
Nous revoilà pour la sixième année consécutive avec quelques recommandations estivales ! Comme d’habitude il y en a pour tous les goûts, mêlant nationalités, époques et genres. Il y a de courts romans à lire en quelques heures sur le sable, et de gros pavés pour vous accompagner fidèlement le temps de vos vacances. Tous ces romans ont déjà fait l’objet d’une chronique sur le blog, si vous voulez vous faire une idée plus précise. Pour plus d’inspiration vous pouvez aussi retrouver les sélections des années précédentes : ici pour 2018, ici pour 2019, et ici pour 2020, ici pour 2021 et finalement ici pour 2022 !
L’invitée – Emma Cline
Alex passe le mois d’août dans l’immense demeure de Simon sur la côte Est. Elle le connait depuis peu, mais mise beaucoup d’espoirs sur cette relation avec un homme de trente ans son ainé qui la couvre de cadeaux. Malheureusement, elle commet un faux pas lors d’une soirée chic, et Simon lui demande de prendre le premier train pour rentrer, seule. Désespérée, niant la réalité qui s’impose à elle, elle décide de rester, d’attendre quelques jours pour qu’il oublie ses griefs, et de réapparaitre, certaine que tout sera effacé et qu’elle pourra reprendre sa place auprès de lui. À mesure que les décisions qu’elle prend paraissent plus mauvaises les unes que les autres, la tension progresse, le roman prenant par moment des airs de thriller psychologique doté d’une certaine sensualité, et parvient à surprendre le lecteur jusqu’aux dernières pages.
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Divorce à l’anglaise – Margaret Kennedy
L’année dernière je vous conseillais Le Festin de cette romancière britannique qui est petit à petit retraduite en France, pour notre plus grand bonheur. Pourquoi ne pas poursuivre avec Divorce à l’anglaise ? Tout commence par une lettre… Betsy Canning écrit à sa mère et lui annonce son divorce. En 1936, c’est encore un sujet de scandale, surtout dans la classe moyenne supérieure anglaise. Pourtant le couple hésite encore, et si une réconciliation était possible ? Malheureusement, la lettre a mis en route un terrible engrenage qui va peu à peu échapper au contrôle des deux principaux intéressés, tandis que l’irruption de leur entourage va achever de précipiter les choses, pour le pire bien plutôt que pour le meilleur. Une comédie sociale délicieusement british, servie par une extraordinaire galerie de personnages.
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L’île des âmes – Piergiogio Pulixi
Que serait l’été sans un bon polar ? Voici un un excellent page-turner, qui multiplie les fausses pistes et les rebondissements, tout en déployant une atmosphère particulièrement sensorielle. Deux inspectrices se voient chargées de résoudre le meurtre d’une jeune fille, similaire en tout point à d’autres meurtres rituels remontant à des décennies. La victime a en effet été retrouvée sur un site archéologique, à genoux et ligotée, un masque zoomorphe sur la tête et exhibant une étrange entaille dans le dos. Pour exhumer ces dossiers poussiéreux jamais résolus, elles devront se tourner vers l’inspecteur chargé de ces affaires à l’époque, qui en a fait une véritable obsession. En parallèle de l’enquête, le récit nous entraine dans les montagnes de la Barbagia, où un clan vit encore selon des rites païens immémoriaux. Un ethnopolar fascinant difficile à lâcher !
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Là où chantent les écrevisses – Delia Owens
En Caroline du Nord, Kya, surnommée « la Fille des marais » par les gens de la ville, grandit dans la plus grande solitude. Partout elle est rejetée et humiliée, mais quelques belles âmes se trouveront sur sa route, comme Tate, un jeune garçon qu’elle aperçoit de temps à autre dans les marais en train de pêcher. Petit à petit il gagne sa confiance, lui apprend à lire et à compter, et lui offre l’amour, changeant sa vie à tout jamais. Mais lorsque Tate part à son tour, l’abandon devient insupportable. Livrée à elle-même, elle continue de grandir, devenant une jeune femme, cherchant à adoucir sa solitude, jusqu’à ce qu’un terrible drame se produise. Entre enquête policière, récit d’apprentissage et nature writing, le roman retrace les pas d’une héroïne hors du commun.
