
Aujourd’hui 17 mars, nous fêtons la Saint Patrick, qui selon la légende, évangélisa l’Irlande en chassant tous les serpents du pays (rien que ça !) S’il ne s’agit pas à proprement parler de la fête nationale irlandaise, le 17 mars est une fête religieuse primordiale en Irlande, et a fini par cristalliser la culture irlandaise dans son ensemble, en la célébrant dans le monde entier. Parce que je ne manque pas une occasion de mon côté de promouvoir la littérature irlandaise, je vous propose donc aujourd’hui 17 auteurs à découvrir d’urgence !
Les classiques
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Commençons par les auteurs classiques avec l’incontournable Oscar Wilde, ses pièces de théâtre (Un mari idéal, L’importance d’être constant, Une femme sans importance…) et sans doute son roman le plus connu, Le Portrait de Dorian Gray, l’histoire d’un jeune dandy londonien, timide, désarmé, qui fait la connaissance de deux hommes, deux opposés : le peintre Basil Hallward et le mondain Lord Henry. Basil fait figure de bonne influence, il célèbre l’art, la bonté, et nourrit des sentiments quasiment amoureux envers Dorian Gray, qui devient son modèle le plus parfait, celui avec lequel il atteint le sommet de son art. Lord Henry, lui, est le mauvais génie, celui qui va tenir des discours destinés à impressionner un jeune esprit, et qui vont dévoyer Dorian, le détourner du chemin de la morale. Tout se cristallise dans cette première scène au début du roman, où les trois hommes se trouvent réunis dans l’atelier du peintre. Le portrait de Dorian Gray est achevé, et l’homme sur le tableau est l’incarnation de la beauté et de la jeunesse. Dorian Gray fait alors un voeu funeste : si seulement seul le Portrait pouvait vieillir, tandis que lui resterait jeune, beau et insouciant. Un jour, après avoir agi cruellement, il s’aperçoit que le Portrait a changé. Dorian réalise que son souhait s’est réalisé : lui demeurera affranchi des prises du temps, tandis que le tableau reflétera, les années passant, les tourments de son âme égarée…
Les Irlandais ne sont décidément pas en reste pour faire frissonner leurs lecteurs, avec Sheridan Le Fanu et ses romans gothiques, ou encore le cultissime Dracula de Bram Stoker. Publié en 1897, ce roman n’est pas la première référence à la figure du vampire dans la littérature, mais c’est celui qui personnifiera durablement le mythe, dont les traits et la personnalité demeureront dans la postérité, représentant à jamais l’archétype du vampire. De plus, il demeure un incontournable du genre tant le symbolisme y est fort, cristallisant les angoisses de l’ère victorienne en abordant ce que ses contemporains considéraient avec le plus de malaise : la mort et la sexualité. Un roman passionnant et délicieusement horrifique, foisonnant de réflexions sur son époque.
Dans un registre radicalement différent, je ne peux que vous recommander la romancière Molly Keane, dont les romans à l’ironie mordante ne pourront que vous séduire. Dans Chasse au trésor, trois Anglais fortunés ont choisi l’Irlande pour leurs vacances, impatients de profiter de la célèbre hospitalité irlandaise. Arrivés au domaine de Ballyroden, ils vont rapidement déchanter… Une satire sociale aussi tendre que cruelle, qui égratigne tout autant cette vieille noblesse irlandaise désargentée qui s’agrippe désespérément à ses traditions que ces nouveaux riches snobs qui jouent aux fermiers le temps de leurs vacances… Comme toujours chez Molly Keane, on rit beaucoup grâce à sa plume acérée et caustique, ses personnages hauts en couleur et ces situations frisant l’absurde. Fragiles Serments nous transportait également dans une somptueuse demeure de la campagne irlandaise, sur laquelle règne Lady Olivia Bird, une femme coquette et stupide, surprotégée par son époux Julian, au détriment de ses enfants. L’ainé, John, s’apprête justement à rentrer après une cure en maison de repos. Viennent ensuite Sheena, une jeune fille de dix-neuf ans, jolie et follement amoureuse ; puis Markie, sept ans, aussi beau que précocement cruel. La maison est par ailleurs peuplée de domestiques, parmi lesquels la gouvernante, Miss Parker, une petite créature poilue et triste, et fort involontairement très drôle. Tout un petit monde exubérant et mesquin sur lequel Eliza, une amie de la famille, pose un regard d’une grande acuité… Mentionnons enfin Les St Charles, qui raconte à nouveau l’histoire d’une classe sociale déchue, désargentée, désoeuvrée mais malgré tout campée sur ses principes.
