Bouche-à-bouche – Antoine Wilson

Deux anciens camarades d’université se rencontrent dans un aéroport. Notre narrateur, un écrivain en mal de succès, a du mal à reconnaitre Jeff Cook, qui a troqué sa nonchalance d’antan pour tous les atours de celui qui a réussi. Leur vol ayant été retardé, Jeff l’invite à le rejoindre dans le salon VIP, et entreprend de lui raconter son histoire, dans une longue confession étrange dont on peine au premier abord à comprendre les tenants et les aboutissants.

Il raconte son désarroi au sortir de l’université, ébranlé par une rupture douloureuse. Alors qu’il erre sur la plage en ruminant des idées noires, il aperçoit un homme en train de se noyer. L’ayant sorti de l’eau inconscient, il décide instinctivement de lui faire du bouche-à-bouche, sauvant la vie de cet inconnu. Dans les jours qui suivent, toujours troublé par cet événement, il décide de partir à la recherche de l’homme qu’il a sauvé. Curiosité malsaine, volonté de s’assurer que son sauvetage valait la peine, appât d’une potentielle récompense…? Il découvre qu’il s’agit de Francis Arsenault, un homme richissime à la tête d’une des plus grandes galeries d’art de Californie. Répétant à l’envi méconnaitre ses raisons d’agir, revendiquant son statut de « type bien », il raconte comment il s’est peu à peu immiscé dans l’existence de Francis, se faisant embaucher dans sa galerie, sortant avec sa fille, sans jamais que son identité ne soit dévoilée à celui qui lui doit tout. Ou bien n’était-ce que ce qu’il croyait ?

Impossible de lâcher ce quasi-monologue, construit autour de chapitres courts qui laissent à peine au lecteur le temps de reprendre son souffle. Les questions se bousculent : quel est le but d’une telle confession, pourquoi Jeff cherchait-il à se rapprocher de Francis, et surtout, sera-t-il démasqué ? Guidé par un narrateur/confesseur tout aussi troublé, le récit multiplie les fausses pistes et entretient un doute permanent sur la fiabilité du discours de Jeff. Entre manipulation et obsession, un récit psychologique habilement mené.

Ma note 4 out of 5 stars (4 / 5)

Éditions Gallimard traduit par Diniz Galhos, 19 janvier 2023, 256 pages 

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