
Résumé :
Maurice Bendrix s’éprend au premier regard de Sarah, l’épouse de Henry Miles, un haut fonctionnaire. Ils entament une relation passionnée à l’été 1939, qui s’achève brutalement lorsqu’un obus frappe la maison londonienne où ils ont pris l’habitude de se retrouver. Pendant plusieurs minutes, Sarah a cru son amant mort et sans un mot d’explication elle s’enfuit, mettant fin à leur histoire.
Par une soirée sombre et mouillée de janvier 1946, Bendrix croise par hasard Henry et ce dernier lui confie avoir le sentiment que Sarah le trompe. Rongé par la curiosité et la jalousie, Bendrix engage un détective privé qui lui remet le journal intime de son ancienne maîtresse. Il comprendra enfin son mystérieux revirement le jour fatidique de leur rupture…
« Si je le pouvais, j’écrirais avec amour, mais si je pouvais écrire avec amour, je serais un autre homme : je n’aurais jamais perdu l’amour. »
Mon avis :
La fin d’une liaison m’apparaissait depuis longtemps comme un roman anglais culte, décrit comme le plus réussi du romancier Graham Greene. Malheureusement, cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant ennuyée.
J’ai trouvé cette lecture terriblement longue, lente et, soyons clairs, sans grand intérêt. Le narrateur, Maurice, romancier de son état, est particulièrement insupportable, répétant inexorablement les mêmes réflexions sur l’amour/haine et la jalousie. Difficile de faire plus antipathique que ce monstre d’égoïsme qui se venge après avoir perdu l’amour. Cela commençait pourtant déjà mal avec Sarah, puisqu’il ne l’invite à dîner que pour lui extorquer des informations sur son mari, Henry, désireux de se renseigner sur la qualité de fonctionnaire pour son prochain roman. Ils entament une liaison, rythmée par ses crises de jalousie et ses harcèlements pour parvenir à lui faire avouer, sans que jamais cela ne le contente, son amour unique pour lui. À présent, près de deux ans plus tard, en 1946, Maurice ne se remet toujours pas de la rupture qu’elle a initiée sans explications, et saute sur l’occasion, lorsqu’il croise Henry par hasard, d’en découvrir davantage sur son ancienne maîtresse en la faisant suivre, sous des prétextes on ne peut moins louables. C’est ainsi que se présentera l’opportunité inespérée de lire le journal intime de Sarah. Nous ne sommes pas au bout de nos peines puisqu’après les divagations de Maurice sur sa jalousie et sa prétendue haine, le récit verse dans les hésitations de Sarah à choisir entre la religion et un amour illégitime.
« Nous sommes parfois merveilleusement heureux, et nous n’avons jamais été plus malheureux de notre vie. C’est comme si nous travaillions ensemble à la même statue, en taillant chacun dans la souffrance de l’autre. »
Il y a donc trois temps dans le récit : le temps de la curiosité et de la filature, la lecture du journal et la découverte du secret de Sarah, et enfin les conséquences qui s’ensuivront. J’imagine que j’aurais dû être émue par ce roman sur la violence des sentiments (même si j’ai eu du mal à qualifier le sentiment quelconque ressenti par Maurice comme de l’amour…), ainsi que par le dénouement qui m’a paru extraordinairement prévisible et, par là même, totalement aseptisé. J’ai trouvé le discours verbeux et sans grande profondeur, et le style assez lourd. Pour finir la dispute qui oppose Dieu à Maurice pour l’amour de Sarah s’enlise dans des circonvolutions qui n’en finissent pas et j’ai peiné à terminer les derniers chapitres.
« L’idée de la souffrance est beaucoup plus facile à communiquer que celle du bonheur. On dirait que le malheur nous fait prendre conscience de notre propre réalité, même si cette conscience revêt la forme de notre propre égoïsme monstrueux: la douleur que je ressens m’est personnelle, ce nerf qui se crispe m’appartient, à moi, pas à un autre; tandis que le bonheur nous annihile, nous y perdons notre identité. »
Je suis vraiment passée à côté de ce roman que j’étais convaincue par avance d’aimer (ceci explique peut-être cela) et je serais curieuse d’avoir d’autres avis. En attendant, je pense regarder l’adaptation avec Ralph Fiennes qui me fera peut-être changer d’opinion…
Ma note (2 / 5)
Éditions Robert Laffont, traduit par Marcelle Sinon, 2 juin 2016, 384 pages