
Résumé :
Clare est de moins en moins sûre du rôle que les hommes devraient tenir dans sa vie. Son premier mari, Richard, était plus âgé qu’elle, et son mépris pour la jeunesse de Clare s’était peu à peu transformé en une glaciale indifférence. Jonathan, son deuxième mari dont elle est séparée provisoirement, est trop coulant : excessivement attentionné et inquiet, non sans une touche de pédanterie.
Joshua, rencontré à une fête, est d’un tout autre genre. Il commence par l’impressionner en écrasant sa cigarette sur son pouce, et sa désinvolture n’est pas loin de la séduire complètement. Si, le lendemain, elle hésite encore à essayer de le retrouver, c’est le conseil de sa nouvelle amie, Mrs Fox, qui achève de la convaincre.
Mon avis :
Après avoir adoré L’invitation à la vie conjugale, et, surtout, Quand rentrent les marins, il me tardait de découvrir ce roman d’Angela Huth dont j’avais entendu tant de bien. Malheureusement c’est une grosse déception.
« Non, mieux vaut avoir un amant quand on est jeune qu’une névrose quand on est vieille. »
Clare, comme le titre l’indique, valse entre les trois hommes de sa vie : Richard, son premier mari, qui vient de décéder ; Jonathan, son second mari dont elle est temporairement séparée ; et Joshua, rencontré à une fête et qui devient son amant. Au moment du récit, elle est en couple avec ce dernier, ce qui ne l’empêche pas de laisser son esprit vagabonder vers les deux autres. Ce que j’ai retenu, c’est qu’elle a une tendance pathologique à choisir des hommes avec qui elle ne pourra jamais être heureuse. Franchement je n’ai accroché avec aucun des personnages, mais je dois dire que Clare est la pire. J’ai eu envie de lui mettre des claques à tout bout de champ face à son indécision, à son absence totale de personnalité propre, à ses mauvais choix qui ne font que s’aligner les uns après les autres. Richard était un homme bien plus âgé qu’elle, qui n’était jamais présent à ses côtés puisqu’il était dans la marine, et qui se moquait bien de délaisser sa jeune épouse, tout en ne faisant rien pour améliorer son quotidien en son absence. Il finit par la quitter, par lettre, pour son ancienne maitresse. Vient ensuite Jonathan, qui lui à l’inverse est beaucoup trop collant, trop prévenant, trop agaçant avec ses petites manies et son omniprésence à ses côtés. Les descriptions qu’elle fait de lui sont vibrantes de dégoût et d’agacement. On sent bien qu’elle n’a jamais été amoureuse de lui (pourquoi diable l’a-t-elle épousé, mystère…), et cette fois c’est elle qui a proposé une pause de 6 mois afin de réfléchir à leur couple. Enfin vient Joshua, le dernier spécimen en date, à nouveau radicalement différent, mais loin d’être le plus réussi des trois… Il est égoïste, violent tant physiquement que verbalement, propice aux sautes d’humeur et aux incartades. Mais rien n’y fera, ni humiliation ni rebuffade, Clare semble sujette au syndrome de Stockholm et réagit si faiblement qu’on ne demande vraiment si elle est autre chose qu’une coquille vide. Non seulement elle ne sait pas ce qu’elle veut, et en particulier qui elle veut, mais visiblement elle ne sait pas trop qui elle est réellement non plus.
« Ce qu’il y a de bizarre avec les jardins secrets, c’est que, d’accord, ils sont très précieux, mais ils le sont d’autant plus quand les autres savent que vous en avez un. »
Le seul personnage qui aurait pu être intéressant, mais trop sous-exploité, est Mrs Fox, une vieille dame que Clare rencontre sur un banc au début du récit. Le contraste entre les deux femmes, l’une qui a encore la vie devant elle, l’autre qui la regarde par-dessus son épaule, aurait pu être intéressant s’il avait été davantage, ou différemment, fouillé.
Je ne comprends pas où Angela Huth a voulu en venir avec ce roman, les personnages ne sont ni attachants ni véritablement crédibles (certaines scènes m’ont parues totalement absurdes). Je n’y ai pas retrouvé sa jolie plume, ni la finesse dans ses portraits psychologiques, encore moins cette petite note de mélancolie, si belle et si juste, qui était présente dans Quand rentrent les marins. À noter néanmoins que, malgré l’ordre de parution en France, il s’agit du premier roman de l’auteure, paru en 1970. En considérant l’évolution de l’oeuvre d’Angela Huth, il est intéressant de constater à quel point certains aspects de Valse-hésitation, en particulier la réflexion sur le mariage et le couple, vont devenir par la suite des thèmes récurrents et merveilleusement abordés par l’auteure.
Ma note (2,5 / 5)
Éditions La Table Ronde, collection Quai Voltaire traduit par Anouk Neuhoff, 8 mars 2018, 240 pages
Bien au moins tu es honnête, Charlotte. Tu nous laisse quand même le goût de lire d’autres de ses œuvres.