12 livres à lire au printemps

Le printemps s’est définitivement installé, et j’ai eu envie de vous proposer des lectures qui s’accordaient à cette saison de renouveau. Sans surprise, ces romans vous emmèneront souvent dans la campagne anglaise verdoyante, au coeur de la lande légendaire, le long des paysages vallonnées prisés des moutons et des auteurs victoriens. Mais la sélection fait également la part belle à l’adolescence, ce passage vertigineux de l’enfance à l’âge adulte, fait d’interdits, de découvertes et de promesses, et qui ouvre à l’infini le champ des possibles vers un avenir aussi inquiétant qu’enthousiasmant… Il y sera enfin aussi question de femmes, d’émancipation et d’éveil à la sensualité.

J’espère que cette sélection vous plaira !

 

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Persuasion – Jane Austen

Persuasion est sans aucun doute mon roman préféré de Jane Austen. Il y est une nouvelle fois question d’amour et de mariage, mais il y a un certain nombre de détails qui font de Persuasion un roman à part dans l’oeuvre de l’écrivaine. Anne est une héroïne extrêmement attachante puisque toutes ses pensées, tous ses doutes, toutes ses émotions nous sont livrées. Je crois que c’est dans ce roman que l’on trouve par ailleurs les plus belles réflexions de Jane Austen sur l’amour, et cette idée qu’un sentiment pur et sincère ne peut être effacé. La plume est plus magnifique que jamais, et elle y dépeint les émotions avec une grâce et une délicatesse inégalées. Il y a une grande proximité entre l’auteure et son héroïne, plus âgée que dans les autres romans, qui apporte un éclairage passionnant sur les sentiments et les convictions de Jane Austen elle même. À lire ou relire !

Chronique détaillée de Persuasion à retrouver ici

 

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Portrait de femme – Henry James

Une fresque magnifique et tragique, pour laquelle il faut un peu s’accrocher car c’est un roman qui se mérite, au style extrêmement travaillé.
Isabel Archer est une jeune fille américaine, orpheline et célibataire, que sa tante prend sous son aile, décidée à voyager en sa compagnie à travers l’Europe. Très courtisée, Isabel est déterminée à n’en faire qu’à sa tête et à découvrir le monde, mais le sort en décidera autrement. Portrait de femme brosse un tableau dense et éclairant sur la condition féminine de l’époque, avec une héroïne qui va enchaîner les mauvaises décisions et les circonstances fâcheuses. Ce roman est intemporel, et les sentiments qui s’y jouent sont universels. La psychologie des personnages frappe par sa justesse et sa subtilité. Un véritable chef d’oeuvre !

Chronique détaillée de Portrait de femme à retrouver ici

 

lucyinthesky6Lucy in the sky – Pete Fromm

Au fin fond du Montana, Lucy est une adolescente, grande, filiforme, et un brin garçon manqué. Délaissée par ses parents, Lucy s’émancipe, expérimente, et prend goût aux jeux interdits. Elle réalise que, ses formes s’arrondissant, elle plait de plus en plus. Une constatation qui va profondément la perturber, tiraillée entre son désir de rester une enfant, naïve et innocente, à l’abri de toutes les complications des adultes, et sa découverte de la sexualité, de son corps et de son pouvoir de séduction. Un roman corrosif sur l’adolescence et ses tourments, et un magnifique récit initiatique, bourré de dialogues savoureux et de réparties cinglantes, avec une émotion et une fraîcheur qui font de ce roman un vrai petit bijou, tendre et triste à la fois.

Chronique détaillée de Lucy in the sky à retrouver ici

 

léveilkatechopinL’Éveil – Kate Chopin

C’est l’histoire d’une femme lasse de sa vie. Au début du récit Edna est en vacances avec mari et enfants au bord de la mer, à Grand-Isle, dans le sud de la Louisiane. Là-bas elle fait la connaissance d’un jeune homme, et se laisse séduire, bien que leur relation reste très chaste. Ce sera pour elle l’éveil. L’éveil à une nouvelle vie, l’éveil à ses désirs profonds.
Si aujourd’hui ce roman est considéré comme un grand classique de la littérature américaine, à sa parution en 1899 il a énormément choqué par son traitement de la sexualité féminine. Il faut reconnaître que Kate Chopin aborde courageusement un certain nombre de sujets indispensables, signant les prémices du féminisme aux États-Unis.

