
« Ceci n’est pas une histoire de fantôme artistiquement peaufinée. Rien n’y est expliqué, et il ne semble pas qu’il y ait de sens à ce qui s’est produit. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas la raconter. Vous l’avez sans doute déjà remarqué, les vraies histoires de fantômes que vous avez pu lire ou entendre n’ont, en l’espèce, comme celle-ci, ni explication ni cohérence logique. Voici l’histoire. »
Que j’avais hâte de commencer la lecture de ce recueil ! J’avais évoqué il y a quelque temps dans cet article la tradition typiquement anglo-saxonne des histoires de fantômes à Noël, que je trouve tout à fait fascinante. Cela peut paraitre un peu surprenant de chercher à se faire peur ce soir-là, et pourtant… C’est la période de l’année où les nuits sont les plus longues, les plus noires, les plus glaciales, rien d’étonnant à ce qu’une bonne histoire de fantôme paraisse le moyen idéal de se distraire entre amis durant les froides et monotones soirées d’hiver. Paradoxalement je trouve cette tradition très chaleureuse, d’autant plus qu’elle permet également d’exorciser les peurs les plus enfouies et les plus enfantines. Cette tradition remonte à très loin, une tradition essentiellement orale pendant des siècles avant que Dickens ne relance la « mode » avec notamment son célébrissime « Un chant de Noël« .
Par la suite, comme l’explique très bien Jean-Pierre Croquet dans la préface, on s’est éloigné de la tradition pure et dure des histoires de fantômes, pour dériver quelque peu vers des nouvelles criminelles, dont l’action se situait à la période de Noël, sur le modèle d’Arthur Conan Doyle ou d’Agatha Christie par exemple.
Ce recueil alterne d’ailleurs habilement histoires de fantômes et histoires criminelles, tout en proposant une certaine chronologie. La première histoire est la plus ancienne, une nouvelle de Dickens, Le voile noir, datant de 1836. Après cela on avance progressivement dans le temps jusqu’à basculer dans le XXe siècle, et les fantômes s’éloignent peu à peu. Si ma préférence est allée, comme souvent, à mes chers auteurs victoriens, la diversité est l’une des grandes qualités de cette anthologie. L’occasion de découvrir des nouvelles assez inédites, et des auteurs qui m’étaient jusqu’alors inconnus et dont le style m’a beaucoup plu, en particulier Edith Nesbit, Ethel Lina White, ou encore Hugh Walpole.
« Oui il était seul, évidemment ; et toutefois, quelque part au-dessus de lui dans la maison vide, il entendait à coup sûr un frôlement de pas légers – il avait la sensation sûre, inexplicable, d’une présence. »
Sans grande surprise, j’ai beaucoup aimé ma lecture, passant d’une nouvelle à l’autre avec plaisir, même si je dois avouer que je les ai lues dans le désordre le plus complet ! Mon choix s’est immédiatement porté en premier vers Charles Dickens, le grand maître du genre, puis Thomas Hardy, mon auteur victorien chouchou, que j’avais hâte de voir à l’oeuvre dans ce registre et qui n’a pas déçu. Les autres histoires m’ont beaucoup plu à l’exception peut-être de celles de Gaston Leroux et d’Erckmann-Chatrian. Ils se trouvent que ce sont les deux seuls écrivains français du recueil, je ne suis décidément pas chauvine ! Mais c’est vrai que ce sont aussi, avec la nouvelle de Conan Doyle, davantage des récits policiers, et j’ai bien davantage préféré les histoires qui, fantômes ou non, contenaient toutes une certaine dose d’étrange, voire parfois de fantastique.
Une très belle anthologie, aux forts accents british, qui donne envie de se pelotonner au coin du feu pour se raconter des histoires à dormir debout !
Ma note (4 / 5)
Je ne connaissais absolument pas ce recueil, alors je te remercie de cette découverte que je vais m’empresser d’acquérir et de lire.
À bientôt.
P.S. : Je découvre en même temps ton blog, et difficile de ne pas s’abonner vu sa qualité ! Bravo.
Oh merci, ça me fait très plaisir !
Hi!Hi! J’adore tes flocons! ❄️ ❄️❄️
La neige s’est invitée sur le blog… 😉
C’est plutôt une bonne idée, cette anthologie ! 😉 En plus, parler de crimes et de fantômes à la période de Noël, c’est décalé, j’adore ! Mais apparemment, les anglo-saxons sont assez coutumiers des histoires qui font peur à cette période de l’année et d’ailleurs, Anne Perry, qu’on ne présente plus, a décliné sa fameuse saga des Charlotte et Thomas Pitt en » enquêtes de Noël » si je puis dire… 😉
Peut-être vais-je lire ce livre cette année… J’attends les résultats du partenariat de Noël des éditions de l’Archipel… 😉 Ou alors, ce sera pour l’année prochaine ! Mais je suis suffisamment intriguée pour avoir envie de m’y mettre, en tous cas. 😉