La poursuite de l’amour – Nancy Mitford

Ce roman suit les pérégrinations amoureuses de la jeune et jolie Linda, racontées par sa cousine et plus proche amie Fanny, qui a le même âge. Les deux jeunes filles ne peuvent être plus dissemblables. Fanny, à qui l’on répète depuis l’enfance qu’elle a de la chance, bien qu’elle ait été abandonnée par ses deux parents, a reçu une éducation plus stricte et plus poussée ; elle est raisonnable, réfléchie, cultivée, et construit sa vie avec patience et mesure. Tout l’inverse de Linda, qui trace sa voie dans l’existence avec fougue et passion. Son objectif principal est l’amour, le grand, le vrai, celui pour lequel elle sera prête à tout quitter. Et elle le fera effectivement, à plusieurs reprises, et pour des hommes aussi différents qu’il est possible. Dans sa quête de l’amour absolue, la capricieuse Linda se trompera souvent, croyant chaque fois avoir trouvé la perle rare, avant de découvrir son erreur et de tourner les talons.

« Pauvre Linda. Elle a une nature follement romanesque, ce qui pour une femme est fatal. Heureusement pour elle et pour nous, la plupart des femmes sont terriblement terre à terre, autrement le monde aurait du mal à tourner. »

Avec sa plume caustique, Nancy Mitford croque des scènettes de la vie mondaine de l’époque, et raconte dans ce récit hautement autobiographique ce qu’était la vie de ces femmes aristocrates dans l’entre-deux guerres. Querelles de famille, bienséance, éducation des jeunes filles, relations conjugales,… Grâce à la ribambelle de personnages truculents et bien souvent flirtant avec l’absurde, Nancy Mitford capture l’absurdité de la vie elle-même, le ridiculement tragique comme le tristement comique. Le ton est léger, enlevé, et les scènettes se veulent amusantes, pourtant il y a de la souffrance, de la perte, des désillusions.

« De quelque nom que s’appelle la qualité qui assure indéfiniment l’amour et l’attachement d’un homme, elle ne la possédait sûrement pas et se trouvait dorénavant condamnée à l’existence solitaire et traquée d’une femme belle, mais sans amarres. »

J’avoue ne pas avoir été plus séduite que cela par ce petit roman, qui est certes une lecture bien plus plaisante que Christmas Pudding mais qui m’a paru un peu trop superficielle. L’ironie étouffe la vérité des émotions, qui sont toutes abordées avec énormément de légèreté, et souffrent d’un manque de relief. Les personnages se complaisent dans leur oisiveté et leur futilité, et la misogynie est écrasante. Il me semble que cette satire sociale était sans doute bien plus efficace à l’époque de sa publication, tant que les moeurs décrites et décriées avaient encore cours.

Ma note 2.5 out of 5 stars (2,5 / 5)

Éditions 10/18, traduit par Daria Olivier, 7 décembre 2006, 256 pages

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