À lire aussi : James Joyce, obviously, Samuel Beckett, Jonathan Swift…




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Les contemporains
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Maggie O’Farrell
Magicienne des mots, Maggie O’Farrell se concentre sur la psychologie, les liens, familiaux ou amoureux, les aléas de la vie. Elle brosse des portraits de femmes magnifiques et poignants, explorant les thèmes de la maternité, de la féminité, des secrets de famille, depuis son premier roman, Quand tu es parti, bouleversant, jusqu’à Assez de bleu dans le ciel, un magnifique roman sur l’incidence des choix et du destin, en passant par L’étrange disparition d’Esme Lennox, au coeur duquel se trouve un douloureux secret de famille. Ses deux derniers livres parus en France se distinguent encore davantage, d’abord son récit autobiographique, original et tourmenté, I am, I am, I am , dans lequel Maggie O’Farrell revient sur 17 rendez-vous manqués avec la mort ; puis Hamnet, qui redonne vie dans un roman poignant au fils oublié de Shakespeare.
Edna O’Brien
Née en 1930, Edna O’Brien est l’une des romancières irlandaises les plus illustres. Elle ne cesse de remettre en question la société irlandaise rurale, campée sur des principes moraux dépassés, raison pour laquelle ses premiers romans ont longtemps été interdits en Irlande. Elle s’intéresse essentiellement aux sentiments féminins et dénonce le sort réservé aux femmes, soumises au joug masculin, qu’il soit père ou mari. Ses mémoires, Fille de la campagne, sont passionnants, ainsi que son roman La maison du splendide isolement, cette confrontation entre une vieille femme hantée par son passé et sa culpabilité, et un soldat de l’IRA, cagoulé, qui prend possession de sa maison et lui dicte des règles strictes. Ils offrent deux points de vues opposés sur un conflit sanglant, mais ce sont surtout deux solitudes qui se rencontrent, le temps d’une courte trêve. À lire également Crépuscule irlandais, un roman puissant sur les relations mère-fille et les enjeux de l’immigration.
John Boyne
L’un de mes romanciers irlandais fétiches, à l’oeuvre extrêmement diverse. En effet si la plume de John Boyne est toujours extraordinaire, il y a des différences fondamentales de registre entre Les fureurs invisibles du coeur, une odyssée romanesque de 70 ans dans la vie d’un homme en proie à de nombreux démons, mais aussi dans l’histoire de l’Irlande, de 1945 à 2015, l’année où le référendum sur le mariage homosexuel a été adopté ; L’audacieux Mr Swift, qui flirte avec les codes du polar ; ou encore Il n’est pire aveugle qui porte une charge contre l’Eglise catholique et ses culpabilités, notamment envers les enfants. Chaque fois l’émotion est présente, suscitée notamment par la part autobiographique qu’y mêle l’auteur.
Colm Tóibín
Colm Tóibín est est né dans les années 50 à Enniscorthy, et sa famille a été particulièrement impliquée dans la lutte pour la cause irlandaise. Plusieurs de ses romans sont donc rattachés à cette époque et à cette petite ville, et il dépeint la société irlandaise, comment l’individu s’y construit. Ainsi Brooklyn suit les traces d’une jeune fille contrainte de quitter sa famille pour partir aux États-Unis trouver du travail ; Nora Webster s’attache à une jeune veuve (pour laquelle il s’est fortement inspirée de sa propre mère) qui s’efforce de faire vivre sa famille tout en tentant de s’affranchir de certaines conventions sociales ; ou encore La bruyère incendiée, l’introspection d’un vieux juge, entre souvenirs d’enfance troublés et réflexions sur les questions politiques et de société qui ont secoué le pays. Ses biographies sont également à mentionner, celle sur Henry James, The Master, ainsi que celle portant sur Thomas Mann, Le Magicien.
Joseph O’Connor
Né en 1963 (et frère de Sinead !), Joseph O’Connor est un écrivain prolifique, aux romans incomparables. Inishowen est sans aucun doute l’un des romans qui aura le plus marqué ma vie de lectrice. Un homme et une femme brisés par la vie s’y rencontrent et entament un périple jusqu’à la péninsule d’Inishowen. Leurs souffrances profondes rejoignent celles de l’Irlande, alors que le conflit nord-irlandais n’est toujours pas terminé. C’est un roman âpre, dur, sauvage, tout en sensibilité et en poésie, incroyablement bouleversant. Une violence qui se retrouve dans À l’Irlandaise. Il s’agit cette fois d’une longue lettre écrite par un homme à sa fille cadette, dans le coma après avoir été agressée dans une station service. C’est un tour de force, un roman tout en nuances, extrêmement violent et émouvant dans le même temps. Un grand grand romancier, qui met à l’épreuve son lecteur.
