12 livres à mettre dans votre valise cet été #4

Juillet est arrivé et avec lui mes traditionnelles recommandations de lecture pour l’été ! Si vous êtes sur le point de boucler votre valise mais qu’il vous manque encore LA pile à lire idéale, voici comme tous les ans une petite sélection de 12 romans qui me paraissent parfaits pour des lectures d’été. Il y a des pavés pour faire durer la lecture, des classiques et des nouveautés, et bien sûr quelques romans irlandais..! Tous ces romans ont déjà fait l’objet d’une chronique sur le blog, si vous voulez vous faire une idée plus précise. Pour plus d’inspiration vous pouvez aussi retrouver les sélections des années précédentes : ici pour 2018, ici pour 2019, et ici pour 2020.

Les pays lointains – Julien Green 

Un pavé pour commencer avec ce roman qui est l’un de mes derniers gros coups de coeur. Veuve et ruinée, Mrs Escridge a quitté l’Angleterre avec sa fille de seize ans Elizabeth, pour trouver refuge chez des parents éloignés, propriétaires d’une plantation de coton. Le choc est rude, et partagée entre l’ennui et l’inquiétude face à son avenir, Elizabeth a le mal du pays. Le roman mêle les tergiversations sentimentales de l’héroïne à des pages cruciales de l’histoire américaine, rappelant l’impossible réconciliation entre Nord et Sud, en particulier en ce qui concerne la question de l’esclavage. Un classique merveilleux, parfait pour prendre le temps de la lecture et se plonger dans une saga romanesque cet été !

Chronique détaillée de Les pays lointains à retrouver ici

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Hamnet – Maggie O’Farrell

À nouveau un coup de maitre pour la romancière irlandaise ! Maggie O’Farrell s’attaque avec audace à la plus grande figure littéraire anglaise : Shakespeare, sur lequel on sait si peu de choses et qui a donné naissance à toutes sortes de fantasmes. L’Histoire a oublié son fils, ce petit garçon qui donnera pourtant son nom à l’une des pièces de théâtre les plus célèbres. Maggie O’Farrell lui redonne vie, et Hamnet s’incarne sous nos yeux dans ce roman sublime et vibrant d’émotion, devenant à jamais inoubliable pour son lecteur. Véritable magicienne des mots, la romancière déploie son style empreint de poésie, de sensibilité mais aussi de cette simplicité de l’instant. Un roman poignant aux personnages immortels. À lire absolument !

Chronique détaillée de Hamnet à retrouver ici

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Pêcheur d’Islande – Pierre Loti

1883, Paimpol. Dans ce petit village breton ancré dans la mer, on est pêcheurs de père en fils. Sur l’un de ces bateaux envoyés sur les côtes d’Islande pêcher la morue, se trouvent Sylvestre et Yann ; liés par cette amitié fraternelle à la vie à la mort. Sylvestre est le plus jeune, fiancé à tout juste dix-sept ans et sur le point de partir pour le service militaire. Il taquine Yann, géant inébranlable qui refuse d’entendre parler de mariage, racontant à qui veut l’entendre qu’il n’est promis qu’à la Mer. Pourtant il y a Gaud, cette belle jeune fille qui espère son amour et guette chaque année ses retours au pays. Mais le destin est en marche et se joue des hommes. Les saisons se succèdent, immuables et inébranlables, et plane sans cesse cette angoisse lancinante : reviendront-ils ? Une histoire d’amour universelle et éternelle dans ce classique intemporel. Toute la splendeur du désespoir dans un si petit roman, cela tient de la magie.

Chronique détaillée de Pêcheur d’Islande à retrouver ici

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Normal People – Sally Rooney

C’est LE roman dont tout le monde parle, et qui a déjà séduit nombre de lecteurs ! Si j’avoue sans peine avoir vu mes attentes un peu déçues, c’est un livre absolument parfait pour l’été ! Nous sommes en plein roman d’apprentissage, et nous observons les deux héros, Connell et Marianne, grandir et passer, non sans peine, du lycée à l’université. Rien n’est simple dans leur relation, comme dans leur esprit. Le roman offre une perspective sur la difficulté de concilier ses contradictions, de rester soi-même dans une relation amoureuse, de cerner les contours de sa sexualité, de trouver sa voie et sa voix. Un joli roman générationnel qui fonctionne très bien, d’autant que l’émotion est omniprésente.