Chronique détaillée de L’Éveil à retrouver ici

 

middlemarch2Middlemarch – George Eliot

Un roman fleuve pour lequel il faut prendre le temps, le temps de se familiariser avec ce petit monde foisonnant de personnages et d’histoires, mais aussi avec le style de la romancière, dont la langue est splendide mais qui n’est pas avare en digressions, réclamant de ce fait une lecture attentive et concentrée. Pour autant ce chef d’oeuvre mérite bien cet effort. Le roman nous plonge dans le quotidien d’un petit village, Middlemarch, et de toutes les questions religieuses, familiales, politiques, juridiques, scientifiques, qui agitaient alors la société victorienne. On trouve rarement une telle richesse enveloppant les intrigues principales qui sont avant tout sentimentales. Il y est en effet question d’amour, ou plutôt de mariage, car comme George Eliot va le démontrer, le bonheur matrimonial est une denrée rare…

Chronique détaillée de Middlemarch à retrouver ici

 

avrilenchanteAvril enchanté – Elizabeth von Arnim

Ce roman d’Elizabeth von Arnim est parfait pour se préparer aux doux jours de l’été à venir ! Deux jeunes femmes un peu mornes et découragées lisent une annonce dans le Times : « Particulier loue petit château médiéval meublé bord de la Méditerranée ». Invitant deux autres femmes à se joindre à elles pour partager le loyer, elles sautent sur l’occasion de prendre un peu de distance avec leurs maris et de vivre la dolce vita italienne. Elizabeth von Arnim va multiplier les bons mots et les situations cocasses dans ce huis clos féminin charmant, très drôle et remarquablement écrit. Un hymne au voyage !

Chronique détaillée d’Avril enchanté à retrouver ici

 

femmesetfillesFemmes et filles – Elizabeth Gaskell

Ce roman sublime est une pure merveille de la littérature victorienne. Dans l’Angleterre rurale des années 1820, la jeune Molly vit avec son père, le médecin du village, dans une cohabitation affectueuse et pleine d’habitudes, jusqu’à ce que leur quotidien soit bousculé par l’arrivée d’une belle-mère et de sa fille. C’est sous le prisme de cette famille recomposée, source de défis pour l’ensemble de ses membres, qu’Elizabeth Gaskell va offrir un portrait saisissant et bourré de charmes d’une petite bourgade et de ses petits et grands événements. Les thèmes abordés sont extrêmement variés et d’une grande richesse, les personnages d’une épaisseur romanesque remarquable et très nuancés, et la plume de la romancière est comme toujours splendide, tout en subtilités.

Chronique détaillée de Femmes et filles à retrouver ici

 

poussierePoussière – Rosamond Lehmann

Un chef d’oeuvre oublié au charme délicieusement désuet. On y suit l’évolution d’une jeune fille, dans l’Angleterre des années 20 : Judith est fascinée par ses jeunes voisins : Julien le cynique, Roddy l’effronté solitaire, Charlie l’angélique, Martin, si gentil et ennuyeux, et Mariella, la seule fille. Après une tragédie, ils reviennent tous sur les traces de leur passé, revenant hanter une Judith qui voguait jusque là entre souvenirs et fantasmes, attendant avec impatience de pouvoir se fondre à nouveau dans leur petit groupe. Des tergiversations amoureuses et adolescentes qui sèment un doux parfum de chaude mélancolie et donnent une profondeur inattendue à ce splendide roman.

Chronique détaillée de Poussière à retrouver ici

 

avecvuesurlarnoAvec vue sur l’Arno – E.M. Forster

A room with a view… cela a de quoi faire rêver ! Ce  roman d’apprentissage décrit le passage à l’âge adulte d’une jeune fille, Lucy, impressionnable et corsetée, qui découvre le monde et la subtilité des psychologies humaines. Au début du roman, elle est en voyage à Florence avec sa cousine, une vieille fille très à cheval sur la bienséance. Elles font alors la rencontre de Mr Emerson et son fils George, qui proposent de leur céder leur chambre avec vue… J’ai adoré ce roman, satire des convenances et des préjugés répandus dans la bonne société anglaise du début du XXe siècle. C’est charmant, fin, drôle, une vraie pépite qui gagne à être connue !

