Se résoudre aux adieux – Philippe Besson

Résumé :

Se refusant au silence, Louise écrit à cet homme qui l’a quittée pour une autre. De longues lettres d’exil, de Cuba, New York et Venise, loin des souvenirs. Des lettres poignantes, laissées sans réponses, mais qui donnent voix aux blessures et empêchent le passé d’expirer dans l’oubli. Pour pouvoir, au bout des mots, réapprendre à vivre et se résoudre aux adieux.

« Je suis mue par le seul désir d’écrire, de me confronter au blanc de la page, de le noircir, de me persuader encore et toujours que les mots ont une chance de l’emporter sur le silence, les phrases sur le vide. J’écris pour ne pas être tout à fait morte… »

Mon avis :

Les romans de Philippe Besson sont pour moi comme une respiration. C’est court et chargé d’émotions, tout en délicatesse et en nuances. Se résoudre aux adieux ce sont des lettres, celles écrites par Louise à l’homme qui l’a quittée. Six mois après cette rupture dévastatrice, elle décide de prendre le large, de partir à l’autre bout du monde, dans une tentative désespérée de reprendre le dessus. Parce que c’est ce qu’on fait après une rupture, n’est-ce pas ? On passe à autre chose ? Si seulement c’était si simple. Pour Louise, c’était l’homme de sa vie, alors que devient-elle s’il n’est plus là ?

« Ça fait mal d’apprendre à quitter ceux qui nous quittent, d’apprendre à les aimer en silence, le dos tourné, les yeux baissés. De devoir apprendre à son cœur la force de se vider tout en demeurant habité. Apprendre à pleurer en souriant, à s’en aller en aimant … »

C’est toute la virtuosité des mots de Philippe Besson de pointer les écorchures de l’âme. Ce récit est incroyablement banal et justement, toute la magie réside dans cette banalité, cette humanité profonde, qui retrouve ses lettres de noblesse. Une rupture c’est un deuil, c’est une blessure, qui demande du temps. Du temps pour guérir et pour revenir à soi, apaiser les doutes et les questions. Pouvoir enfin se détacher et passer à autre chose, à une nouvelle étape de sa vie que l’on n’avait pas anticipée. Pour s’y résoudre, Louise a décidé de s’exiler. Cuba d’abord, qui l’étourdit de mots qu’elle ne comprend pas et de lieux qu’elle ne connaît pas. New-York ensuite, même si la ville est marquée de leur passage à deux, comme un pèlerinage, une volonté de se perdre et de s’oublier dans la foule. L’Italie enfin, familière, amicale, ensoleillée, magnifique, qui panse ses blessures. À chaque étape, elle écrit des lettres à son amant parti, à celui qui l’a quittée pour une autre femme. Elle y couche toutes ses pensées, sans filtre et sans ordre précis, du récit de ses journées à ses souvenirs des temps heureux. J’admire cette capacité de Philippe Besson à se mettre dans la peau d’une femme, à faire émerger ses failles et ses souffrances avec précision et sensibilité. Certes, il y a quelques longueurs, mais le récit se calque sur le temps de la vie, sur le temps de Louise. C’est long de retrouver son chemin.

« Aimer, ce n’est pas gagner à tous les coups. C’est prendre des risques, faire des partis incertains, connaître la frayeur de perdre sa mise pour mieux savourer le frisson de la douleur. »

Un très beau roman, dans la lignée des Jours fragiles qui m’avait énormément touchée également.

Ma note 4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

 

Éditions 10/18, 4 janvier 2018, 192 pages

6 commentaires sur “Se résoudre aux adieux – Philippe Besson

  1. Bonjour Charlotte ! Je n’ai pas encore lu ce roman de Philippe Besson mais j’ai pour objectif de lire tous ses livres donc j’y serais amenée. J’ai débuté avec  » Arrete avec tes mensonges  » (je l’avais adoré) puis j’ai poursuivi avec son tout dernier  » Un certain Paul Darrigrand  » (une petite déception) et je partage ton avis sur cet auteur. Philippe Besson a un talent fou dans la manière de retranscrire les émotions, de choisir les mots justes, qui frappent au bon endroit. C’est pas si fréquent en littérature je trouve. J’imagine que tu as du en lire d’autres de Besson (??) , en lisant ta chronique j’ai l’impression que ce roman se distingue des autres dans le sens où l’histoire ne s’oriente pas autour du fameux garçon dont il parle dans presque tous ses livres.

    1. Je ne les ai pas lus mais je crois effectivement que les deux derniers avaient le même protagoniste, mais ce n’est pas le cas de ses autres romans, dans tous ceux que j’ai lu, les personnages sont différents

  2. Les citations sont magnifiques! Est-ce qu’il s’agit d »un roman épistolaire uniquement? Je trouve que cela a beaucoup de charme. J’ai lu dernièrement « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » et j’aime beaucoup le concept de roman épistolaire. Ce n’est pas très en vogue mais cela a un charme fou! Merci pour cette découverte.

    1. Oui ce ne sont que des lettres, et écrites à sens unique. C’est vrai que ça a beaucoup de charme !

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