Chronique détaillée de Normal People à retrouver ici

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La fracture – Nina Allan

Ce roman est totalement inclassable et déconcertant ! Le 16 juillet 1994, Julie Rouane, 17 ans, disparait sans laisser de traces. Un drame qui a marqué Selena, sa soeur cadette, dont la vie semble moulée dans l’absence. Un jour, le téléphone sonne : c’est Julie, qui refait surface plus de vingt ans après sa disparition. Déstabilisée, Selena n’est pas au bout de ses surprises lorsque Julie lui racontera enfin ce qui lui est arrivé, et le lecteur non plus. Il y a non seulement une originalité folle dans ce roman qui nous entraine sur des pistes plus surprenantes les unes que les autres, mais également une intelligence rare dans la façon dont il est mené. C’est une expérience à part entière, un roman dominé par une atmosphère étrange, où règnent l’ambiguïté et le doute, et impeccablement maitrisé de bout en bout. Le souffle ne retombe jamais, c’est une parfaite réussite et un roman tout à fait à part.

Chronique détaillée de La Fracture à retrouver ici

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Vis-à-vis – Peter Swanson

Ce roman de Peter Swanson est le parfait thriller, tout ce qu’il y a de plus dérangeant, oppressant et captivant. Hen vient d’emménager avec son mari dans la banlieue de Boston. Assez rapidement, ils sympathisent avec leurs voisins, Mira et Matthew. Lors d’un diner chez ces derniers, Hen aperçoit dans le bureau de Matthew un trophée d’escrime, élément clé d’un meurtre non résolu auquel elle s’était intéressée. Elle comprend alors que Matthew est le tueur, ce qu’il réalise instantanément également. Mais voilà, Hen souffre de troubles bipolaires et a déjà connu des épisodes obsessionnels dans le passé, qui va la croire lorsqu’elle déclarera que son nouveau voisin est un meurtrier ? Se met alors en place un face à face d’une tension psychologique folle entre Hen et Matthew, dont l’issue est plus qu’incertaine.

Chronique détaillée de Vis-à-vis à retrouver ici

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Mansfield Park – Jane Austen

Deuxième pavé de la sélection, avec ce roman qui fait souvent injustement figure de mal-aimé dans l’oeuvre de Jane Austen. Pour ma part, c’est l’un de mes préférés, l’un des plus aboutis, mais aussi l’un des plus réalistes ! Ainée d’une fratrie de neuf enfants, Fanny est recueillie par son oncle, ses parents n’ayant plus les moyens de l’élever. La voilà plongée à neuf ans dans un milieu social radicalement différent du sien, auprès d’une famille qui ne rate pas une occasion de lui rappeler son rang inférieur. Seul son cousin Edmund se prend d’affection pour elle et entreprend de lui rendre le quotidien le plus doux possible… Grâce à son ironie subtile, Jane Austen va tout au long du roman construire une critique extrêmement fine de ses contemporains, des travers de ce milieu petit bourgeois de l’entre soi où les apparences et l’argent sont recherchés au détriment des valeurs morales, conduisant ainsi à d’innombrables mariages malheureux et familles désunies. Un de mes romans préférés de Jane Austen, après Persuasion !

Chronique détaillée de Mansfield Park à retrouver ici

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Il n’est pire aveugle – John Boyne

L’été dernier je vous recommandais déjà un roman de John Boyne, L’audacieux Mr Swift. Cette fois il s’agit du dernier roman de l’auteur, qui se situe dans un tout autre registre et d’une tonalité bien plus grave. Choisissant pour narrateur un prêtre hanté par ses souvenirs, il porte ici une charge contre l’Eglise catholique et ses culpabilités, notamment envers les enfants, proies faciles face à des prêtres protégés par la politique de dissimulation systématique des abus sexuels pratiquée par l’Église, de l’Irlande jusqu’au Vatican. L’histoire d’Odran Yates nous est racontée de manière anarchique, le récit faisant des bonds dans la chronologie jusqu’à ce que tout finisse par s’assembler pour faire sens. Un roman brillant mais parfois très difficile à lire, bouleversant et révoltant, d’autant plus intime que l’on ressent à quel point John Boyne a puisé dans son histoire personnelle.

