
Résumé :
Au fil de ces trois novelas puissantes et sauvages, Jim Harrison compose une tragédie moderne où la violence, la rédemption et l’amour vibrent à chaque page. De Cochran, l’ancien militaire laissé pour mort, à Tristan Ludlow, parti pour le front de 1914, la vengeance, immuable, est au cœur de leur destin.
« Les rêves sont des chasseurs d’âme. »
Mon avis :
J’ai conscience que ce livre est un grand classique vénéré de la littérature américaine, mais je suis complètement passée à côté. J’ai vraiment eu du mal à en venir à bout, même si la dernière nouvelle a davantage trouvé grâce à mes yeux parce qu’elle me rappelait le film qu’elle a inspiré (Légendes d’automne, avec Anthony Hopkins et Brad Pitt) et que j’avais adoré. J’ai trouvé ça trop violent, trop rude, trop brut de décoffrage aussi. Les nouvelles me plaisaient au début, et très vite je trouvais que ça prenait trop de temps, et la violence des descriptions m’a dérangée. Je m’attendais davantage à une ode à l’Ouest américain, aux grandes plaines, aux cow-boys, et en réalité c’est plutôt une immersion dans ce qu’il y a de plus noir dans la nature humaine. Ajoutons à cela une écriture sèche, nerveuse, dont j’ai bien perçu la qualité et l’originalité, mais qui ne m’a pas émue.
« Il renonça vite à tenter de mettre des mots sur cette expérience, comme si la vie était un miroir particulièrement sale que seul l’amour silencieux pouvait rendre à nouveau limpide. »
La première nouvelle, « Vengeance », porte bien son nom. Un homme laissé pour mort dans le désert mexicain cherche à retrouver celui qui lui a infligé ses blessures et qui a caché la femme qu’il aimait. Nous voici donc en compagnie d’un homme, plongé dans les souvenirs de son amour perdu, aveuglé par son désir de vengeance, et acharné dans sa quête de justice.
La seconde nouvelle, « L’homme qui renonça à son nom », est restée un peu mystérieuse pour moi. Je frôlais l’exaspération et l’ennui à chaque page face à cette homme qui parait en pleine crise de la quarantaine, bien qu’on nous précise que c’est plus subtil que cela. J’ai trouvé ça tristement banal, et j’ai eu du mal à voir où l’auteur voulait en venir avec cet homme sans grand panache qui vient de divorcer, qui plaque tout pour partir travailler dans un petit restaurant côtier, qui danse seul le soir, et qui est décidé à métamorphoser sa vie.
« À quoi bon tenter de raisonner avec la mort ? Autant vouloir peser la terre ou le coeur de la beauté ! »
Enfin la troisième nouvelle, « Légendes d’automne », est sans doute celle que j’ai préférée, bien qu’à nouveau la violence et la mort soit dispensée excessivement à mon goût. Trois frères partent à la guerre, dont l’un ne reviendra pas. Ce deuil tragique fera quelque peu perdre la raison à Tristan, le frère cadet, dont on sait qu’il était déjà un peu à part, pas tout à fait sociable, pas tout à fait dans la norme. Sa vie sera marquée par les tragédies, par l’incompréhension face à l’absurdité cruelle de la mort, par les risques, par les errances au quatre coins du globe à la recherche de réponses à ses questions insolubles. La nouvelle est belle par son évocation des grands espaces, des hommes lancés au grand galop, des rites indiens, de destins tragiques. Tristan est sans doute le personnage le plus intéressant des trois nouvelles, le plus complexe dans sa proximité et son respect de la nature ainsi que dans sa profonde souffrance. Mais comme je l’évoquais plus haut, ma préférence pour cette nouvelle est sans doute largement due à l’influence du film et des images que j’avais par conséquent en tête.
« Deux décès d’êtres aimés en quatorze années n’ont rien d’exceptionnel, sauf pour celui qui les pleure et a perdu tout sens de la norme et de l’exception, obsédé qu’il est par ce qui n’est pas advenu et qui aurait pu être. »
Je suis un peu triste d’être à ce point passée à côté de ce recueil qui est considéré comme le grand chef d’oeuvre de Jim Harrison, mais je pense que ce n’était pas pour moi…
Ma note (2,5 / 5)