La distance entre nous – Maggie O’Farrell

Résumé : 

Jake vit à Hong-kong, où il a épousé, par pure humanité, une jeune femme qui allait mourir. Mais elle a survécu et le voilà prisonnier. Stella vit à Londres, où elle se terre à l’ombre de ses traumatismes d’enfance, dans la hantise d’un passé trop lourd à porter. Ils ne se connaissent pas. Pourtant, lorsqu’ils choisissent la fuite, c’est dans un manoir d’Écosse que leurs routes finissent par se croiser.

« Les seuls moments qui vous affectent sont ceux qui vous tombent dessus à l’improviste. Ceux sur lesquels on compte, ceux auxquels on s’attend, paraissent presque irréels, bien rodés, parce qu’on les a imaginés tant et tant de fois. »

Mon avis :

J’aime énormément les romans de Maggie O’Farrell, à commencer par Assez de bleu dans le ciel ou Quand tu es partiLa distance entre nous  fait partie de ceux que je n’avais pas encore lus, et je dois dire que je suis vraiment partagée.

La première partie du roman m’a véritablement emballée, j’avais hâte d’en savoir plus sur ces deux personnages, Stella et Jake, qui semblent abîmés par la vie. De Stella, on sait qu’elle habite à Londres, qu’elle a une mère italienne, qu’elle a une relation excessivement proche avec sa soeur et qu’elle a tout fui pour partir au fin fond de l’Écosse après avoir croisé un homme dans la rue. Jake quant à lui, habite Hong-Kong depuis toujours, n’a jamais connu son père, et s’est senti obligé d’épouser sa petite amie lorsqu’il a cru qu’elle allait mourir. À présent qu’elle se rétablit, il se sent coincé dans un mariage précipité avec une femme qu’il n’aime pas, et l’obsession de partir à la recherche de son père, quelque part en Écosse, le hante de plus en plus.

« Elle rêvait qu’elle était redevenue enfant et se tenait au bord d’un gouffre où une eau sombre, saumâtre, tonnait contre des rochers invisibles. »

Maggie O’Farrell excelle comme toujours à dépeindre la complexité des émotions humaines, nous délivrant des fragments de vie, au compte goutte, dessinant progressivement les contours de l’histoire de ses personnages. On s’y perd un peu au début, tant elle virevolte et joue avec la chronologie, égrenant les épisodes comme autant d’indices. Nous partons sur les traces de l’enfance de Jake et Stella, mais aussi plus loin, dans les histoires de leurs parents et grands-parents, à l’affût de ce qui pourrait venir éclairer le présent. S’enchaînent les paragraphes courts, égarant le lecteur avec des personnages divers et des épisodes sans grand rapport apparent. Loin de me rebuter, j’ai trouvé ce système de narration très efficace, avec l’impression d’un gigantesque puzzle se mettant lentement et minutieusement en place.

« Elle voulait lui donner un nom nouveau, qui lui appartiendrait en propre. Celui d’un lieu le relierait au monde et non aux gens, et le libérerait à jamais de toute emprise familiale étouffante. »

J’accrochais donc énormément jusqu’à ce que j’arrive à la seconde moitié du roman, qui a commencé à verser dans une romance mièvre et émoussant mon intérêt. Cela m’a surprise de voir Maggie O’Farrell abandonner sa finesse, et recourir à des ficelles grossières, donnant au récit un côté « roman de gare » un peu décevant. Même si les aller-retours dans le passé se poursuivent, faisant de plus en plus la lumière sur les secrets enfouis, la relation entre Stella et Jake, à base de « je t’aime, moi non plus » et de complications romantiques inutiles, m’a rapidement lassée. J’ai donc terminé le roman sur une déception, et l’impression qu’il n’avait pas totalement rempli ses promesses…

Ma note 3 out of 5 stars (3 / 5)

 

 

 

Éditions 10/18, traduit par Michèle Valencia, 17 avril 2008, 384 pages

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