
« L’idée que les esprits des morts étaient partout autour de nous, séparés seulement par un mince voile, s’intégra dans ma mythologie personnelle, auprès des dieux et des déesses de l’Enfer. »
Dans l’Angleterre victorienne, Constance Langton devient orpheline et trouve refuge chez un oncle presqu’inconnu. Elle lui tait son enfance, les séances de spiritisme auxquelles elle assistait avec sa mère pour tenter d’entrer en contact avec sa défunte soeur, l’indifférence totale de son père à son égard, ou encore sa conviction d’avoir été une enfant « trouvée », sans lien biologique avec ses parents. Un jour pluvieux, elle reçoit la visite d’un notaire, John Montague, qui lui annonce un héritage inattendu : le manoir familial de Wraxford Hall. Cette demeure a une réputation sinistre puisque s’y sont déroulées morts étranges et disparitions inexpliquées. Les bois environnants sont par ailleurs réputés hantés par un moine maléfique depuis des siècles, terrorisant villageois et braconniers. La curiosité de Constance est aiguisée par différents témoignages qui lui seront remis par Montague, et elle est déterminée à découvrir les secrets du manoir et de la famille qui y résidait. Spiritisme, fantômes, hypnose et médiums se côtoient dans ce roman aux multiples coups de théâtre qui se révèle être un véritable page-turner.
« On ne ressentait pas seulement l’atmosphère glaciale de la maison, ni l’absence de vie qui y régnait, mais une hostilité manifeste envers la vie. »
J’ai adoré l’ambiance gothique, la plongée dans l’époque victorienne, la forme de la narration sous formes de journaux intimes, les rebondissements qui viennent systématiquement bouleverser les certitudes, et bien entendu la délicieuse angoisse qui ne manque pas d’étreindre le lecteur en lisant ce récit si mystérieux. C’est extrêmement bien mené, et je ne m’attendais pas du tout à ce genre de roman après la lecture du premier chapitre qui avait failli me décourager. Le changement de voix est très réussi, passant de Constance à John Montague, puis à une certaine Eleanor qui représente à elle seule tous les défis rencontrés par les femmes à l’époque victorienne : une position fragile, entièrement sous la coupe d’un mari qui avait tout pouvoir, des velléités d’indépendance contrariés, et des personnalités dissimulées au risque de se voir enfermées à l’asile. J’ai lu ce roman d’une traite, impatiente de découvrir le fin mot de l’histoire et la réponse aux nombreuses énigmes disséminées tout au long du récit.
Ma note (4 / 5)
Éditions du Cherche Midi, traduit par Danièle Mazingarbe, 3 juin 2010, 372 pages
Ce roman me tente beaucoup depuis que je l’ai vu passer sur des blogs anglophones. Ton avis ne fait que confirmer ce que j’avais lu ! L’ambiance gothique et la thématique du livre ont tout pour me plaire, je pense me plonger dedans prochainement. Très belle chronique 😊
Super, bonne lecture alors !