La classe de neige – Emmanuel Carrère

Résumé :

Dès le début de cette histoire, une menace plane sur Nicolas. Nous le sentons, nous le savons, tout comme il le sait, au fond de lui-même l’a toujours su. Pendant la classe de neige, ses peurs d’enfant vont tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d’où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l’instrument, nous savons que quelque chose est en marche. Quelque chose de terrible, qui ne s’arrêtera pas.*

« La neige recouvrait tout. Il en tombait encore, des flocons que le vent faisait doucement tournoyer. C’était la première fois que Nicolas en voyait autant et, du fond de sa détresse, il ressentit de l’émerveillement. »

Mon avis :

Un roman très court mais terriblement fascinant. Dès les premières pages on sent un malaise qui ne va faire que s’accentuer tout au long de la lecture. Nicolas est un petit garçon timide, chétif, peureux, et qui redoute plus que tout cette classe de neige à laquelle il vient d’arriver. Il faut dire que le séjour commence mal : c’est son père qui l’a accompagné en voiture, refusant qu’il prenne le car, mettant Nicolas dans une situation délicate pour s’intégrer au groupe. Pire encore, Nicolas s’aperçoit à peine arrivé qu’il a laissé son sac, et donc toutes ses affaires, dans la voiture. À partir de là, ses angoisses déferlent : il a peur qu’on se moque de lui, de faire pipi au lit, de se faire embêter par Hodkann, le gros dur de la bande. Peur enfin que son père ne revienne pas lui rapporter son précieux sac…

« Plus tard il n’y aurait plus de bruit. Des heures passeraient. Ils resteraient là, tremblants. La nuit n’aurait pas de fin. Peut-être qu’ils ne sortiraient jamais. »

On entre alors dans le monde des terreurs enfantines. Perturbé par ses cauchemars et les histoires que son père, un homme froid et imposant, a pu lui raconter, Nicolas se perd dans les méandres de son imagination débordante et quelque peu angoissante. Il se met à lancer des plans sur la comète et se raconte des histoires autour de son père dont on n’a pas de nouvelles, du petit garçon, René, qui a disparu dans la région, des gendarmes qui patrouillent dans le village, des messes basses des adultes… Avec une volonté de s’intégrer à tout prix, Nicolas va peu à peu perdre pied, et la frontière entre réalité et fantasme va devenir de plus en plus floue. 

« Il resta un moment sans bouger, espérant que la nuit durerait toujours. Ainsi doivent espérer les condamnés à mort. »

J’ai beaucoup aimé la subtilité dans la psychologie de ce petit garçon. On le sent perturbé, mal dans sa peau, désespérément demandeur de l’attention des adultes. La force du roman est de plonger le lecteur dans l’intimité de Nicolas, dans ses peurs, ses questionnements, ses traumatismes aussi. Il y a beaucoup de non-dits, de secrets, de choses que Nicolas n’a pas réellement comprises, ce qui jette un peu plus la confusion sur ce qui est en train de se dérouler. On pressent qu’on passe à côté de quelque chose et ce huis clos dans les montagnes se fait de plus en plus étouffant, jusqu’au drame final, qu’on sentait imminent mais qui ne sera pourtant jamais dévoilé de manière explicite. Les intuitions de Nicolas, et les nôtres par la même occasion, sont bien pires.

Ma note 4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

 

 

*résumé de la quatrième de couverture

 

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