Sarn – Mary Webb

Sarn est tout à la fois un nom de famille et le nom d’une ferme, entourée de ses vastes terres et nichée dans la campagne anglaise, encore pleine de superstitions, de coutumes, d’ignorance et de brusquerie. Dans cette ferme vivent un frère et une soeur, Gédéon et Prue. Ayant perdu leur père, tous deux font un pacte : travailler dur, jour et nuit, tirer le maximum de cette terre afin de s’enrichir et pouvoir enfin tout quitter pour une petite maison en ville, dans laquelle ils pourront se vêtir de beaux habits et frayer dans la bonne société. Cet avenir idyllique est avant tout le rêve de Gédéon, jeune homme ambitieux qui vit entièrement pour son objectif, au détriment de tout le reste, en particulier des sentiments, bien qu’il se soit amouraché de la fille des voisins, Jancis. Cette attitude attriste beaucoup Prue, qui regrette le coeur dur de son frère mais ne recule devant rien pour lui apporter son aide. C’est une jeune fille sensible, réservée, et qui, en grandissant sous les moqueries et les accusation de sorcellerie, comprend peu à peu que son bec de lièvre compromettra ses chances en amour. Pourtant elle ne peut s’empêcher de rêver au nouveau tisserand, qui lui fait entrevoir des jours meilleurs…

« Mais pouvons-nous savoir ce que sont le passé et l’avenir ? Nous sommes si petits et si faibles sur la terre, ce berceau de jonc où l’humanité repose et regarde vers les étoiles sans savoir ce qu’elles sont. »

Après mon coup de coeur pour La Renarde de Mary Webb, on m’avait beaucoup vanté les mérites de son dernier roman, Sarn, publié en 1924. Je dois dire pourtant pour ma part qu’en comparaison, c’est plutôt une déception. La plume de Mary Webb est une nouvelle fois magnifique, en particulier dans ses descriptions, et la romancière nous plonge dans cette même atmosphère rurale oppressante et violente, aux moeurs parfois arriérées et cruelles, et qui bien entendu ne pardonne rien aux femmes. Cependant, je n’y ai pas retrouvé le même charme, le ton est assez moralisateur et les personnages m’ont beaucoup moins touchée ; Gédéon est assez antipathique et Prue elle-même m’a parue assez fade. Quant à l’histoire, elle peine à se mettre en place, narrant tour à tour de petits événements anecdotiques, pour se précipiter terriblement à la fin du roman.

« Je t’aime déjà, et si c’est ainsi à la saison des arbres morts, qu’est-ce que ce sera quand ils seront verts ? »

La Renarde est selon moi bien plus abouti, plus complexe, plus enthousiasmant, et davantage dans la lignée des oeuvres des Brontë ou de Thomas Hardy. Sarn n’en demeure pas moins un joli roman, qui offre un instantané de la vie paysanne dans l’Angleterre du 19e siècle.

Ma note 3 out of 5 stars (3 / 5)

Éditions Grasset, traduit par Jacques de Lacretelle et Madeleine T. Guéritte, 21 mai 2008, 392 pages

Un commentaire sur “Sarn – Mary Webb

  1. J’avais jamais entendu parler de ce titre.
    Je compte bien découvrir dans un premier temps « Le Renarde ».
    Bonne journée !

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