
Malgré leurs difficultés à joindre les deux bouts, Taz et Marnie ont tout pour être heureux : une maison dans le Montana qu’ils retapent entièrement ensemble, un petit coin de paradis au bord de l’eau où aller pique-niquer et faire des projets d’avenir, et une grossesse qui s’annonce par surprise. Mais quand Marnie meurt en couches, tout s’effondre. Taz se retrouve seul face à l’immense responsabilité d’élever sa fille, et perd pied, ne parvenant qu’à répéter des gestes automatiques pour leur permettre à tous deux de survivre aux journées qui passent, hantées par l’absence de l’amour de sa vie. Heureusement, il est entouré de son meilleur ami, Rudy, qui s’assure qu’ils ont tout ce dont ils pourraient avoir besoin, et fait en sorte de lui trouver une baby-sitter, Elmo, afin que Taz puisse se remettre au travail sur les chantiers. Il y a aussi Lauren, la mère de Marnie, qui tente de trouver sa place et de maintenir le lien avec sa fille aux côtés de cet improbable duo.
« Avant, on partait ensemble. On descendait des rivières, on traversait des jungles. On escaladait des montagnes. Mais cette fois, elle a dû partir seule. C’est l’expédition la plus longue de sa vie. »
Le temps passe avec lenteur, tandis que Taz refait petit à petit surface et s’enferme dans son atelier, tentant de remplir son carnet de commandes. Mais il demeure éloigné de tout, préférant imaginer des conversations avec Marnie, raconter de folles histoires à sa fille sur son aventurière de mère, et l’emmener barboter dans ce qui était leur coin secret. Il reste insensible aux efforts de son entourage pour l’ancrer à nouveau dans la vie, et lui faire envisager l’avenir. À ce titre, les personnages secondaires sont sans doute les plus réussis, dotés de personnalités tranchées, et émouvants dans leur incompréhension face au mutisme et à la fuite de leur ami.
« L’avenir, c’est là où tu vas et tu n’y peux rien. »
Il va sans dire qu’il s’agit d’un roman sur le deuil, mais qui place également en son coeur une relation père-fille, thème somme toute assez peu traité en littérature, qui se révèle très touchante, en particulier, évidemment, eu égard aux circonstances. De ce fait, l’émotion est attendue, presque réclamée, de la part du lecteur, bien qu’il n’y ait pas véritablement de passages larmoyants. Pourtant, le rythme, égrenant des journées souvent identiques, m’a paru rapidement trop lent et redondant ; et le ton assez froid, dépourvu de réelle émotion. Finalement, le roman est convenu, égrenant les clichés et les bons sentiments, jusqu’à une fin bien trop prévisible. Le style m’a un peu surprise aussi, notamment lors de certains dialogues laborieux, mais peut-être était-ce un problème de traduction. C’est une déception, car les romans de Pete Fromm m’ont habituée à plus de sensibilité, de nuance, et de psychologie, et pour ma part je conseillerais donc plutôt Indian Creek, récit autobiographique qui relève bien davantage du nature writing ; Mon désir le plus ardent dans lequel l’émotion est bien mieux amenée, et surtout bien plus authentique ; ou bien Lucy in the sky, qui perce avec une justesse folle les affres de l’adolescence.
Ma note (2,5 / 5)
Éditions Gallmeister, traduit par Juliane Nivelt, 1er avril 2021, 336 pages
Aie, je m’attendais à une meilleure appréciation. D’autant plus que je dois lire ce roman pour le Blossom Spring Challenge. J’espère être plus emballé par l’auteur que je découvrirai avec cette œuvre.
Oui je m’attendais à mieux aussi… J’espère qu’il te plaira davantage, mais dans le cas contraire il faut laisser sa chance à l’auteur qui a de bien meilleurs romans à proposer !
Le thème de ce roman a l’air très difficile à traiter. Je n’avais jamais entendu parler de ce livre. Je suis toujours heureuse d’entendre parler de lectures un peu différentes sur ton blog, cela me permet d’élargir mes horizons !
De cet auteur, j’ai mis dans ma liste de mes envies « Lucy in the sky » et « Indian Creek » 😉
Les deux sont très différents mais j’avais beaucoup aimé !
Ah ! J’avais beaucoup aimé Mon désir le plus ardent, et du coup j’avais voulu lire derrière Ma vie en chantier… et je n’ai pas aimé, je ne l’ai pas terminé. Donc ça me parle que tu aies toi aussi eu un avis mitigé sur ce livre ! 🙂 Il paraît que le dernier est très bien par contre.