueil est de faire émerger l’horreur de manière insidieuse, presque anodine. Le surnaturel, jamais explicite, n’est pourtant pas loin et la construction des histoires, dans une progression du suspense presque intenable, abandonne bien souvent en quelques mots bien choisis un lecteur égaré et pantelant. Le style de Daphné du Maurier est comme toujours simple, efficace, percutant, ce qui n’en rend ses nouvelles que plus angoissantes. On retrouve dans ce recueil aux frontières de la littérature gothique un écho au grandiose Rebecca et à Ma cousine Rachel.
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Pas après minuit – Daphné du Maurier
Ces nouvelles sont une vraie claque, il y plane une sourde angoisse, un certain malaise que l’on ne s’explique pas tout d’abord. Pourtant elles concernent toutes des personnages affreusement banals. Leur seul point commun est de se trouver loin de chez eux, déracinés. Ainsi un instituteur parti peindre les paysages de Crète, une jeune actrice lancée dans une quête qui la mènera au fin fond de l’Irlande, des touristes perdus dans Jérusalem, un spécialiste en électronique muté de l’autre côté de l’Angleterre, et un couple en vacances à Venise. Cet éloignement joue un grand rôle sur leur état d’esprit, leur solitude et leur désemparement. On sent la tension monter, sans parvenir à deviner où l’auteure cherche à nous emmener, et les dernières lignes m’ont toutes laissée quelque peu dans un état hagard.
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Le Maître des poupées et autres histoires terrifiantes – Joyce Carol Oates
La banalité de l’horreur, la violence du quotidien… des thèmes récurrents dans les romans de Joyce Carol Oates. Les voilà à leur paroxysme dans un recueil de six nouvelles, parues entre 2015 et 2016, toutes plus angoissantes les unes que les autres. Aucun surnaturel ici, les monstres de ces nouvelles pourraient être votre voisin, votre camarade de classe, votre libraire, votre conjoint… Elles sont ancrées dans le quotidien et le monde réel, qui basculent tout à coup dans le cauchemar : ce n’en est que plus terrifiant. Il y a pour le lecteur un mélange de fascination envers l’horreur qui se déroule dans ces pages, et de malaise sinistre.
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Quelques romans « spécial Halloween »
Le crime d’Halloween – Agatha Christie
Halloween et une enquête d’Hercule Poirot dans un seul roman ? Cela promet une lecture parfaite pour la saison ! Tout commence lors d’une soirée d’Halloween. Les préparatifs battent leur plein, les enfants courent partout. Mrs Oliver, une célèbre auteure de romans policiers, fait partie de la fête. Est-ce pour l’impressionner que Joyce a déclaré haut et fort avoir assisté à un meurtre quelques années auparavant ? Toujours est-il qu’elle sera retrouvée noyée dans une bassine d’eau remplie de pommes… Avec cette histoire d’infanticide un peu glauque, le ton est plus sombre, plus désenchanté que dans d’autres romans d’Agatha Christie.
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L’arbre d’Halloween – Ray Bradbury
Un conte d’une poésie folle sur les origines de la fête d’Halloween, un court romans aux doux parfums d’enfance. Le soir d’Halloween, le jeune Tom et ses amis, tous déguisés en monstres terribles, sonnent à une porte pour réclamer des bonbons. C’est alors qu’ils se trouvent emportés dans une aventure défiant l’espace et le temps, plongeant dans l’histoire et les superstitions. Un petit bijou de littérature, aussi divertissant qu’accrocheur, porté par la plume rythmée et étoffée de Ray Bradbury.
Merci pour cet article et surtout, quel boulot ! 😉 Je commence à associer mes lectures à la saison mais je suis novice et je ne le fais pas systématiquement… Surtout en ce qui concerne Halloween parce que je ne suis pas forcément familière avec les récits d’horreur ou d’angoisse… J’ai lu Dracula il y’a deux ans et j’ai beaucoup aimé me replonger dans l’ambiance de ce roman découvert au lycée. De là a germé l’idée de lire d’autres livres dans ce genre… Cette année, je vais me lancer dans Les Mystères d’Udolpho d’Anne Radcliffe (j’ai vu d’ailleurs que tu cites Les Mystères de la Fôret dans ton article, que j’ai déjà noté en bonne place dans ma liste d’envies ^^ )…
Et je te remercie pour la découverte des autres livres ! Je retiens notamment les histoires de fantômes d’Edith Warthon et La Maison Hantée de Shirley Jackson… Des lectures à prévoir peut-être pour frissonner l’année prochaine… 😉
Tu trouveras ton bonheur je pense dans cette liste, il y a dans le fond assez peu de romans véritablement angoissants ou versés dans l’horreur pure et gratuite. Je te recommande mille fois La Maison hantée, quel roman intense !
Wahou sacrée sélection ! Merci pour cet article très fouillé. J’adore l’automne, Halloween et toutes ces lectures me tentent bien 😉
J’espère que tu y trouveras ton bonheur !
Quel article Charlotte !!! Bravo!
Merci Sonia ! 😉
Quel article ultra complet !
Je ne suis pas la plus grande fan d’Halloween, n’aimant ni les films d’horreur, ni les histoires fantastiques. Je me laisserais toutefois bien tenter par un des romans gothiques que tu présentes pour me mettre dans l’ambiance… ou un roman d’Agatha Christie, ça fera toujours l’affaire !
Oui dans le lot tu trouveras des romans d’ambiance qui ne font pas trop peur 😉
Merci pour cette sélection remplie de bonnes références !