William Trevor
Romancier et nouvelliste, William Trevor s’attachait, un peu comme Thomas Hardy en son temps, à décrire la vie des petites gens. Ce sont en effet des récits du quotidien, des existences banales, des petites failles racontées avec une émotion et une intensité rares. Cet été-là nous transporte ainsi, comme sont titre l’indique, le temps d’un été dans le petit village irlandais de Rathmoye, dans les années 50. Avec pudeur et mélancolie, William Trevor donne corps à l’indicible, au sentiment, à la fugacité d’un amour. En lisant Tourgueniev est également un petit bijou de littérature, le récit d’une solitude, d’un coeur brisé, d’un amour pur et fugitif. Une bouleversante plongée dans l’existence de ces femmes irlandaises à l’âme blessée, écrasées par leur condition et les convenances dans un pays tiraillé entre deux religions.
Dermot Bolger
Comme ses contemporains, Dermot Bolger s’attache à illustrer les contrastes irlandais, entre tradition et modernité. Ainsi Une seconde vie, roman empli de souffrances et de rédemption, abordait des thématiques passionnantes, mêlant questions de société et histoire de l’Irlande, tout en plaçant l’humain au centre de tout. Avec finesse et émotion, il explorait les limites de l’identité, mais aussi la condition féminine et les ravages d’un catholicisme hypocrite. C’était également le cas dans Une arche de lumière, dans lequel l’auteur rend un hommage vibrant à une femme de son passé. Emprisonnée dans un mariage malheureux, Eva décide à 46 ans de prendre son indépendance. En 1949 le divorce n’est toujours pas légal en Irlande, mais elle veut trouver sa voie, voyager et vivre dépouillée du superflu pour ne garder que les joies et les rencontres. Un magnifique roman, mêlant toute l’absurdité et le miracle de l’existence, authenticité et romanesque, avec des personnages et des histoires incroyablement vivaces et poignants.
Paul Lynch
Paul Lynch excelle à insuffler toute l’âme et les souffrances irlandaises dans ses romans. Dans Grace, roman aussi terrible que splendide, c’est la Grande Famine qui plonge le pays dans l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Dans ce contexte terrifiant, une adolescente du Donegal est jetée par sa mère sur les routes ; à quatorze ans, elle doit se faire passer pour un garçon et chercher du travail, seule. La neige noire reflétait également l’inflexible austérité de la ruralité irlandaise encore traumatisée par la Grande Famine et qui se remet difficilement de la désertion massive de millions d’Irlandais vers les États-Unis, l’Angleterre ou encore le Canada. Son dernier roman, Au-delà de la mer, s’inscrit en revanche dans une veine radicalement différente, loin de l’Irlande et de son histoire ; le récit raconte un tête-à-tête oppressant au beau milieu du Pacifique entre deux hommes que tout oppose, contraints d’affronter rêves et cauchemars, confrontant leurs réflexions sur la foi, la rédemption, l’espoir, et l’amitié.
Colum McCann
Le plus américain des auteurs irlandais ! Et que le vaste monde poursuive sa course folle est son roman le plus connu, même s’il ne se déroule pas en Irlande mais à New-York. Tout commence avec un funambule qui s’élance au-dessus du vide, entre les deux tours du World Trade Center. En bas, au milieu des centaines de badauds ahuris, vont se télescoper des destins, liés à jamais le temps de l’incroyable traversée de cet acrobate des airs. Plus récemment, Apeirogon a fait sensation : un roman exigeant, une expérience littéraire à part entière, racontant le deuil, la tragédie, l’injustice, et au milieu de tout cela, une magnifique amitié entre deux hommes, l’un Palestinien, l’autre Israélien, ayant vécu le même drame : le décès de leurs filles à dix ans d’intervalle, toutes deux victimes de la violence aveugle qui sévit des deux côtés de la frontière. Colum McCann a par ailleurs écrit plusieurs recueils de nouvelles, tel Ailleurs en ce pays, un condensé des souffrances irlandaises à l’époque des Troubles.
John McGahern
John McGahern (1934-2006) est un grand romancier irlandais encore peu connu en France, mais dont les romans sont heureusement en train d’être réédités. Ses romans se déroulent essentiellement au coeur de l’Irlande rurale, avec des personnages amers et désenchantés. C’est le cas dans Entre toutes les femmes de Moran, veuf et ancien combattant désillusionné de l’IRA, qui a élevé seul ses cinq enfants dans la campagne irlandaise des années 60. Luke, l’ainé, est parti dès qu’il l’a pu, les trois filles s’activent toute la journée dans la maison en rasant les murs et le petit dernier, plus désinvolte, est encore protégé par ses soeurs. Un jour, Moran décide de se remarier avec Rose, une fille du coin, et l’atmosphère du foyer change du tout au tout, permettant aux enfants de s’émanciper subtilement. Dans une ambiance austère se dessine alors, avec subtilité et pudeur, toute la complexité des liens entre un père autoritaire et sa famille, ce qu’on retrouve également dans L’Obscur.
