
Écosse 1860. Après la mort de sa soeur qui la laisse seule au monde, Elseth Swansome décide d’accepter un poste de gouvernante chez Mlle Gillies au manoir d’Iskar, sur l’île de Skelthsea. À son arrivée, elle ne peut que constater l’isolement de cette petite ile rocheuse battue par les vents, et l’état de délabrement de la demeure, qui semble par endroits laissée totalement à l’abandon. Elle y apprend également ce qu’on lui a caché jusque là : la petite fille de neuf ans dont elle a la charge, Mary, est totalement muette depuis la mort de son frère jumeau William, et Mlle Gillies, excédée par sa nièce, se dispose à l’envoyer dans un asile si elle ne fait pas des progrès rapidement. Pleine d’empathie pour Mary dans laquelle elle voit bientôt une soeur de substitution, Elseth est déterminée à la tirer de son mutisme et à découvrir les raisons de son profond traumatisme. Les jours passent, et les événements se font de plus en plus mystérieux. Elle entend chantonner dans les couloirs vides, de petites poupées sans visage apparaissent dans les pièces, et elle est persuadée d’avoir vu quelqu’un à la fenêtre du grenier. Mais le plus glaçant demeure cet étrange sifflement qui survient à la nuit tombée. Les questions s’amoncellent : comment est réellement mort William ? quel rôle l’ancienne gouvernante des enfants, Hettie, accusée d’être une sorcière, a-t-elle joué ? Pourquoi Mlle Gillies fait-elle preuve d’une telle antipathie envers Mary ? Et que dire de Greer, une domestique au service de la famille depuis son enfance, qui semble avoir pris Elseth en grippe et la menacer des pires malédictions ?
Voici un roman dans la droite lignée des histoires de fantômes, qui reprend tous les codes du gothique : une gouvernante perdue, une grande demeure emplie de bruits dans un endroit isolé, des enfants présumés malveillants, des maitres de maison veillant jalousement sur leurs secrets… Le parquet grince, le vent hurle dans les cheminées, les ombres se profilent le long des couloirs froids, et les pages tournent toutes seules à mesure que l’on mène l’enquête aux côtés d’Elseth, chaque révélation suscitant toujours plus de questions et d’hypothèses. Traumatisée par ses récents deuils, notre héroïne pourrait bien être victime de son imagination et des superstitions des villageois, à moins que le mal rôde réellement, reste à savoir s’il se trouve chez les disparus ou bien chez les vivants.
Un très bon cru du genre, fidèle à l’esprit des romans du XIXème que j’affectionne tant, tout en offrant pour une fois une héroïne loin d’être falote et un dénouement inattendu. Un roman qui se lit d’une traite les soirs de grande tempête !
Ma note (4,5 / 5)
Éditions du Masque, traduit par Marie Chivot-Buhler 26 avril 2023, 304 pages
J’en ai délicieusement froid dans le dos !
Je ne connais pas mais ton avis m’a donné envie de le découvrir. C’est totalement le genre de livres que j’adore