
Résumé :
Dans le grand silence blanc de l’Antarctique, les membres d’une mission des Expéditions polaires françaises s’activent à prélever des carottes de glace. L’épaisseur de la banquise atteint plus de 1 000 mètres, les couches les plus profondes remontant à 900 000 ans… C’est alors que l’incroyable intervient : les appareils sondeurs enregistrent un signal provenant du niveau du sol. Il y a un émetteur sous la glace. La nouvelle éclate comme une bombe et les journaux du monde entier rivalisent de gros titres : « Une ville sous la glace », « Un cœur sous la banquise », etc. Que vont découvrir les savants et les techniciens qui, venus du monde entier, forent la glace à la rencontre du mystère ?
Mon avis :
Je ne suis pas très portée vers les romans de science fiction, mais depuis le temps que j’entends parler de La Nuit des temps, qualifié souvent comme un classique littéraire français, je voulais me faire ma propre idée. J’avoue que je suis un peu passée à côté, je n’ai pas trouvé ça transcendant, d’autant plus que je pense que ça a un peu vieilli (le livre a été publié en 1968).
« La nuit les avait rejoints au fond du tombeau de glace et enveloppait les vivants et les morts, les liait en un bloc de malheur inévitable, dont le poids allait les enfoncer ensemble jusqu’au fond des siècles et de la terre. »
Il y a certes une histoire d’amour tragique, un mythe d’amants maudits transporté dans le décor de l’Antarctique, qui fait penser à Romeo et Juliette. Mais cela m’a un peu laissée de glace si vous me permettez le jeu de mots ! J’ai trouvé que ça mettait un peu de temps à se mettre en place. Entre le moment où les premier signal est relevé et le moment où l’on trouve enfin les deux corps conservés sous la glace, il y a pas mal de tergiversations et de considérations techniques ou électroniques qui m’ont un peu perdue. J’ai regretté que la poésie et le style qu’on retrouve dans les passages où le Dr Simon devient le narrateur ne soit pas davantage présente. Son émotions et ses sentiments envers Eléa sont les plus intéressants et potentiellement les plus complexes. Mais il est vrai que ça ne se veut pas un roman dit psychologique.
« Te montrer à l’univers, le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l’éternité. »
Par ailleurs, on sent que Barjavel place son récit dans le futur, comme le laissent supposer certains indices d’avancées technologiques et de conflits armés non existants encore à l’époque. Mais c’est trop superficiel pour moi, j’aurais aimé que l’auteur aille un peu plus loin dans le détail de la situation du monde tel qu’il se l’imaginait. Ces différents indices d’un futur imaginé sont de plus en contraste total avec d’autres éléments, tels que les références à l’URSS qui, pour nous lecteurs du XXIe siècle nous paraissent totalement dépassées, mais qui ne l’étaient pas pour un auteur en 1968. Du coup entre futur imaginé et passé non encore révolu, on s’emmêle un peu les pinceaux.
Mais ce qui est intéressant surtout dans ce roman c’est la critique de la société qu’on peut lire en filigrane. Quelle que soit l’époque, quelle que soit la civilisation, quelles que soient les avancées technologiques, l’homme est un loup pour l’homme. L’auteur dénonce l’irrémédiabilité des guerres et des conflits, cette compétition vers l’armement, l’inégalité des États, l’inefficacité des institutions internationales. Ainsi l’histoire que raconte Éléa sur son époque et son pays apparaît comme une fable censée porter des enseignements pour les hommes de notre époque. Bien que ce soit dépeint sans grande subtilité, on sent bien que Gondawa est censée représenter l’Utopie alors qu’Enisoraï (qui correspondrait géographiquement aux États-Unis d’aujourd’hui…) est un précurseur du monde contemporain, avec une société militariste et impérialiste, ne surveillant pas sa natalité, et ne se préoccupant pas de l’individu.
« Nous savons déjà au moins une chose, c’est que l’homme est merveilleux et que les hommes sont pitoyables. »
Il me semble que ce roman est à lire à l’aune de l’époque : le conflit Est-Ouest (Enisoraï vs Gondawa), la peur du communisme, les conflits armés à répétition, et les revendications d’une jeunesse qui entendait changer les choses. De ce point de vue-là, le roman devient un témoignage particulièrement intéressant, bien plus selon moi que l’histoire, et en particulier l’histoire d’amour, proprement dite.
Ma note (3 / 5)
J’avais hâte de le lire, et ça a été une grosse déception. Comme toi, je l’ai trouvé très daté et je n’ai pas du tout perçu la poésie du style de l’auteur (j’ai trouvé ce livre vraiment mal écrit). Je n’ai jamais eu envie de relire Barjavel depuis, malgré tous les billets enthousiastes
Visiblement tous ceux qui l’ont aimé l’ont lu à l’adolescence, c’est peut-être pour ça…?
Malgré les quelques inconvénients que tu as cité, j’avoue que les citations que tu as joins à ton article m’ont vraiment séduites 🙂
J’ai pas mal entendu de Barjavel également, ta chronique me pousse à tenter l’expérience ! Merci pour ce chouette partage 😉