L’hôtel hanté – William Wilkie Collins

« Le ciel était couvert, il était impossible de distinguer un objet devant soi ; le canal avait l’air d’un gouffre noir ; les maisons situées en face semblaient une ligne d’ombre se confondant avec le ciel sans étoile et sans lune.
A de rares intervalles, le cri guttural, précurseur d’un gondolier attardé, se faisait entendre et prévenait les autres bateliers. De temps en temps le bruit rapproché de rames frappant l’eau indiquait le passage invisible d’une barque ramenant des voyageurs à l’hôtel. Ces bruits exceptés, le silence qui enveloppait Venise était un silence de tombeau. »

Résumé de la quatrième de couverture :

Pour les médecins accourus à son chevet, pour les experts des assurances-vie venus enquêter sur place, la mort soudaine de lord Montbarry dans un palais vénitien, peu de temps après son mariage, n’a rien de suspect. « Sa Seigneurie » a succombé à une pneumonie aiguë. Sa femme et son beau-frère n’ont rien pu faire.
Les circonstances de cette mort, pourtant, soulèvent bien des questions. Pourquoi lord Montbarry avait-il délaissé la jeune Agnès et épousé l’intrigante comtesse Narona, malgré sa réputation d’aventurière ? À quoi joue exactement le baron Rivar, frère présumé de cette dernière, qui engloutit des sommes énormes dans ses expériences de chimie ? Ne serait-il pas plutôt… l’amant de la comtesse ? Enfin et surtout, qu’est devenu Ferrari, l’homme à tout faire du lord, dont on est sans nouvelle depuis le drame ?

Mon avis :

Ce roman me faisait de l’oeil depuis un bon moment, et j’en retardais la lecture en raison des nombreuses critiques négatives que j’avais pu lire à son sujet. Finalement, c’est Victoria (alias mangoandsalt) qui m’a convaincue de lui laisser une chance et bien m’en a pris, j’ai adoré ce roman !

« Quels sont ces pressentiments ? Peu importe : ce sont mes maîtres absolus ; ils me poussent à leur gré sur terre et sur mer, ils ne me quittent jamais, ils me poursuivent, ils s’acharnent sur moi en ce moment même. »

Il est plus court, et plus léger en termes d’intrigue également que La Dame en blanc, mais ça n’en rend le roman que plus fluide et agréable. Dès les premières pages, mon intérêt a été piqué par cette comtesse étrange, venue consulter un médecin avant son mariage avec lord Montbarry. Elle est persuadée que la jeune Agnès, la cousine éconduite de son fiancé, causera sa perte. Les mois passent, la nouvelle du décès brutal  à Venise de lord Montbarry, désormais marié, arrive en Angleterre. Que s’est-il passé exactement ? Pourquoi le domestique du lord a-t-il également disparu ? Les réponses tardent à arriver, et les mystères se succèdent, semant le doute chez le lecteur, jusqu’à ce que la famille du lord se retrouve quelques temps plus tard à Venise, dans le palais même où est décédé leur parent, alors transformé en hôtel luxueux. Coïncidence ou non, ils vont tous être amenés à dormir dans la terrible chambre 14 ; lord Montbarry s’invitera-t-il dans leurs cauchemars ?

« Il y a vraiment quelque chose de dramatique dans cette influence surnaturelle pesant sur chacun des membres de la famille à leur entrée dans la chambre fatale, jusqu’à ce qu’enfin vienne le parent à qui le fantôme invisible qui hante la chambre se montrera, pour lui apprendre tout entière la terrible vérité. »

À mi-chemin entre la littérature fantastique et le polar astucieux, Wilkie Collins réussit à nouveau un tour de maître. Des personnages travaillés, une atmosphère mystérieuse, le tout entre Venise et l’Angleterre victorienne, tous les éléments sont réunis pour rendre ce roman palpitant. Le seul bémol que j’aurais à formuler concerne le dénouement, qui est bien trop rapide à mon goût, surtout au regard de sa complexité. Les clés du mystère nous sont enfin révélées mais on ne s’y attarde pas suffisamment pour que cette fin soit réellement satisfaisante, et l’épilogue même parait quelque peu bâclé. C’est dommage mais dans l’ensemble cela reste une très bonne lecture, même si ce n’est sans doute pas le meilleur roman de l’auteur.

Ma note 4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

 

 

 

Éditions de l’Archipel, traduit par Henry Dallemagne, novembre 2017, 240 pages

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