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L’été sans retour – Giuseppe Santoliquido
Italie, été 2005. Dans ce petit village perdu d’une région montagneuse, où les départs de ceux qui ne parviennent plus à vivre de la terre sonnent le glas d’un monde en déclin, la jeune Chiara, quinze ans, disparait. Quinze ans après les faits, le narrateur, Sandro, revient sur le déroulé des événements, les questionnements, l’enquête, les rumeurs. C’est l’histoire d’un drame familial, inspiré d’un fait divers, qui va secouer le pays entier, et illustrer l’affolement médiatique et l’indécence de certains journalistes prêts à toutes les obscénités pour décrocher le scoop. Hantés par leurs secrets, les personnages sont particulièrement bien esquissés. Un roman porté par un style envoûtant, remarquablement construit, et qui distille son suspense au fur et à mesure.
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L’équation de plein été – Keigo Higashino
J’ai découvert il y a quelques mois les polars du romancier japonais, et je ne m’en lasse pas ! Celui-ci a un petit côté estival qui me parait parfaitement adapté à la saison. Un petit garçon est envoyé par ses parents en vacances chez son oncle et sa tante, qui tiennent un vieil hôtel en bord de mer. Dans le train, il fait la connaissance d’un curieux personnage, le professeur Yukawa, dont l’esprit logique le fascine. Le lendemain de son arrivée, un client de l’hôtel est retrouvé sur les rochers de la plage. Suicide ? Meurtre ? Accident ? Les pistes sont ouvertes, et c’est le policier Kusanagi, l’ami de Yukawa (un duo déjà croisé dans d’autres romans de Higashino) qui va mener l’enquête. Une fois n’est pas coutume j’ai adoré ce roman, aux multiples fausses pistes et à l’émotion latente, tandis que de nombreux sujets, en particulier celui de la préservation du littoral, sont abordés.
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Que reviennent ceux qui sont loin – Pierre Adrian
Un véritable petit bijou, qui fait résonner le temps qui passe et la nostalgie de l’enfance. Sur la côte bretonne, il y a une maison, un phare, un havre de paix. Sous l’oeil vigilant des grands-parents, toute une tripotée de cousins, d’oncles et de tantes s’y retrouvaient chaque été au mois d’août, tel un rituel immuable. Le grand-père s’en est allé, ne laissant que la grand-mère, fragile, fatiguée et déjà un peu ailleurs. Que va-t-il advenir de la demeure familiale qui a accueilli tant de souvenirs, de rires, de sable et de petites contrariétés ? Pressé par un sentiment d’urgence, notre narrateur, un trentenaire désabusé, décide de revenir après huit ans d’absence. Il retrace ses pas d’enfant, retrouvant les lieux et les personnes qui ont forgé sa jeunesse, son imagination et son caractère, tout en observant la nouvelle génération, et en particulier le petit Jean, dans les yeux duquel il retrouve celui qu’il était autrefois…
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Calme plat – Charles Williams
Ingram et Rae sont en voyage de noces sur un voilier en plein milieu de l’océan Pacifique. L’océan est d’un calme plat, sans aucun souffle de vent pour les faire avancer. Un matin, ils aperçoivent un autre bateau qui semble en détresse, puis un jeune homme, qui approche dans leur direction à bord d’un canot de sauvetage. Épuisé, il leur raconte que ses compagnons de voyage, sa femme et un couple d’amis, sont morts d’une intoxication alimentaire, que leur voilier prend l’eau depuis des jours et que leur radio est hors d’usage. Ingram se méfie de son récit incohérent et décide d’aller jeter un oeil sur place, ce sera le début d’une descente aux enfers. Un thriller sur l’eau à couper le souffle, impossible à lâcher jusqu’à la dernière ligne.
