L’île des âmes – Piergiorgio Pulixi

Bienvenue au coeur de la Sardaigne, ses plages de sable blanc, son ciel azur… et ses meurtres rituels.

Deux inspectrices, Mara Rais et Eva Croce, viennent d’être mutées au service des crimes non élucidés. L’une est une locale pure et dure, impeccablement maquillée et habillée, tout en jurant comme un charretier. Sa rétrogradation lui porte sur les nerfs, d’autant qu’elle résulte d’une punition injuste. Eva quant à elle revendique ses cheveux teints et son blouson en cuir. Elle vient du continent et porte un lourd passé, espérant avec ce nouveau départ pouvoir peu à peu panser ses plaies. Elles s’entendent comme chien et chat, et vont pourtant devoir se faire confiance lorsque le meurtre d’une jeune fille est commis, similaire en tout point à d’autres meurtres rituels remontant à des décennies. La victime a en effet été retrouvée sur un site archéologique, à genoux et ligotée, un masque zoomorphe sur la tête et exhibant une étrange entaille dans le dos. Pour exhumer ces dossiers poussiéreux jamais résolus, elles devront se tourner vers Barrali, l’inspecteur chargé de ces affaires à l’époque, qui en a fait une véritable obsession, déterminé à trouver les meurtriers avant de mourir du cancer sur le point de l’emporter.

La narration est diablement efficace, rythmée par de courts chapitres et alternant les époques. En parallèle de l’enquête, le récit nous entraine dans les montagnes de la Barbagia, où un clan vit encore selon des rites païens immémoriaux. Le chef de famille, un colosse aussi craint que respecté, est chargé de veiller à la survie de la famille en s’assurant de la bienveillance des dieux. Entremêlant enquête, archéologie et anthropologie, avec en son coeur la culture nuragique sarde qui remonte au Paléolithique, le roman est par ailleurs fondé sur la psychologie des deux inspectrices, diamétralement opposées bien que toutes deux hantées par leurs vieux démons, et qui vont apprendre cruellement à quel point une enquête peut devenir obsédante au point de laisser un voile noir sur de nombreuses existences.

Si je reprocherai au roman quelques longueurs, en particulier les joutes verbales entre les deux policières, qui donnent lieu à des dialogues assez redondants, peu utiles à l’intrigue et qui diluent la noirceur et le rythme du récit, L’île des âmes reste un excellent page-turner, qui multiplie les fausses pistes et les rebondissements, tout en déployant une atmosphère particulièrement sensorielle. Un ethnopolar fascinant difficile à lâcher !

Ma note 4 out of 5 stars (4 / 5)

Éditions Gallmeister, traduit par Anatole Pons-Reumaux, 5 mai 2022, 560 pages 

Un commentaire sur “L’île des âmes – Piergiorgio Pulixi

  1. J’ai dévoré ce roman et beaucoup aimé ses enquêteurs et enquêtrices aux vies moins caricaturales que dans beaucoup de polars même si je suis d’accord sur le fait que certains dialogues étaient redondants. Le dénouement est, lui, très réussi !

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