
« C’est pendant l’été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya. »
C’est par cet incipit de mauvaise augure que débute ce court roman, dans lequel le narrateur, Michael, va raconter l’été de ses quinze ans. Il résume à lui seul le caractère initiatique du récit, l’été revêtant tous les aspects d’un passage brutal à l’âge adulte, confrontant un jeune garçon à la fois à sa première expérience de l’amour, mais également de la mort.
« Dans la vie, on n’a pas ce qu’on veut simplement parce qu’on le veut. Non, on obtient seulement ce que la vie veut bien vous donner. »
Michael et ses parents passent l’été, comme chaque année, dans leur maison en bord de plage au Cap Bone. Ils louent un petit pavillon adjacent à une mère et sa fille, Zina, férue de photographie et totalement affranchie, dont l’adolescent tombe immédiatement amoureux. L’été sera dès lors fait d’amours contrariées, de découverte de la sexualité, mais aussi de la complexité du monde des adultes. Car alors que Michael vit ses premiers émois, il porte un regard neuf sur le mariage de ses parents, et réalise peu à peu que son père est lui aussi un sujet et un objet de désirs. Père et fils sont proches, soudés par leur amour de la mer, par leur humour et une complicité de longue date, et pourtant une incompréhension de plus en plus sourde s’installe entre eux.
« Quant à moi , je ne pense pas que l’amour soit destiné à adoucir la condition humaine ; je pense qu’il est inhérent à la condition humaine. Tantôt il s’épanouit et tantôt il tourne court, comme la plupart des choses de la vie. Mais il est toujours une illusion. L’être aimé ne se montre pas à la hauteur de l’attente de l’autre, et quand l’amour persiste par-delà la déception, il devient de surcroît une prison. »
Je dois avouer que je suis totalement hermétique à ce genre de récit, somme toute assez glauque et déprimant. L’atmosphère est pesante sans qu’il ne s’y passe grand chose, ou plutôt sans qu’on s’aperçoive immédiatement des enjeux qui se trament en arrière fond. La quatrième de couverture évoque une ressemblance avec J.D. Salinger, ce que je confirme, me souvenant par là-même que ce n’est pas un auteur que j’apprécie non plus. Le style ne me touche pas davantage que l’intrigue, composée d’un morcellement d’instants plus ou moins anodins, qui tantôt me font bailler d’ennui, tantôt m’affligent parce qu’on confine parfois un peu au sordide, d’autant plus qu’aucun cliché nous est épargné. Le récit est trop court pour que l’on s’attache réellement aux personnages, qui du reste demeurent, à dessein sans doute, hors de notre portée. Les liens familiaux sont mis à mal, la désillusion est omniprésente, et l’amertume dispute au chagrin. Ce roman d’apprentissage m’a par ailleurs souvent fait penser au Bonjour tristesse de Françoise Sagan, et ne peut à mes yeux que pâlir de la comparaison.
Ma note (2,5 / 5)
Éditions Libretto, traduit par Éric Chédaille, 26 janvier 2000, 192 pages