
Que ce roman est étrange ! Je ne savais pas à quoi m’attendre en entamant ce court récit, mais le moins que je puisse dire, c’est que j’ai été tout de même surprise.
« L’Écosse du Nord est, je crois, par excellence le lieu du rêve, de la contemplation intérieure et de l’amour. Est-ce pour cette raison qu’elle est aussi le lieu du diable ? »
Le narrateur, français, retrouve après des années de silence l’un de ses vieux amis, John, un Écossais des Highlands rencontré à l’université. Ce dernier lui raconte alors pourquoi il a été enfermé à l’asile pendant dix ans. Il revient sur son enfance, sur ses traits de caractère, sur sa rencontre avec sa femme, Margaret, sur leur mariage idyllique jusqu’au geste qui le fera interner comme fou. Il raconte comment son amour pour sa femme lui a fait perdre sa raison, tant il tentait par tous les moyens possibles d’être en fusion complète avec elle sans jamais bien entendu totalement y arriver. La boîte en os, métaphore du crâne, était toujours entre eux. Passons sur le côté totalement toxique de cette relation amoureuse, sur la possessivité du mari et ses désirs malsains, qui m’avait déjà mise mal à l’aise. C’était sans compter la seconde partie du récit, qui bascule cette fois franchement dans le surnaturel, ce qui a achevé de me désarçonner.
« Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J’avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l’écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son cœur, un cœur à côté de mon cœur. Et cela ne laissait pas de m’étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu’on aime ! »
Tout en reconnaissant l’originalité du roman et la beauté de la plume d’Antoinette Peské, je n’ai pas vraiment apprécié cette lecture, que j’ai trouvé au mieux bizarre, au pire extraordinairement glauque. Les thèmes abordés sont intéressants, notamment la folie dont une certaine dose est inhérente à la passion amoureuse, mais les échanges entre les deux hommes sur le sujet m’ont un peu rebutée. Il y a beaucoup de non-dits dans le récit, mais on sent bien la violence et la démesure de John et mes impressions durant cette lecture confinaient surtout à un grand malaise. Il y a bien entendu une dimension poétique et symbolique dans ce roman, mais à laquelle je suis restée assez hermétique. Si j’ai parfois vu qualifier ce roman de hautement romantique, j’avoue que je le classerais davantage dans la catégorie des romans gothiques qui font frémir. Une lecture à retenir pour Halloween peut-être ?
Ma note (2,5 / 5)
Éditions Libretto, 4 avril 2013, 224 pages