
Wen, bientôt huit ans, est en vacances avec ses pères Éric et Andrew dans une petite cabane isolée dans la forêt, au bord d’un lac. Un jour, alors qu’elle est seule dans le jardin à chercher des sauterelles, elle est abordée par un homme imposant, Léonard. Il est gentil, et l’aide à attraper quelques insectes. Mais tout à coup, trois autres personnes surgissent des bois, tenant des armes aussi étranges que tranchantes à la main. Léonard se tourne alors vers elle et lui demande de convaincre ses parents de leur ouvrir la porte afin qu’ils puissent leur demander leur aide pour sauver le monde de l’apocalypse. Tandis que Wen, apeurée, retourne en courant à l’intérieur, le cauchemar commence.
« Rien de ce qui va se passer n’est ta faute. Tu n’as rien fait de mal, mais tous les trois, vous allez avoir des décisions difficiles à prendre. »
Impossible de lâcher une seule seconde ce roman impeccablement ficelé et qui ne cesse de soulever des questions. Qui sont ces inconnus ? Que veulent-ils ? Sont-ils des illuminés victimes d’une hallucination collective ou bien ont-ils véritablement reçu la mission d’empêcher la fin du monde ? Sont-ils mus par une volonté désintéressée de sauver l’humanité, ou bien sont-ils venus perpétrer un crime homophobe ? Le lecteur, ainsi que notre petite famille, se débat avec ses questions, à mesure que la tension s’installe, implacable, et qu’une angoisse sourde étreint. Ces quatre cavaliers de l’apocalypse, déroulant leur discours sans relâche et les confrontant à un choix impossible, vont créer des fissures entre Éric, Andrew et Wen, les renvoyant chacun à leurs croyances, leurs failles, leurs doutes profonds. La construction, terriblement efficace, alterne en permanence les points de vue, parsemant le récit d’hypothèses et de révélations au compte-goutte. L’auteur manie habilement suspense et rebondissements, jouant avec nos nerfs et ébranlant nos perceptions jusqu’à la dernière page.
« Il a toujours eu du sang sur les mains, elles ne s’en cachent plus à présent. Il est né dans le sang, comme nous tous. »
Un huis clos pré-apocalyptique magistralement mené, qui flirte avec l’horreur et joue en permanence sur l’ambiguïté, les coïncidences, ainsi que la perception subjective et le poids du passé de chacun dans sa capacité à croire ce qui lui est soumis.
Ma note (4,5 / 5)
Éditions Gallmeister, traduit par Laure Manceau, 2 février 2023, 352 pages
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