
Résumé :
Sans dot, de naissance illégitime, la belle et fière Mary ne saurait s’unir à celui qu’elle aime, Frank Gresham, un jeune héritier désargenté. Les «ladies» de la famille Gresham manoeuvrent en coulisse pour le marier à une femme riche pour sauver le domaine familial hypothéqué. Seul l’oncle de Mary, le docteur Thorne, connaît le secret de son ascendance et la fortune dont elle pourrait hériter si…
Mon avis :
Dans mon exploration de la littérature victorienne, il fallait bien un jour que je rencontre une déception. C’est désormais chose faite ! Pourtant Anthony Trollope est un auteur classique reconnu de cette époque, en particulier pour ce roman. Néanmoins je n’ai pas du tout accroché, et j’ai quelque peu peiné pour en arriver à bout, d’autant que le suspense n’était pas à proprement parler insoutenable…
« Aimer complètement, vraiment, tendrement, d’un amour qui implique tout le corps, toute l’âme et toute l’ardeur : tout cela ne devrait-il pas être compté comme un mérite chez une femme ? »
Le principal péché du roman est à mon sens d’être beaucoup trop long, et j’aurais été beaucoup plus séduite s’il avait été réduit du tiers. L’auteur m’a assommée avec des descriptions de châteaux qui n’en finissaient pas, de physionomies, et de scènes à mon sens sans grand intérêt… Ainsi il est question d’élections locales pendant une partie du livre, et j’exagère à peine en disant que le jour du scrutin nous est raconté minute par minute. À ces pages entières de descriptions fort peu passionnantes, s’ajoutent des pages d’aparté de l’auteur qui, si elles m’ont amusée au début, m’ont rapidement tapé sur les nerfs. L’auteur s’adresse directement au lecteur beaucoup trop souvent à mon goût, et si parfois cela vient agrémenter le récit d’une dose d’ironie et de cynisme bienvenue, c’est la plupart du temps fait d’une manière assez étrange. Ainsi va-t-il s’excuser pendant plusieurs lignes de son manque de connaissance juridique, ou encore d’être contraint de reproduire certaines lettres. J’avoue ne pas avoir saisi le sens de sa démarche, et cela vient alourdir encore plus le texte. Enfin pour finir sur mes charges, j’ai trouvé le langage parfois trop familier, surtout pour l’époque et pour ce à quoi j’ai été habituée par d’autres romans de la même période. Ainsi l’un des héros énonce par exemple qu’il va « bûcher à mort » ses cours à l’université…
Il faut néanmoins reconnaître à Anthony Trollope un style très agréable à lire, et c’est pour cette raison que j’ai poursuivi ma lecture. Il a surtout un indéniable talent pour croquer les caractères et les moeurs de son époque. Clergé, juristes, parvenus, fermiers, propriétaires terriens… tout le monde y passe et en prend pour son grade. Bien entendu, l’hypocrisie sur le mariage est largement dénoncée. Peu importe la naissance pourvu qu’il y ait l’argent, les grands principes sont vite oubliés si la jeune fille apporte une fortune.
« Quoi ! Me lier, dans la fleur de l’âge, à une personne que je ne pourrais jamais aimer, et pour de l’argent ! Me parjurer, me détruire… et pas seulement moi, mais elle aussi, de manière à pouvoir vivre dans l’oisiveté ! »
Pour le reste, l’histoire n’est pas très originale. Frank, un héritier sans fortune puisque son père a tout perdu, souhaite épouser Mary Thorne, la nièce du docteur du village. Evidemment, les obstacles vont s’accumuler, et toute la question est de savoir si ce mariage aura lieu ou non. Mary est une gentille fille, dévouée à son oncle, bien élevée, et Frank est un brave garçon, travailleur, fidèle, et respectueux de ses parents. Pas un pli qui dépasse donc… On est loin de l’indépendance et de la personnalité d’une Jane Eyre, de l’impertinence d’une Elizabeth Bennett, du combat social d’une Margaret Hale… Seul le docteur Thorne, qui est du propre aveu de l’auteur le personnage principal du roman, bien qu’il ne soit pas concerné directement par les événements, est intéressant car profondément humain. J’ai aimé suivre ses tergiversations morales, son dilemme entre la parole donnée, son devoir, et les intérêts de sa nièce Mary.
« Si l’on se comporte ainsi en son printemps, que fera-t-on en son automne ? »
Je suis pour ma part complètement passée à côté, mais je vous invite à vous faire votre propre avis, Le docteur Thorne est reconnu comme un classique de la littérature victorienne.
Ma note (2,5 / 5)
Ouh la la moi par contre j’ai aimé. J’ai complètement baigné dedans, j’aime la façon qu’Anthony Trollope de nous interpeller, j’ai lu également Mrs Mc Kenzie, de la même veine. Je pense en relire mais de temps en temps car en effet ses romans sont longs et peut être un peu répétitifs…..
Ça me confirme que je suis complètement passée à côté ! J’ai trouvé les apartés trop fréquents, et à la longue un peu agaçants, et les descriptions m’ont eue à l’usure…! Je ne suis pas certaine d’aimer ses autres romans s’ils ressemblent à celui-ci mais je tenterai peut-être le coup quand même…
Vous qui aimez la littérature victorienne, avez vous lu » Au temps du roi Édouard » de Vita Sackville-West ( editions le livre de poche) ? Un vrai régal !
Je ne le connais pas celui-ci, merci pour la recommandation !