12 livres à lire au printemps #2

Vous commencez à me connaître, j’adore adapter mes lectures aux saisons, et il y a souvent une grande différence de ton et d’atmosphère entre les romans qui ont ma faveur durant l’automne et ceux des beaux jours. Pour moi le printemps est indissociable des romans laissant la part belle à la nature environnante, et on retrouvera de ce fait dans cette sélection nombre de romans se déroulant dans la campagne anglaise… Et comme dans la sélection printanière précédente, il me semble que cette saison s’accorde parfaitement avec le thème de l’adolescence, ses promesses et ses souffrances. Tous les romans évoqués ont déjà fait l’objet d’une chronique sur le blog, si vous voulez vous faire une idée plus précise !

J’espère que cette sélection vous plaira !

Ma cousine Phillis – Elizabeth Gaskell

On commence cette sélection en douceur avec ce petit roman d’apprentissage charmant et mélancolique de la grande Elizabeth Gaskell… S’il ne faut pas attendre de ce court récit tout le romanesque, la profondeur psychologique, et la critique sociale déployés dans ses romans fleuves, Ma cousine Phillis se révèle l’instantané d’une époque : celle des tourments de l’adolescence, mais aussi celle d’une Angleterre à mi-chemin entre ruralité et industrialisation, et qui se montre par ailleurs encore bien injuste envers les femmes. Un récit pastoral tout en délicatesse, qui foisonne par ailleurs de réflexions sur la culpabilité, le puritanisme, les liens familiaux ou encore l’ascension sociale, et dans lequel Elizabeth Gaskell nous offre à nouveau une touchante héroïne romantique.

Chronique détaillée de Ma cousine Phillis à retrouver ici

Les Boucanières – Edith Wharton

Mrs St George a deux filles à marier, mais la haute-société new-yorkaise les boude. Et si Londres était plus accueillante ? Les voilà débarquant sur le sol anglais, choquant les grandes dames de l’aristocratie par leurs manières expansives. Il ne fait aucun doute que Les Boucanières est l’un des grands romans d’Edith Wharton, mon préféré aux côtés de Chez les heureux du monde. Ce roman est sans doute celui qui illustre le mieux la subtile prise de pouvoir des femmes dans une société patriarcale aux codes rigides. L’amour revient sur le devant de la scène, triomphe parfois, tandis que s’esquissent les prémisses des revendications féministes, et que certaines n’hésitent plus à réclamer leur indépendance, quel qu’en soit le coût.

Chronique détaillée de Les Boucanières à retrouver ici

Expiation – Ian McEwan

Briony, treize ans, se rêve romancière. Elle pose sur le monde un regard teinté de mélodrames et d’intrigues, laissant libre court à son imagination débridée. Un jour d’août 1935, elle surprend sa grande soeur, Cecilia, avec Robbie, le fils d’une domestique. De confusions en malentendus, non avertie des complexités inhérentes aux relations adultes, Briony va se méprendre sur la nature de ce qu’elle observe. Une erreur aux conséquences dramatiques… Un roman brillant, dans lequel Ian McEwan aborde de façon remarquable l’essence du travail de l’écrivain, avec de longues réflexions sur l’inspiration, le pouvoir de la fiction, ou encore le rôle expiatoire de l’écriture. Mais ce sont également des pages explorant sans détours et avec une très grande justesse les méandres de la culpabilité et le poids du mensonge.

Chronique détaillée d’Expiation à retrouver ici

Passion et repentir – W. Wilkie Collins

L’un des romans du grand romancier victorien qui mériterait d’être davantage mis en lumière ! L’histoire est, comme le titre l’indique, celle d’une repentance, sous les traits originaux d’une anti-héroïne : une fille de basse extraction, condamnée selon tous les codes moraux de la société de l’époque, et qui vient ajouter à ses méfaits l’usurpation d’identité et la duplicité. Wilkie Collins nous offre l’un de ses plus beaux portraits féminins, faisant de la pécheresse la femme la plus noble d’esprit et de coeur qu’il soit, révélant par contraste l’hypocrisie de la haute société victorienne et la fausse pudibonderie de ceux qui s’érigent en censeurs moraux sans jamais accorder la moindre générosité.

Chronique détaillée de Passion et repentir à retrouver ici

Un coeur si blanc – Javier Marías

Juan vient de se marier. Il a tout pour être heureux et pourtant, un malaise s’est installé depuis le matin de son mariage, qui ne fait que s’amplifier à mesure que certaines choses refont surface. Le pressentiment d’un désastre imminent ne fait que s’accroître avec les semaines, tandis que certains événements apportent de nouvelles questions sur le passé. Ce roman est sans aucun doute l’un des meilleurs de l’écrivain espagnol, maîtrisé de bout en bout et diablement intelligent. Le style est érudit, presque hypnotique avec de longues phrases aux allures proustiennes qui semblent se déployer au service des mots et de leur sens profond, laissant l’inquiétant secret faire lentement son chemin entre les pages…

Chronique détaillée d’Un coeur si blanc à retrouver ici

Le Moulin sur la Floss – George Eliot

L’histoire d’une soeur et d’un frère, aussi proches que profondément différents, dont la relation va être éprouvée par les années et les épreuves. À mi-chemin entre le roman social et le roman de moeurs, sur fond de vengeance et d’amours contrariées, voilà à nouveau un classique merveilleux, dense, très différent de l’excellent Middlemarch, car moins consensuel. On pense plutôt aux romans de Thomas Hardy, à ce déchaînement des circonstances contre les frêles destinées des personnages. Une fresque exceptionnelle des passions humaines et de l’attachement fraternel qui nous offre une magnifique héroïne, romantique et tragique.

