
Résumé :
1913. Sur un bateau en partance pour l’Australie se trouve une petite fille de quatre ans, seule et terrorisée. Le navire lève l’ancre et elle se retrouve à Brisbane. Si le secret de son débarquement est religieusement gardé par ses parents adoptifs, ceux-ci décident, le jour de ses 21 ans, de révéler à Nell les circonstances étranges de son arrivée dans la famille. Les questions se bousculent alors. Bouleversée, elle va devoir entreprendre un long voyage vers ses origines. Une quête difficile pour lever le voile sur près d’un siècle d’histoire familiale…
« La mémoire est une cruelle maîtresse avec qui il nous faut tous apprendre à valser. »
Mon avis :
Le roman d’atmosphère par excellence. Après quelques pages qui mettent en place les personnages et les époques, on est transporté dans cette histoire familiale qui cache un lourd secret.
Lorsque Nell apprend qu’elle a été adoptée par ses parents en Australie, elle est décide de partir à la recherche de ses origines. La narration alterne les époques et les personnages. Dans l’Angleterre victorienne du début de XXe siècle, Eliza Makepeace, dont la mère avait fui sa famille, connait une enfance misérable à Londres avant d’être recueillie par son oncle au château familial de Blackhurst. Une arrivée salvatrice pour sa cousine, Rose Mountrachet, de faible constitution et qui va revivre au côté de cette fillette pétillante et débordée d’imagination, mais pénible pour sa tante, Adeline, qui l’appréhende comme une menace. Les contours de la vie d’Eliza et de Rose au château se précisent au fur et à mesure du récit. Il s’avèrera qu’Eliza a publié un recueil de conte de fées, seul vestige de ses origines en possession de Nell. Ce sera le point de départ de son voyage en Cornouailles, dans les années 70, sur les traces de la vérité. Elle n’y parviendra pas tout à fait, et ce sera sa petite-fille Cassandra qui, après son décès, reprendra sa quête en 2005, intriguée par ce mystérieux cottage de Cornouailles que sa grand-mère lui a légué.
« Bien sûr que le voyage serait bon, et les mystères résolus. Toute sa vie elle avait été une ombre ; désormais, elle serait un être de chair et de sang. »
On comprend assez vite que le secret des origines de Nell est lié à la famille Mountrachet, et plus particulièrement à Rose et Nathaniel, son mari, ainsi qu’à Eliza. Mais c’est un secret minutieusement gardé, enfoui dans des contes étranges et poétiques, dans les profondeurs d’un château, de son labyrinthe, et d’un jardin caché derrière le cottage.
Les personnages sont complexes, à commencer par les deux cousines inséparables et que tout pourtant oppose : Eliza, des cheveux de feu, intrépide, sauvage, habitée par ses contes, avec une passion et une volonté d’indépendance qui m’ont un peu fait penser à Jane Eyre par moments ; et Rose, poursuivie par la maladie, rêvant d’amour et de liberté. Mais aussi Nell, qu’on sent perdue depuis des années en raison du mystère de ses origines, qui n’a semblé se lier à rien dans sa vie jusqu’à ce qu’elle entraperçoive, tardivement, une lueur au bout d’un long tunnel de recherches. Et enfin Cassandra, profondément brisée par un drame et qui, par amour pour sa grand-mère, entreprendra le reste du chemin à sa place, déterminée à découvrir la vérité, et que l’on sent revivre sur cette terre qui est au fond aussi la sienne. Les personnages secondaires en revanche sont parfois un peu trop manichéens et superficiels, en particulier les « méchants » de l’histoire : le couple Swindell chez qui loge Eliza enfant est effrayant de cruauté ; sa tante Adeline, hantée par ses origines modestes et son ascension sociale est d’une jalousie sans nom envers la soeur disparue de son mari, puis sa fille Eliza ; ou encore enfin Linus, l’oncle d’Eliza, qu’on sent mû par un désir malsain pour sa soeur puis sa nièce, pour ne citer qu’eux.
« Elle en était venue à haïr le mot même d’espoir, cette graine insidieuse plantée dans l’âme, qui croissait toute seule pour fleurir enfin, spectaculaire et séduisante. C’était encore l’espoir qui empêchait l’être humain de tirer les leçons de ce qu’il avait déjà vécu. »
L’écriture n’est pas parfaite, mais j’ai beaucoup aimé ce roman qui nous entraîne malgré nous dans cette quête longue et sinueuse dans le décor imposant et sauvage des Cornouailles. Une atmosphère mystérieuse comme je les aime, même si j’avoue que le dénouement devient assez rapidement évident. Peu importe finalement, ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage.
Ma note (4 / 5)
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