Dans les années 80 au Sud des États-Unis, se situe une petite bourgade nommée Babylon. La famille Larkin vit un peu en périphérie, de l’autre côté du pont, proche des eaux noires et tourbillonnantes du Styx, une rivière omniprésente qui a déjà englouti les parents des jeunes Jerry et Margaret, qui vivent désormais avec leur grand-mère et l’assistent dans la culture familiale des myrtilliers envahissant leur terrain. Un soir de tempête, Margaret disparait, et il faut peu de temps avant que l’on ne découvre l’innommable : elle a été assassinée. Dès lors c’est toute la petite communauté de Babylon qui va être mise à l’épreuve. Car si tout le monde se connait, s’entraide, et s’observe, peu vont avoir le courage de faire ce qui est juste et confronter le meurtrier, qui est assez vite dévoilé.
« Les morts ne font pas bon ménage avec les vivants. »
Peu friande de la saga Blackwater qui a contribué à l’immense (et récente) renommée de Michael McDowell en France, j’ai pourtant été immensément séduite par ce roman mêlant les codes du polar et de l’horreur, aux fortes résonances bibliques. Un roman gothique aux allures de conte, qui s’inscrit dans la tradition des romans de Shirley Jackson ou Stephen King, mais aussi dans un certain imaginaire cinématographique à la Twin Peaks, avec ce village renfermé sur lui-même où se côtoient cheerleaders, fermiers, banquiers et avocats plus ou moins véreux. Une histoire de cupidité, de culpabilité, de courage, et de désespoir, dans laquelle les morts reviennent réclamer vengeance aux vivants avec la bénédiction d’une lune étrange, braquant son faisceau lumineux sur les plus machiavéliques. L’atmosphère est poisseuse et étouffante, la violence particulièrement sanglante et brutale, au service d’un panorama de l’Amérique rurale et des déviances des clans familiaux. Un roman impossible à lâcher du début à la fin, multipliant les rebondissements, n’épargnant aucun personnage, avec une part de surnaturel assumée et efficace. Parfait pour la saison !
Ma note
(5 / 5)
Éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit par Gérard Coisne et Hélène Charrier, 4 octobre 2024, 460 pages

