
Résumé :
Comment résister à une telle offre : « Particulier loue petit château médiéval meublé bord de la Méditerranée » ? Un jour de pluie et d’autobus bondés, il n’en faut pas plus aux jeunes Londoniennes, Mrs Wilkins et Mrs. Arbuthnot, pour se lancer seules dans l’aventure et partir, sans presque prévenir leurs époux, un mois en Italie. Au menu : soleil, repos et réflexions.
« La suavité des parfums qui flottaient dans l’air de San Salvatore, chacun provenant d’une partie différente du château mais se fondant à la perfection dans une harmonie supérieure, aurait dû susciter, à son imitation, l’accord de toutes les âmes. »
Mon avis :
Deux jeunes femmes un peu mornes et découragées lisent la même annonce dans le Times. Lottie Wilkins tente alors de convaincre Rose Arbuthnot de louer le château ensemble en avril pour se ressourcer. Rose est de prime abord choquée de la proposition de Lottie, qu’elle trouve par trop exubérante, avant de se laisser assez facilement convaincre. Il faut dire qu’elles ne peuvent avoir de caractère plus différent, mais elles ont toutes les deux le souhait d’échapper à leur quotidien londonien. Lottie souhaite s’éloigner de la présence de son mari, qui la méprise et la considère comme un ornement bien inutile à son avancée professionnelle. Rose elle, souffre au contraire de l’indifférence de son mari et de son choix de carrière ; il écrit en effet les mémoires des maîtresses célèbres de l’Histoire, ce qu’elle considère comme un péché, donnant ainsi immédiatement tous les revenus des livres publiés aux bonnes oeuvres. Toutes deux sont ainsi assez malheureuses en ménage, et sautent sur l’occasion de prendre un peu de distance.
« Il était de certaines choses dont mieux valait ne pas parler, et les maris en faisaient évidemment partie. »
Elles se gardent bien néanmoins de raconter l’entière vérité à leurs époux, et, ne pouvant se permettre de payer la location à deux, se mettent à la recherche de deux autres compagnes de voyage. Se joindront ainsi à l’aventure Mrs Fischer, une vieille femme aigrie et tellement seule qu’elle vit entièrement avec les fantômes du passé, et Lady Caroline, une aristocrate qui, souffrant de sa trop grande beauté et de sa popularité auprès des hommes, désire faire le point sur sa vie. Un curieux mélange donc, qui ne peut que détonner.
« La réflexion était plus à craindre encore que la fuite. Rien de bon ne pouvait sortir des ratiocinations d’une jeune femme trop jolie. »
À leur arrivée, les relations sont tendues, chacune essayant de s’attribuer les plus belles pièces du château, ou encore le rôle de maitresse de maison. Elizabeth von Arnim va multiplier les bons mots et les situations cocasses dans ce huis clos féminin faisant ressortir une face cachée dans chacune des vacancières. Mais San Salvatore fait des miracles ! Petit à petit, la magie de la dolce vita italienne va opérer une transformation profonde sur ces quatre femmes, changeant leur perception des choses et de leur vie. Rose et Lottie en particulier sont très touchantes. Elles passent pour des originales aux yeux des deux autres qui sont d’abord extrêmement méfiantes et désagréables à leur encontre, avant d’être peu à peu séduites par leur enthousiasme.
« Certes les vacances étaient une bonne chose, une excellente chose même, chacun en convenait, mais fallait-il vraiment qu’elles vous fissent perdre à ce point le sens des réalités ? »
Publié en 1922, cet hymne au voyage célèbre avant tout les femmes, et plaide pour l’émancipation par la réflexion et l’introspection. C’est charmant, très drôle et remarquablement écrit.
Ma note (4,5 / 5)
Je suis une grande admiratrice d’Elizabeth von Arnim dont le style concis et efficace et son originalité certaine!