Sally Rooney
Les romans de Sally Rooney sont de véritables phénomènes depuis quelque temps, et ses romans font couler beaucoup d’encre. Il faut dire qu’elle excelle à décrire le désenchantement de toute une génération, ses tourments et ses espoirs, avec un réalisme à couper le souffle et un regard aiguisé sur notre époque. Son roman culte, Normal People, est un récit d’apprentissage dans lequel nous observons les deux héros, Connell et Marianne, grandir et passer, non sans peine, du lycée à l’université. Rien n’est simple dans leur relation, comme dans leur esprit. Le roman offre une perspective sur la difficulté de concilier ses contradictions, de rester soi-même dans une relation amoureuse, de cerner les contours de sa sexualité, de trouver sa voie et sa voix. Son dernier roman, Où es-tu, monde admirable ?, parait être le roman de la maturité, retraçant les états d’âme de quatre trentenaires, leurs existences tumultueuses, leurs amours, leurs doutes, leurs questionnements, leur contradictions, et leurs difficultés à vivre dans un monde en constant changement.
À lire aussi : John Banville, Donal Ryan, Sebastian Barry, Conor O’Callaghan, Roddy Doyle, Frank McCourt, Claire Keegan, Sara Baume…
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Et pourquoi pas un petit détour par l’Irlande du Nord ?
Jan Carson
Jan Carson fait partie de cette nouvelle génération de romancières nord-irlandaises, qui surprennent et frappent le lecteur en plein coeur avec leur originalité et leur talent. Les lanceurs de feu était déjà un véritable OVNI littéraire, avec un mélange de fantastique et de réalité crasse, de beauté et de laideur, sur fond de tensions politiques. À Belfast, l’été 2014 est marqué par une vague d’incendies qui ravage la ville, tandis que deux pères s’interrogent sur leurs enfants. La narration est hypnotisante, et l’étrangeté du récit, flirtant avec le surnaturel, totalement déstabilisante. La romancière mène une brillante exploration de la paternité, de cet amour qui embrase tout et qui signe le début de l’intranquillité, des joies luttant au coude à coude avec les peurs glaçantes, de l’héritage qu’on laisse derrière soi. Son dernier roman, Les Ravissements, renoue avec le réalisme magique et vient dépeindre la vie de ces petites bourgades nord-irlandaises marquées par le conservatisme religieux.
Robert McLiam Wilson
Eureka Street : un grand grand grand roman d’un auteur nord-irlandais incontournable ! Jake est catholique et habitué à rouler des mécaniques. Dépité par la situation politique du pays, déterminé à renoncer à l’écumage systématique des bars avec ses copains le soir, c’est un doux rêveur qui tombe amoureux de toutes les filles qu’il croise. Son meilleur ami, pourtant protestant, Chuckie, vient d’avoir 30 ans et une révélation : il faut que sa vie change. Se définissant avant tout pour sa profonde bêtise, il décide de faire fortune le plus vite possible, et monte combine après combine avec un succès ahurissant. Ces deux lascars à eux seuls gagnent en quelques pages à peine le coeur du lecteur, tant ils sont attendrissants sous des dehors pas très nets. Ils n’ont rien de bien reluisant, ne sont ni particulièrement beaux, ni particulièrement intelligents, mais ils sont représentatifs d’une génération lasse d’un conflit qui ne lui appartient pas, d’une ville où règnent les bruits des détonations, défigurée par les sempiternelles inscriptions sur les murs. Sans jamais prendre réellement position politiquement, l’auteur se moque et tourne en dérision l’absurdité d’un conflit intestin. Le récit est impeccablement rythmé, le ton délicieusement sarcastique, et le style tout simplement jubilatoire. Rongée par les divisions politiques, religieuses, sociales et économiques, hantée par les tragédies, les morts, les émeutes et les violences, la ville pourtant plie mais ne rompt pas, portée par l’espoir de ses habitants.
À lire aussi aussi : Milkman d’Anna Burns, Ce que Majella n’aimait pas de Michelle Gallen, les polars politiques de Stuart Neville, Troubles de Louise Kennedy…
Merci pour cette bibliographie qui tombe à pic pour la Saint-Patrick et donne plein d’idées de lecture. Pour ma part, j’ai adoré « Eureka Street » de RM Wilson et moyennement accroché à « Normal People » de S. Rooney. De John Boyne, j’ai lu « Le syndrome du canal carpien », une satire sociale hilarante. Je note tes autres suggestions qui me semblent bien tentantes.
Très belle liste. Je l’ai partagé avec mes copines de mon club de lecture! Bonne St-Patrick Charlotte ☘️☘️☘️
Merci pour cette très belle sélection dans laquelle je ne manquerai pas de piocher de temps à autre !
Très bel article merci ! je compte bien un jour lancer un petit challenge sur la littérature irlandaise.
J’ai dans ma pile à lire « Tu ne tueras point » d’Edna O’Brien.