
« Cet été-là, je revins avec un sentiment familier mais que j’identifiais seulement. Celui de renouer avec un bonheur certain. Chaque année se rejouaient ici les mystères d’une vie entière résumée en quelques semaines. »
Quand vient la fin de l’été, sur la plage… Sur la côte bretonne, il y a une maison, un phare, un havre de paix. Sous l’oeil vigilant des grands-parents, toute une tripotée de cousins, d’oncles et de tantes s’y retrouvaient chaque été au mois d’août, tel un rituel immuable. Le grand-père s’en est allé, ne laissant que la grand-mère, fragile, fatiguée et déjà un peu ailleurs. Que va-t-il advenir de la demeure familiale qui a accueilli tant de souvenirs, de rires, de sable et de petites contrariétés ? Pressé par un sentiment d’urgence, notre narrateur, un trentenaire désabusé, décide de revenir après huit ans d’absence. Il retrace ses pas d’enfant, retrouvant les lieux et les personnes qui ont forgé sa jeunesse, son imagination et son caractère, tout en observant la nouvelle génération, et en particulier le petit Jean, dans les yeux duquel il retrouve celui qu’il était autrefois.
« Mais en Bretagne, dans cette terre que j’avais laissée vivre sans moi, qui n’avait pas changé, où de vieux parents se faisaient enterrer, un sentiment beau et douloureux d’appartenance émergeait désormais. Si notre pays est celui où l’on a les plus grands souvenirs, alors j’étais d’ici. Alors j’étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu’île lovée entre deux bras de mer. »
Ode au mois d’août qui s’étire dans la langueur, fait de plein de petits riens, rythmé par les journées à la plage, les conversations paresseuses, les visites aux parents qui semblent toujours plus âgés, les échos d’anciens temps, d’anciens amours, d’anciennes fêtes, d’anciennes premières fois. Un mois d’août qui débute dans la lenteur et l’infinité des possibles, pour finalement se précipiter inéluctablement vers septembre et les mois d’hiver. Un temps d’été fugitif, qui rappelle le cours de l’existence, commencée dans l’insouciance et poursuivie dans un sentiment d’urgence et de solitude. Et si un voile de tristesse surplombe le récit, c’est en raison du drame annoncé à petites touches, venu voiler la douceur des souvenirs. Que de délicatesse dans la plume, révélant à chaque instant la mélancolie d’un bonheur que l’on sait fragile et éphémère.
Un joli petit roman au charme fou, qui fait résonner le temps qui passe et la nostalgie de l’enfance.
Ma note (4,5 / 5)
Éditions Gallimard, 18 août 2022, 192 pages
mon coup de coeur de ces derniers mois! un vrai petit bonbon, tant dans l’écriture que dans l’évocation de ces instants fugaces où chacun peut se retrouver. je le recommande à tout le monde en ce moment!
J’aime beaucoup les livres qui parlent de la nostalgie de l’enfance. Je crois que je vais m’ y plonger
le livre est superbement écrit mais je mettrai un petit bémol : un peu trop égo-centré sur le narrateur (l’auteur ?) mais n’est-ce pas un peu le défaut d’une certaine littérature française actuelle ?