
« Je suis au coeur d’une longue journée d’hiver, avec une seule fin possible. »
Résumé de la quatrième de couverture :
Condamnée par sa maladie, Constance Koenig a fait un choix simple et décisif, celui de mourir à son rythme, loin de la sollicitude pesante de sa famille et des vains prolongements que peut offrir un temps la science. Bravant son Irlande pieuse et traditionnelle, elle confiera sa fille au père de celle-ci, un écrivain rencontré par hasard lors d’un séjour en Italie, un juif d’origine polonaise, qui n’avait jamais appris cette paternité.
« Au départ, nous ne possédons pas les bonnes clés. Quelques pièces du puzzle, et trop peu de temps. »
Mon avis :
Au premier abord ce roman n’avait certes pas l’air particulièrement gai puisque l’on apprend dès les premières pages que Constance, notre héroïne, la quarantaine et jeune maman, est condamnée par une leucémie foudroyante. Le fait qu’il s’agissait d’un roman irlandais se déroulant à Noël a pourtant suffi pour que je m’y plonge, l’atmosphère du récit et le style ont par la suite achevé de me séduire au fil des pages.
« Je revois des petits morceaux de passé. Ils bourgeonnent, fleurissent et se fanent dans ma tête. Je ne suis jamais seule. »
Aucun pathos, aucun tire-larmes facile. Constance est sereine et déterminée, et attachante dès les premières lignes. Celles-ci sont d’ailleurs celles de la lettre qu’elle écrit à son ancien amant, un écrivain juif polonais charismatique rencontré en Italie, pour l’informer de sa maladie et de l’enfant qu’ils ont eu ensemble. Le récit alterne ensuite entre le présent et les souvenirs de Constance. Ceux de son enfance en Irlande en compagnie d’une mère sèche et dure, d’un père absent et d’une soeur ainée indifférente. Ceux de son séjour en Italie et de l’aventure folle qu’elle y aura vécu. Dans sa chambre de malade, une bouteille de whisky à portée de main, elle écrit aussi ses derniers jours dans la maison familiale de Dublin, pendant lesquels sa forte personnalité ne faiblit pas au grand désespoir des proches qui virevoltent autour d’elle : sa soeur Bibi, si éloignée avec sa vie bien organisée et sans mauvais plis ; son médecin, Bill, un ancien amour dont elle avait refusé la demande en mariage ; Bridie May, une jeune orpheline qui passe ses premiers jours de liberté hors du couvent à l’assister dans ses excentriques dernières volontés ; le fantôme de sa mère, décédée des années auparavant et qui vient lui rendre visite, rendant poreuse la frontière entre les vivants et les morts…
« J’apprends, sans avoir le temps de m’y habituer, le sournois affaiblissement des capacités physiques, la curieuse focalisation de l’esprit sur le passé, le repli progressif de soi-même hors de la principale source de vie, le contact, heureux ou désagréable, avec les autres, les vivants. »
J’ai adoré suivre le cours des pensées de Constance, ses interrogations sur la vie, sans jamais aucun regret, l’absence totale d’auto-apitoiement qui y règne, si ce n’est l’inquiétude pour ce que deviendra sa fille. Toute sa vie elle aura été affranchie de tous les codes, de toutes les convenances, déterminée à faire appliquer ses volontés, à vivre, et maintenant à mourir, selon ses désirs, sans se préoccuper de ce qu’en pense son entourage. C’est cette même force de caractère qui lui fait refuser l’université et quitter le domicile familial pour tenter sa chance à Londres, parcourir l’Europe, décider d’avoir un enfant sans avoir d’attaches, et rentrer mourir chez elle pour passer son dernier Noël blanc parmi ses souvenirs, plutôt que dans l’univers aseptisé et impersonnel d’un hôpital. S’il y a malgré tout inévitablement un léger voile de tristesse, rien n’est déprimant dans ce roman magnifique sur la vie d’une femme moderne à l’énergie contagieuse. Une véritable leçon d’humanité et de résilience.
Ma note (4 / 5)
Éditions Le Serpent à plumes, traduit par Arlette Stroumza, 15 septembre 2003, 267 pages
Un sujet dur mais qui a l’air d’être bien traité à en lire ta chronique !
Je ne sais pas si je le lirai mais merci pour la découverte, je n’avais encore jamais entendu parler de cette auteure.
Bonne journée !
C’est vrai qu’elle est très peu connue en France, pourtant c’est une auteure irlandaise très productive !
J’avais été hyper déçue par le seul roman que j’ai lu de l’auteur, que je trouvais hyper pathos… mais si celui-ci ne l’est pas… pourquoi pas!
On parle d’une fin de vie, donc ce n’est par définition pas très gai, mais j’ai trouvé que le roman ne tombait jamais dans le pathos en effet !
Les citations sont très poignantes! A lire quand on est de très bonne humeur et peut-être pas en plein mois de décembre ou janvier! Merci pour tes belles découvertes!
Oui, même si je n’ai vraiment pas trouvé cette lecture déprimante, mais j’étais peut-être dans le bon état d’esprit..!