Les chants du large – Emma Hooper

Résumé :

Du haut de ses onze ans, à travers le brouillard, le vent et la pluie, Finn compte les bateaux de pêche, de moins en moins nombreux à Big Running, son village natal situé sur une île du fin fond du Canada. Il n’y a plus de poissons à pêcher, donc plus de travail. Peu à peu, les maisons se vident et les habitants quittent l’île.
Le jour où ses parents se retrouvent obligés de travailler un mois sur deux, chacun leur tour, dans l’Alberta, Finn est inquiet. Sa vie, telle qu’il l’a toujours connue, risque d’être à jamais bouleversée. Alors quand sa soeur elle-même, après avoir repeint toutes les maisons abandonnées de l’île aux couleurs de différents pays, finit par partir, il décide que c’en est trop. Avec les caribous, le lichen et le vent comme seuls compagnons, il échafaude un plan fabuleux pour sauver à la fois sa famille et son île.

« Ce qui se passe quand tu quittes l’endroit que tu aimes, c’est que tu vieillis d’un coup et que tu meurs. »

Mon avis :

Direction une petite île au fin fond du Canada, désertée par les poissons et par conséquent, progressivement, de ses habitants. L’un après l’autre, ils quittent la terre natale pour trouver du travail ailleurs, sur le continent. Finn, dix ans, assiste impuissant au lent déclin de son île et compte les bateaux de pêche tous les soirs, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul. L’échéance du départ se rapproche dangereusement pour lui et sa famille, alors il décide d’échafauder un plan redoutable pour faire revenir les poissons et donc la communauté toute entière.

Finn cherche par tous les moyens possibles à repousser l’inévitable, alors que sa soeur Cora de son côté a déjà un pied en dehors de l’ile. Elle lit des guides de voyage, et entreprend de repeindre chaque maison abandonnée de leur voisinage aux couleurs d’un pays étranger : le Mexique, l’Angleterre, la Russie, l’Italie… Leurs parents quant à eux, ne se sont pas encore résignés au départ mais ont trouvé un travail qu’ils occupent en alternance, l’un partant en Alberta pendant que l’autre reste à la maison avec les enfants. Il y a beaucoup de tristesse dans ce roman, avec cette communauté de pêcheurs dont le mode de vie et les traditions se meurent, mais aussi une jolie poésie qui nous plonge dans l’atmosphère de cette île que l’on devine magnifique et sauvage, coupée du monde et préservée.

« Parfois l’eau était bleue, plus bleue que le ciel, ou bien sombre, verte, épaisse, ou bien à peine colorée, changeante, mobile, allant et venant comme si elle respirait. »

C’est un récit très tendre et mélancolique sur l’enfance, cet âge où tout semble possible, même les rêves et les miracles. On est bercé par le doux clapotis de l’eau environnante, qui donne la vie aussi vite qu’elle la retire. Grâce à des allers-retours dans le passé, à l’époque où ses parents, Aidan et Martha, se sont rencontrés, le lecteur voit le contraste entre l’innocence de Finn et la désillusion de plus en plus nette des adultes, qui ont connu un monde de profusion avant de le voir décliner sous leurs yeux. En filigrane, j’imagine qu’il y a une critique de la pêche intensive pour son impact sur la faune et la flore maritime, mais c’est vraiment très subtil. Le roman fourmille par ailleurs des chansons traditionnelles que jouent Finn sur son accordéon et Cora au violon, ainsi que des histoires qui sont racontées par les adultes : des légendes de sirènes, de Saint Patrick, de conquistadors espagnols… Un procédé qui m’a parfois un peu fait penser au roman de Susan Fletcher, Les reflets d’argent, mais en bien moins réussi.

« Tout le monde croyait, tout le monde savait que les sirènes étaient les morts de la mer qui vous chantaient leur amour. Quand la pluie ou les vagues ne faisaient pas trop de bruit, vous pouviez les entendre dans le vent, la plupart des nuits. »

J’avoue en effet avoir été un peu déçue, je m’attendais à être davantage embarquée dans l’histoire, d’autant qu’on nous promettait une ambiance à la Wes Anderson, avec ce côté loufoque et attendrissant de l’enfance. Mais j’ai parfois eu du mal à voir où l’auteure voulait en venir à force de tourner en rond, il y a beaucoup de longueurs et de redondances, et je n’ai réussi à accrocher avec aucun des personnages. Cela n’en demeure pas moins un très joli roman qui donne des envies de prendre le large et de se perdre dans la quiétude de ces îles perdues dans l’océan.

Ma note 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

 

 

 

Éditions Les Escales, traduit par Carole Hanna, 4 octobre 2018, 432 pages

4 commentaires sur “Les chants du large – Emma Hooper

  1. Je l’ai aussi dans ma PAL, et j’avais très envie de le lire quand je suis partie au Canada (mais le poids du livre m’a fait préférer plusieurs livres de poche bien plus légers).
    Finalement, ça m’a l’air plutôt du genre contemplatif non ?

    1. Pas vraiment contemplatif parce qu’il n’y a pas beaucoup de réflexion ou d’introspection, c’est vraiment le quotidien de cette famille, dans laquelle il se passe des choses et il ne se passe rien dans le même temps !

  2. J’ai adoré cette lecture! L’écriture, les lieux, les thèmes, les personnages… Tellement que j’ai pris le premier livre de l’auteure qui est dans ma PAL maintenant. Me reste plus qu’à le découvrir aussi!

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