Chronique détaillée d’ Il n’est pire aveugle à retrouver ici

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L’été de Katya – Trevanian

Été 1914. Un jeune médecin, revenu sur ses terres natales basques, voit son existence chamboulée par l’irruption de la jolie Katya, dont il tombe amoureux, ne se doutant pas que sa famille cache de noirs secrets… L’auteur distille une atmosphère lourde, qui contraste avec les premiers émois de notre héros, présageant également du destin qui attend l’Europe. Il y a du Daphné du Maurier pour la maîtrise totale de l’intrigue et du suspense, du Stefan Zweig pour la psychologie des sentiments dépeints, mais aussi un peu du L.P. Hartley dans cette manière de fouiller la mémoire à la recherche des émois et souffrances du passé. Ce qui s’annonçait comme une romance héritée des grands classiques de la littérature, finit par prendre une tournure bien plus sombre et perturbante, dévoilant un roman d’une grande intensité psychologique.

Chronique détaillée de L’été de Katya à retrouver ici

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Fragiles serments – Molly Keane

Cet été vous avez rendez-vous avec la plume caustique de la romancière irlandaise Molly Keane ! Nous sommes à Silverue, une somptueuse demeure dans la campagne irlandaise. Lady Olivia Bird est une femme coquette et stupide, surprotégée par son époux Julian, au détriment de ses enfants. L’ainé, John, s’apprête justement à rentrer après une cure en maison de repos. Viennent ensuite Sheena, une jeune fille de dix-neuf ans, jolie et follement amoureuse ; puis Markie, sept ans, aussi beau que précocement cruel. La maison est par ailleurs peuplée de domestiques, parmi lesquels la gouvernante, Miss Parker, une petite créature poilue et triste, et fort involontairement très drôle. Tout un petit monde exubérant et mesquin sur lequel Eliza, une amie de la famille, pose un regard d’une grande acuité… Dans ce roman oscillant entre humour féroce et petits drames, Molly Keane dresse un portrait grinçant de la haute société anglo-irlandaise bien comme il faut. Jubilatoire !

Chronique détaillée de Fragiles serments à retrouver ici

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Circé – Madeline Miller

Direction les rives de la Grèce antique avec ce roman passionnant dans lequel Madeline Miller  dépoussière le mythe de Circé, offrant à cette déesse quelque peu oubliée une histoire à sa hauteur. Car que connait-on de Circé ? Qu’elle a croisé la route d’Ulysse pendant un an ? Qu’elle changeait les hommes accostant dans son île en porcs ? Cette grande sorcière de la mythologie grecque, déesse atypique, si profondément humaine et attachée aux merveilles du monde, méritait bien qu’on lui redonne ses lettres de noblesse. Ce roman est une grande réussite, avec un ton foncièrement féministe, et un style agréable à lire, puisant dans des influences shakespeariennes qui viennent se mêler harmonieusement à celles des grands auteurs grecs.

Chronique détaillée de Circé à retrouver ici

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Le Chant de la rivière – Hannah Richell

Trois soeurs, Eve, Lucy et Margot, ont grandi dans l’ombre d’une mère autrice de romans à succès. Après des années d’absence, la cadette, Margot, revient à l’occasion du mariage de Lucy. Ces retrouvailles forcées vont-elles être enfin l’occasion de revenir sur les souffrances du passé ? Pourquoi Lucy se marie-t-elle dans une telle urgence ? Eve est-elle véritablement la soeur parfaite, mère et épouse dévouée que tout le monde imagine ? Autant de questions que la famille va devoir résoudre, au risque de faire tourner un jour de fête en cataclysme. Un énième roman sur les secrets de famille certes, mais le roman est efficace et offre une lecture parfaite pour l’été : un roman fluide et peu exigeant, avec de jolis moments et des personnages attachants.

Chronique détaillée de Le Chant de la rivière à retrouver ici

Je vous souhaite de belles lectures et un magnifique été !

3 commentaires sur “12 livres à mettre dans votre valise cet été #4

  1. Merci beaucoup pour cette sélection. Plusieurs me tentent, mais après lecture de ta chronique, « L’été de Katya » est celui qui m’inspire le plus.

  2. Beaucoup trop de tentations dans cet article et je priorise en voulant très vite me procurer Les Pays Lointains et Hamnet 😉

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