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La Huitième vie – Nino Haratischwili
Et si vous profitiez de l’été pour vous plonger dans un long pavé, de ceux qui vous bouleversent, vous révoltent, vous enthousiasment follement ? Un matin de 2006, Brilka une adolescente de douze ans originaire de Géorgie, quitte l’hôtel où elle séjourne avec sa troupe de danseurs et prend un train en direction de Vienne. Sa tante, Niza, qui a depuis longtemps quitté son pays d’origine pour Berlin sans jamais se retourner, est appelée à la rescousse pour retrouver la jeune fugueuse et la ramener chez elle. Lorsqu’elle croise la route de cette nièce inconnue chez qui elle entrevoit des failles similaires aux siennes, elle décide de lui écrire l’histoire de leur famille, afin de conjurer la malédiction et donner enfin une chance à Brilka, la huitième vie de la famille Iachi, de s’affranchir du passé pour commencer sa vie avec une page blanche, riche de promesses. Une épopée magistrale, d’une richesse indicible et dotée d’un souffle romanesque extraordinaire.
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Le Prince des marées – Pat Conroy
Restons dans les pavés avec ce roman extraordinaire, qui vous hantera longtemps. Une histoire familiale aussi bouleversante que déchirante, aussi merveilleusement belle que douloureusement tragique. Alors que sa soeur jumelle Savannah est hospitalisée après sa troisième tentative de suicide, Tom fait la connaissance d’une psychiatre, et entreprend de lui raconter la longue et tortueuse histoire de la famille Wingo, dans l’espoir que s’y cachent les indices qui contribueront à sauver Savannah d’elle-même. Une histoire enracinée dans le Sud des États-Unis, dont il racontera tout : les trésors d’une vie passée au bord du fleuve, d’aventures en découvertes, les souffrances physiques et morales infligées par ce couple mal assorti, les vicissitudes d’une petite ville renfermée sur elle-même, intolérante, raciste et misogyne, les traumatismes qui ont volé à jamais leur innocence et marqué de leur empreinte les adultes qu’ils deviendront. Un très très grand roman américain.
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Ce que Majella n’aimait pas – Michelle Gallen
Immense coup de coeur de ce début d’année ! Majella a une liste très précise de ce qu’elle aime : son père, sa mémé, le sexe, Dallas, le ménage. Quant à ce qu’elle n’aime pas, cela peut se réduire finalement à une seule chose : « les autres ». Le temps d’une seule petite semaine, Majella va vous attirer dans son monde pour le meilleur et pour le pire. Préparez-vous à ne plus jamais vouloir la quitter. Un roman original, époustouflant, à l’humour noir grinçant qui masque d’immenses tragédies sous un vernis comique. Michelle Gallen nous offre un personnage hors normes, incroyablement attachant, une voix originale et bien trop rare. Celle d’une jeune femme d’un petit village d’Irlande du Nord, dont le quotidien est habité par les échos d’un conflit devenu une habitude.
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Jours de juin – Julia Glass
Coup de coeur pour ce roman familial, tour à tour drôle, tendre et poignant, le premier de la romancière américaine Julia Glass. Sous forme de triptyque, le récit raconte, à plusieurs années d’écart, quelques jours de juin qui seront décisifs dans le cours de trois existences. Trois personnages hantés par leurs deuils, entravés par leur passé, et qui ont choisi la fuite pour parvenir à décider du chemin que prendra le reste de leur vie. La romancière retrace avec délicatesse les liens qui s’entrelacent entre eux et les autres personnages du récit, dévoilant peu à peu leurs relations et l’impact profond qu’ils auront les uns sur les autres. Tout en abordant le poids de la culpabilité, la pluralité de l’amour, la construction de l’identité, et la subjectivité des souvenirs, le roman sublime les complications des liens familiaux ainsi que la formidable capacité de résilience et d’optimisme qui réside en chacun.
Chronique détaillée de Jours de juin à retrouver ici
Je n’ai pas lu Là ou chante les écrevisses mais j’ai vu le film et j’ai adoré. Merci pour les belles suggestions. Bon été Charlotte.🙋♀️
« Là où chantent les écrevisses » ❤