Emily Brontë : Une vie – Denise Le Dantec

Résumé de la quatrième de couverture :

Un roman publié en 1847, Les Hauts de Hurlevent, fit sa renommée posthume. Emily Brontë n’avait pas trente ans. Elle ne semblait connaître du monde que les landes entourant le presbytère familial, ayant partagé sa vie entre les tâches domestiques et la rédaction de sagas juvéniles avec son frère Branwell et ses sœurs Anne et Charlotte.
Ce livre unique fut longtemps le seul témoignage de son auteur, dont l’existence, croyait-on, n’avait pas connu d’événement marquant. La réussite de sa sœur Charlotte, il est vrai, l’avait maintenue dans l’ombre.
C’était oublier qu’Emily Brontë (1818-1848), loin d’être une enfant recluse et sauvage, était éprise de liberté. Très cultivée, parlant le français, elle fut une lectrice passionnée de Walter Scott, Lord Byron et Shelley. Sa compréhension précoce de la cruauté du monde lui permit d’écrire « sans doute le plus beau roman d’amour de tous les temps », selon Georges Bataille.
Évoquant les drames de sa vie et ses révoltes, son courage moral et intellectuel, mais aussi son exubérance et sa force de caractère, Denise Le Dantec retrace l’existence singulière d’une femme qui ne put jamais rompre avec son enfance et conduisit sa vie comme un destin : celui d’écrire, sans se soucier de devenir écrivain.

Mon avis :

En découvrant cet ouvrage, j’étais ravie de pouvoir en apprendre davantage sur cette écrivaine de génie qu’est Emily Brontë, dont l’unique roman, Les Hauts de Hurlevent, m’a énormément et durablement marquée. Si son oeuvre est mondialement connue, j’ai l’impression que la vie des trois soeurs Brontë reste toujours quelque peu énigmatique, malgré les centaines de travaux qui leur sont dédiés. C’est tout à fait fascinant de se dire que la grâce a ainsi touché trois soeurs avec un merveilleux talent d’écriture, et une propension à créer un univers marquant des générations.

Emily Brontë a en tout cas visiblement marqué de son empreinte Denise Le Dantec, tant on sent cette dernière habitée par son sujet. Le travail de documentation colossal qu’a dû représenter cette biographie force le respect. Il est évident que l’auteure s’est, de plus, rendue souvent au presbytère de Haworth, et a marché dans les pas d’Emily Brontë pour une immersion complète dans la vie de la célèbre romancière anglaise, mais aussi dans celle de ses soeurs et de son frère, Branwell, dont la personnalité complexe ne cesse de m’intriguer, surtout quand on sait l’influence considérable qu’il a exercé sur ses soeurs. On se rend assez vite compte que l’on connaît somme toute assez peu de choses sur leur vie de famille, sur ce qui a conduit les trois soeurs Brontë à s’adonner ainsi à l’écriture, et surtout sur leurs relations. Denise Le Dantec offre au lecteur une intrusion dans leur intimité, dans leurs chamailleries, dans leurs excursions dans les landes sauvages, ces moors si mystérieuses, dans leurs deuils et leurs tristesses aussi, dans tout ce qui a tant influencé la vie et l’oeuvre d’Emily,

« Elle apprit à aimer les livres ; mais les landes de Haworth, qui sans cesse ouvrent des pages sensibles, changeantes, souvent tourmentées, furent toujours son livre préféré. »

Néanmoins j’ai été assez surprise de ma lecture, ce n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais lorsque j’ai abordé le livre. Tout d’abord, je dois avouer que je n’ai personnellement pas accroché avec le style de l’auteure, que j’ai souvent trouvé un peu lourd, avec des tournures de phrases inutilement compliquées et une narration souvent entrecoupée de dialogues. Cela ne m’a pas toujours rendu la lecture fluide et agréable, gênant ma progression, notamment chronologique.

Ensuite, à mon avis, il faut lire cet ouvrage en ayant conscience que Denise Le Dantec n’est pas biographe, mais poète avant tout. En effet, l’auteure s’éloigne beaucoup de considérations purement factuelles, pour imaginer des conversations familiales et des descriptions très précises de ce qu’Emily Brontë pouvait ressentir à un instant donné. On ne peut dès lors manquer de s’interroger sur la limite entre la biographie pure et l’imagination, ainsi que sur l’objectivité de l’auteure, qui a une préférence évidente pour Emily, au détriment notamment de Charlotte parfois, qui n’est pas dépeinte à son avantage. Je pense donc important de souligner qu’il s’agit à mon sens d’une biographie très romancée, qu’il faut lire à travers le prisme de la fascination et d’un certain parti pris de l’auteure.

« Elle allait posséder l’art de se saisir des armes blanches de la poésie que sont la foudre, le vent et la lumière. »

C’est au fond autant une plongée dans l’univers d’Emily Brontë que dans celui de Denise Le Dantec, tant on sent cette dernière transportée par la vie et par l’oeuvre de la romancière. signature4

 

2 commentaires sur “Emily Brontë : Une vie – Denise Le Dantec

  1. Si je comprends bien, l’auteur imagine des dialogues ? J’ai du mal avec les biographies romancées, je ne sais pas sur quel pied danser.

    1. Oui c’est ça ! Personnellement je n’aime pas trop ça non plus, et là j’avais du mal à faire la part entre la fiction et la vérité biographique, ça m’a un peu perturbée

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