Le garçon dans la lune – Kate O’Riordan

Brian et Julia traversent une crise conjugale, se disputent, s’ignorent, et sont rarement d’accord sur l’éducation de leur jeune fils, Sam. Ils s’apprêtent à aller passer Noël en Irlande, chez le père de Brian. Sur la route, un drame terrible survient, qui changera à jamais leurs rapports. Ils se séparent, et Julia se réfugie chez son beau-père.

« Elle s’était demandé si la mort renvoyait toujours les gens à la recherche de leur enfance, comme si comprendre le passé pouvait éclairer le présent. »

J’ai bien accroché au début du roman, malgré les banalités sur le couple routinier et qui s’use. L’idée de la fuite étrange de Julia chez le beau-père était intéressante, d’autant plus ironique quand on en apprend davantage sur cet homme. Elle sait peu de choses sur lui, hormis ce qu’elle en a vu lors de ses rares visites : un homme taiseux, sec, peu avenant, et pour qui seul le travail à la ferme compte. Le lecteur en apprendra davantage qu’elle grâce aux souvenirs d’enfance de Brian, qui révèlent un père tyrannique et violent, multipliant les coups et les humiliations. Le choix de Julia pour ce lieu inhospitalier parait incohérent et étrange. La cohabitation fonctionne pourtant, et elle s’interroge au fil des jours sur la vie de cet homme, sur ses deuils, et notamment sur la mort du jumeau de Brian quand ils étaient enfants. Sa curiosité se porte également sur Margaret, sa femme décédée, mère d’une famille nombreuse, cherchant à imaginer quelle pouvait être la vie de cette femme épuisée et triste aux côtés d’un tel homme. Elle trouve justement son journal qui, entre recettes et livre de comptes, raconte parfois un quotidien bien lourd et révèlera un secret auquel Julia est loin de s’attendre.

« Elle éprouva un élan de pitié pour lui, pour ce qu’étaient devenues leurs vies. Pour les choses qu’ils n’avaient manifestement pas faites, qu’ils n’avaient pas su faire, et dont le résultat était ce vide. Elle se dit que plus tard, de retour chez eux, elle lui témoignerait de la tendresse, de la gentillesse, car ils n’étaient pas de mauvaises gens, mais de mauvaises choses leur étaient arrivées. Elle se dit qu’on pouvait encore éprouver de l’amour, si on éprouvait de la pitié, car la pitié faisait considérer l’autre comme un être humain, avec ses besoins et ses désirs, et l’amour apparaissait quand on voyait ces désirs contrariés. »

Dans l’ensemble c’est un roman facile à lire, certains passages sont émouvants, mais il manque énormément de finesse et la deuxième moitié du livre, répétitive, perd beaucoup en intensité. Les ressorts psychologiques utilisés sont grossiers, tant ceux ayant trait au deuil que ceux liés au mariage et à la complexité des relations de couple. Le drame qui frappe Brian et Julia les renvoie chacun à leur propre enfance, malheureuse pour des raisons bien différentes, ce qui conduit à des raccourcis sur les traumatismes d’enfance et la culpabilité qui déterminent (pour le pire) les vies d’adultes. Certains passages paraissent n’avoir ni queue ni tête et on ne comprend pas leur utilité pour le récit, et la révélation du fameux secret de famille traine en longueur pour finalement manquer tout à fait son effet de surprise. Ce roman pâlit de la comparaison avec les romans d’Angela Huth par exemple, qui font appel à des thématiques assez similaires, mais les traitent avec beaucoup plus de subtilité et d’émotion. Ici l’écriture est détachée, un peu fade ; le résultat est que le récit parait manquer de vérité, d’authenticité et, passés les premiers chapitres, j’ai eu du mal à être touchée et à ressentir de l’empathie pour les personnages.

Ma note 2.5 out of 5 stars (2,5 / 5)

 

 

 

Éditions Folio, traduit par Florence Lévy-Paoloni, 4 juin 2009, 368 pages

Laisser un commentaire