Les Trois Mousquetaires – Alexandre Dumas

J’ai tardé à découvrir ce roman qui fait partie de l’imaginaire collectif, et je l’ai entamé en ayant conscience du poids de la légende, des représentations culturelles en tout genre, et de mes propres attentes.

« La vie est un chapelet de petites misères que le philosophe égrène en riant. »

Dans une France opposant les Royalistes aux Cardinalistes et qui se trouve aux portes de la guerre avec l’Angleterre, un jeune et fringant Gascon nommé d’Artagnan part pour Paris sur sa jument jaune dans l’ambition de devenir mousquetaire. En chemin, il se querelle avec un homme à la cicatrice qui voyage en compagnie d’une mystérieuse femme. Arrivé à Paris, il fera la connaissance de ses célèbres compagnons, Athos, Porthos et Aramis, et vivra de multiples aventures aux enjeux cruciaux pour un triptyque puissant : le Roi Louis XIII, la Reine Anne d’Autriche, et bien sûr le Cardinal Richelieu.

« Les grands criminels portent avec eux une espèce de prédestination qui leur fait surmonter tous les obstacles, qui les fait échapper à tous les dangers, jusqu’au moment que la Providence, lassée, a marqué pour l’écueil de leur fortune impie. »

Déployant pas à pas son cadre historique et ses différents personnages, l’intrigue met du temps à se mettre en place, mais la seconde partie du roman est heureusement menée tambour battant, multipliant les rebondissements et complexifiant les caractères. La plume de Dumas est extraordinaire, multipliant les bons mots truculents, les descriptions acérées et les apartés caustiques, se moquant tour à tour des personnages, qu’ils soient fictifs ou historiques.

Néanmoins, cela me peine de n’avoir pas été totalement envoutée par ce roman, considéré comme un monument de la littérature française et universellement adoré… J’ai été surprise par les mousquetaires, moins chevaleresques que les représentations, cinématographiques en particulier, avaient pu me porter à le penser, et bien davantage orgueilleux et portés sur leurs petits plaisirs égoïstes, en particulier le protagoniste. Car si ses trois compagnons correspondent finalement assez bien aux portraits qui en sont dressés, Athos l’homme sage, Porthos le bon vivant, et Aramis l’homme d’Église ; d’Artagnan est quant à lui un jeune homme assez caricatural, presque agaçant, bouffi d’orgueil et impulsif, se jetant à tour de bras dans les duels et malmenant les femmes (y compris Milady d’ailleurs). Des quatre, c’est celui qui manque à mon sens le plus de profondeur, ce qui n’a pas manqué de m’étonner quand on songe que c’est celui qui demeure pourtant dans la légende. J’ai de loin préféré Athos, qui forme un personnage romanesque à souhait, empli de secrets, de sensibilité, de souffrances et de noblesse, bien que non exempt de défauts. Quant à Milady, elle est indubitablement l’un des principaux attraits du roman tant sa personnalité et son histoire sont complexes, son intelligence fascinante, et son pouvoir de manipulation retors. On m’avait prévenue, j’ai adoré la détester ! Mais son personnage, seul rôle féminin d’envergure du roman, demeure à mon sens quelque peu inexploité ; on la dépeint simplement comme un « démon sorti de l’Enfer », qui agirait sans motif apparent hormis la pure perversion et la cruauté. Les héros m’ont ainsi paru bien peu nobles, et la méchante bien trop facilement enfermée dans une dualité manichéenne.

« Tous quatre se mirent en marche : Athos sur le cheval qu’il devait à sa femme, Aramis sur le cheval qu’il devait à sa maîtresse, Porthos sur le cheval qu’il devait à sa procureuse et d’Artagnan sur le cheval qu’il devait à sa bonne fortune, la meilleure maîtresse qui soit. »

En bref, une lecture agréable et divertissante que ce roman sur l’amitié et l’honneur, parfait pour les amateurs de cape et d’épée, mais que j’aurais sans doute davantage apprécié plus jeune et donc moins exigeante…

Ma note 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

Éditions Livre de Poche, 11 décembre 1973, 893 pages

Un commentaire sur “Les Trois Mousquetaires – Alexandre Dumas

  1. Il y a un moment déjà, j’avais lu ce classique mais en version abrégée que j’avais bien aimé. Après, j’hésite à le lire dans sa version intégrale.
    Merci en tout cas pour cette belle chronique !

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