Chronique détaillée de Le Moulin sur la Floss à retrouver ici

Une arche de lumière – Dermot Bolger

Emprisonnée dans un mariage malheureux, Eva décide à 46 ans de prendre son indépendance. En 1949 le divorce n’est toujours pas légal en Irlande, mais elle veut trouver sa voie, voyager et vivre dépouillée du superflu pour ne garder que les joies et les rencontres. Si Eva est décidée à mener sa quête de sens et de bonheur, elle ne parvient pas à se libérer pour autant de toute entrave, perpétuellement déchirée entre ses désirs et son inquiétude pour ses enfants… Un magnifique roman, mêlant toute l’absurdité et le miracle de l’existence, tandis que Dermot Bolger excelle encore à mêler authenticité et romanesque, rendant ses personnages et ses histoires incroyablement vivaces et poignants.

Chronique complète d’Une arche de lumière à retrouver ici

L’Amant de Lady Chatterley – D.H. Lawrence

Certains romans intriguent par leur réputation sulfureuse, celui-ci est pourtant bien plus qu’une petite histoire licencieuse. Un roman à la sensualité et à la poésie omniprésentes, qui dresse le portrait d’une Angleterre de l’entre-deux guerres, fracturée et désenchantée. Une oeuvre à part, d’une grande richesse, qui se démarque par le rôle qu’il donne à une femme dans la maîtrise de sa sexualité, qui interroge l’avenir d’une Angleterre confrontée brutalement au monde moderne, et qui adresse une véritable ode à la Nature, dont la beauté efface tout. C’est enfin un très beau roman d’amour, un amour assumé dans toutes ses composantes.

Chronique détaillée de L’Amant de Lady Chatterley à retrouver ici

Les yeux bleus – Thomas Hardy

Quel bonheur d’arpenter à nouveau les collines du Wessex, dans lesquelles les passions se déchainent avec un réalisme à fendre le coeur…! Ce roman offre un magnifique portrait de femme, ainsi qu’un tableau brillant des subtilités amoureuses, du premier amour timide, où les promesses sont irréfléchies au nom du romantisme, à l’amour mû par l’admiration. La plongée dans l’âme tourmentée et pourtant pleine d’espoir de la la jeune Elfride, partagée entre deux amours, est poignante ; tandis que le romancier dénonce ici encore l’intransigeance opposée aux femmes dans la société victorienne. Empreint de mélancolie, ce roman sublime et pourtant si peu connu fascine par la finesse psychologique de son auteur.

Chronique détaillée de Les yeux bleus à retrouver ici

La Colline aux gentianes – Elizabeth Goudge

Une merveille de tendresse, de douceur et de magie… Elizabeth Goudge déploie des trésors de sensibilité et d’émotion, et sa plume est immensément poétique. Dans ce roman dense et peuplé de personnages d’une grande finesse psychologique et plus attachants les uns que les autres, se mêlent histoire d’amour, histoires de marins, légendes locales, rêves éveillés et récits historiques qui nous replongent dans l’effroi de la Terreur et des guerres napoléoniennes. La romancière sublime la tragédie humaine qui recèle parfois ses bulles de douceur et d’humanité pure, et souligne sans mièvrerie aucune la puissance de la famille, de la terre, de l’amour, de la foi.

Chronique détaillée de La Colline aux gentianes à retrouver ici

Les filles de Hallows Farm – Angela Huth

Angleterre, octobre 1941. La Seconde Guerre mondiale fait rage et la majorité des hommes ont déserté les champs pour combattre sous les drapeaux. C’est la grande revanche des femmes qui, d’infirmière à mécanicienne, ont tout quitté pour pallier le manque de bras et contribuer à l’effort de guerre. Prue, Stella et Agatha ont choisi de se porter volontaires pour les travaux agricoles. Les voilà donc débarquant dans une ferme familiale du Dorset, habitée par un couple de fermiers, les Lawrence, et leur fils Joe. L’irruption de ces trois filles, jolies, gaies, intelligentes et débordant de bonne volonté, va chambouler le quotidien des fermiers. Un joli roman, qui plonge dans un univers rural aussi splendide que rigoureux, rythmé par les saisons et la nature.

Chronique détaillée de Les filles de Hallows Farm à retrouver ici

Père – Elizabeth von Arnim

Une liste printanière serait incomplète sans la plume incisive et bourrée d’humour d’Elizabeth von Arnim ! Il s’agit cette fois d’une émancipation qui ne va pas aller sans heurts : à trente-trois ans, Jennifer peut enfin quitter le joug de son père, qui vient soudainement de se remarier. Elle décide de s’installer à la campagne, et va faire preuve d’une candeur touchante et d’une énergie admirable dans sa détermination à obtenir enfin ce qu’elle désire pour elle-même. Pléthore de personnages truculents vont rendre le récit irrésistible, et l’ironie déployée par Elizabeth von Arnim, elle-même si malheureuse en ménage, est ici au service d’une dénonciation de l’oppression des femmes et de la tyrannie domestique. Ce roman est aussi délicieusement drôle que, dans le fond, profondément poignant.

Chronique détaillée de Père à retrouver ici

Je vous souhaite de belles lectures !

 

10 commentaires sur “12 livres à lire au printemps #2

    1. Je n’ai encore jamais lu Wilkie Collins j ai adoré Expiation (mais quel roman !), je suis en amour de Nord et Sud de Gaskell… cette liste donne tellement envie de tooouuuut lire !

  1. Quelle belle sélection ! tout est très tentant et pour la majorité ce sont des livres ou des auteurs que je souhaite découvrir. Je te souhaite de belles lectures !

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