
Clara a la maladie des os de verre, et grandit claquemurée dans sa demeure londonienne, dans la douleur et les vapeurs d’opium. Sa mère s’est donnée pour mission de lui permettre une forme d’évasion : elle lui lit toutes sortes de livres, de la littérature aux sciences, lui raconte l’intégralité de ses journées et tout ce que sa fille n’a pas pu voir, et l’encourage à être courageuse en attendant des jours meilleurs. Lorsqu’elle décède en 1914, le monde de Clara s’effondre. Elle a dix-neuf ans, son ossature est à présent formée et elle peut se risquer à l’extérieur, armée de sa canne. Alors qu’elle se forme à la botanique à Kew Gardens, elle est recrutée par un riche propriétaire dans le Gloucestershire qui souhaite se doter d’une immense serre de plantes exotiques. Décidée à fuir Londres et son deuil, elle accepte et se rend dans la demeure de Shadowbrook, une maison étrange, vide et poussiéreuse, visiblement désertée par son propriétaire que Clara désespère de rencontrer. Sa seule compagnie se limite à une gouvernante et deux bonnes, qui lui révèlent bientôt être terrifiées par un esprit frappeur.
Clara, armé de son esprit rationnel, va alors mener l’enquête sur cet étrange fantôme qui entaille les portes et fait faner les fleurs. Elle va vite comprendre que ce petit village est bâti sur des secrets et des commérages, et que son arrivée provoque des remous. Si son apparence diaphane et sa claudication lui valent le qualificatif d’infirme ; son franc-parler, son indépendance et son mépris des convenances étonnent encore davantage.
Ce roman est une déception car il s’inscrit dans un registre radicalement différent des romans précédents de l’auteur, en particulier Un bûcher sous la neige et Les reflets d’argent, qui sont sublimes de poésie et de psychologie. Celui-ci recourt à une ambiance gothique, avec la traditionnelle grande maison vide qu’on suspecte hantée par un fantôme, et une jeune fille qui affronte seule les obstacles tandis que les menaces se multiplient. Il y a beaucoup de maladresses dans l’écriture ainsi que dans la construction de l’intrigue, des personnages inexploités, des sauts brusques dans l’histoire, et des longueurs qui finissent par affadir l’histoire. Par ailleurs on y retrouve des thèmes éculés, en particulier celui la condition de la femme à qui on ne permet ni ne pardonne rien, et qu’on affuble des pires rumeurs dès lors qu’elle esquisse un semblant de liberté. La fin, relativement surprenante, rattrape un peu les errances de l’intrigue, quoiqu’elle laisse le lecteur sur sa faim.
Tout m’a semblé dès lors assez caricatural, même si le roman reste plaisant et léger à lire. Je n’ai pas retrouvé ce que j’aime tant dans l’oeuvre de Susan Fletcher, qui s’est essayé semble-t-il à un registre qui à mon sens ne lui convient pas
Ma note (2,5 / 5)
Éditions Les Presses de la Cité, traduit par Isabelle Chapman, 4 novembre 2021, 432 pages
Le résumé avait l’air plutôt prometteur… dommage
Je vais tout de même voir tes chroniques des autres livres que tu as lu de cette autrice que je ne connais pas.
Bonne journée !
C’est amusant car je suis une grande fan de Susan Fletcher et j’ai adoré ce roman. J’ai presque tout lu d’elle. Il n’est certes pas aussi puissant que « Un bûcher sur la neige ».
J’ai trouvé l’histoire originale, émouvante, profonde et complexe. Un coup de cœur ! J’ai aimé les thèmes abordés (les apparences, les rumeurs, les liens familiaux) le tout servi dans un manoir anglais J’ai aimé le côté histoire de fantôme et le suspense haletant. Tout est patiemment mis en place jusqu’à la révélation finale brillamment orchestrée. J’ai aimé le mélange des genres qui me rappelle Daphnée du Maurier (même si on est bien d’accord Rebecca est indétrônable!): Un roman historique, gothique, un thriller psychologique.
Je te rejoins par contre sur les longueurs et effectivement, certains personnages auraient mérité d’être développés. Belle fin de semaine à toi.
Oh dommage… moi qui ai tant aimé Un bûcher sous la neige.