
Résumé de la quatrième de couverture :
Golden Friars est une charmante bourgade ceinte de montagnes aux tons chauds et bleutés, où plane une funeste légende : au soleil couchant, on pourrait apercevoir une jeune femme debout dans le lac, portant un bébé à bout de bras. Les anciens prétendent qu’il s’agit du fantôme de Mary Feltram, noyée avec son enfant. Le baron local, sir Jasper Mardykes, serait l’auteur de ce crime odieux. Un siècle plus tard, son descendant, Bale Mardykes, est au bord de la ruine. Séduit par l’appât du gain, il accepte un étrange pacte qui le conduit à s’aventurer sur le lac maudit…
« C’est un tonnerre qui retentira sur les villes et les déserts, sur les torrents dans la montagne, sur les sommets et les vallées, et vous fera crier d’angoisse ! »
Mon avis :
Je ne connaissais pas ce petit roman de Sheridan Le Fanu, qui d’ailleurs me semble-t-il n’avait pas été publié en tant que tel mais comme formant partie d’un recueil de trois nouvelles, intitulé Chronicles of Golden Friars et paru en 1871.
Le début est très lent, et il faut un peu s’accrocher pour comprendre exactement les liens entre les différents personnages. Le point d’ancrage du récit est une vieille histoire, presque une légende dans ce petit village de Golden Friars. On raconte que le baron, Jasper Mardykes, aurait noyé sa promise, Mary Feltram, avec son enfant dans le lac attenant au château. La jeune femme, qui vivait avec lui en dehors des liens du mariage, le gênait en effet pour faire sa cour à une autre. Les Mardykes, en pénitence, aurait pris en charge l’éducation de l’ainé de Mary.
C’est de leurs descendants dont il sera question dans cette nouvelle : le baron Bale Mardykes, et son valet Philip Feltram. Si les racontars sont exacts, les deux hommes sont parents, pourtant le baron traite fort mal le pauvre Feltram. Une nuit, après avoir injustement accusé de vol le jeune homme, sir Bale reçoit une curieuse prophétie : « Il partira dans la faiblesse, pour revenir dans la puissance ! » Feltram en effet, décidé à quitter le château le soir même, a traversé le lac et s’est noyé… pour revenir à lui, transformé, quelques heures plus tard. À partir de là, les événements s’enchaînent, transportant le lecteur dans un tourbillon dont il ne ressortira pas indemne. Le baron, acculé financièrement et isolé socialement, va alors accepter un pacte lourd de conséquences.
« Il n’existe aucun sentiment de solitude comme celui que nous éprouvons dans le silence des grandes régions montagneuses. Là-haut, bien au-dessus des bruits et des habitations des hommes, face aux étendues sauvages et aux formes colossales de la Nature, nous frémissons, dans notre isolement, d’une crainte et d’une exaltation étranges. »
Revisitant le mythe du Faust de Goethe, cette histoire joue avec l’imaginaire de l’eau, les personnages se débattant autour de ce lac, noir et profond, lieu maudit de toutes sortes d’apparitions et de fantômes, qui exerce un pouvoir d’attraction terrible. La nuit est sombre, les jours plongés dans le brouillard ; tout ceci laisse planer une atmosphère de malaise, où l’on vacille entre les vivants et les morts, entre la réalité et le rêve. Reste à mentionner le style de Sheridan Le Fanu, extrêmement recherché et d’une grande poésie.
En raison des longueurs et d’un certain ennui, ce ne sera certainement pas l’une de mes oeuvres préférées de cet auteur prolifique, mais j’aime toujours autant découvrir de vieux classiques irlandais tombés dans l’oubli, et Le baron hanté fait beaucoup penser aux grands romans gothiques de l’époque.
Ma note (3 / 5)
Éditions 10/18, traduit par Alain Le Berre, 7 novembre 2019, 216 pages
Je n’ai pas encore lu Le Fanu, mais je suis déterminée à le découvrir… j’ai l’impression que ses œuvres sont assez noires, dans l’ensemble, donc c’est idéal pour octobre et la période d’Halloween…A retenir pour l’année prochaine, donc ! Ton billet sur ce roman que je ne connaissais pas du tout m’intrigue et me donne envie de m’y intéresser plus sérieusement… 🙂
Cette nouvelle me semble être dans un univers que j’adore détester: sombre, angoissant palpitant. C’est le genre de livre dans lequel je plonge avant de le regretter durant les nuits hantées de cauchemars. Cependant, s’il a un début trop long, lent, avec un rythme digne d’une berceuse tant il endors, il ne serait me séduire.
Le début est un peu lent à se mettre en place effectivement, comme beaucoup de romans de cette époque. Mais c’est intéressant de lire un auteur qui a tant inspiré la littérature fantastique !