Chronique détaillée d’Avec vue sur l’Arno à retrouver ici

 

norawebsterNora Webster – Colm Tóibín

Dans l’Irlande des années 70, Nora Webster est une jeune veuve, mère de quatre enfants. Deux filles parties faire des études, et deux garçons plus jeunes. Ces derniers la préoccupent beaucoup, elle s’inquiète de l’impact du décès de leur père sur leur personnalité et leur avenir. Ses problèmes sont somme toute universels : la douleur de la perte, le manque d’argent, la scolarité de ses enfants, sa vie sociale… Nora oscille entre la culpabilité permanente et le désir de s’affranchir de carcans qui l’étouffent. Petit à petit elle s’autorise de plus en plus de choses, elle s’émancipe et s’écoute davantage pour former ses propres choix. Un sublime portrait de femme, tout en pudeur et en sensibilité.

Chronique détaillée de Nora Webster à retrouver ici

 

lemessagerLe Messager – L.P. Hartley

Un homme au crépuscule de sa vie retombe sur un vieux journal, rédigé en l’an 1900. Il se souvient alors de ce fameux été, l’été de ses treize ans, où il fut invité par un de ses camarades de classe dans une grande demeure du Norfolk. La tragédie qui s’y déroula alors changea sa vie, le condamnant à la solitude, aux regrets et à l’isolement. Le roman retranscrit avec finesse le débordement d’émotions qui caractérise ce passage délicat entre enfance et adolescence, cette naïveté et soif de découvrir, ces premiers pas maladroits dans les complexités des rapports humains. Il y a une tension qui s’installe dès le début du roman, à l’annonce du drame à venir, et une certaine gravité dans le récit de cette désillusion qui marqua toute une vie.

Chronique détaillée de Le Messager à retrouver ici

 

judelobscurJude l’obscur – Thomas Hardy

Avec Tess d’Urberville, Jude l’obscur est l’un des romans les plus pessimistes de Thomas Hardy. L’écrivain décrit avec une acuité extraordinaire la société de son époque, et plus précisément les petites gens, ceux que la vie n’épargne pas et qui sont toujours inexorablement rattrapés par le malheur, quelles que soient leurs luttes pour y échapper. L’analyse est très fine, incarnée par les deux personnages principaux, Jude et Sue, sa cousine, dont il tombera amoureux. On a là tous les éléments d’une tragédie, et on sent bien que ces deux-là vont jouer de malchance. Ce roman est non seulement magnifique, tant dans ses descriptions que dans la profondeur des personnages, mais aussi extraordinairement moderne pour l’époque. C’est triste, mais sublime, à lire absolument !

Chronique détaillée de Jude l’obscur à retrouver ici

 

Je vous souhaite de belles lectures !

12 commentaires sur “12 livres à lire au printemps

    1. Je n’ai pas lu Daisy Miller donc je ne peux pas trop m’avancer mais j’ai l’impression que les histoires sont assez différentes, même si on y retrouve certainement les thèmes privilégiés de Henry James (société anglaise vs société américaine, les jeunes filles riches et naïves…)

  1. Merci pour ces précieux conseils de lecture, il y a de quoi tenir jusqu’à l’été !! Tout me tente …

  2. Bonjour, savoureuses recommandations. Je me demande depuis quelques temps s’il vaut mieux commencer par Femmes et Filles ou par Nord et Sud d’Elisabeth Gaskell?

    1. Honnêtement j’aurais beaucoup de mal à trancher entre les deux… Disons que Nord et Sud est un peu plus « dur » parce que l’histoire se double d’un fort contexte social. Je ne sais pas si ça t’aide beaucoup, mais les deux sont des romans exceptionnels, tu ne peux pas te tromper !

  3. Je note tout particulièrement Nora Webster.
    J’avais adoré Brooklyn du même auteur et j’aimerais beaucoup retrouver sa plume (en plus j’ai une légère passion pour les romans 10/18)

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