Manderley for ever – Tatiana de Rosnay

Résumé :

Je l’ai décrite comme si je la filmais, caméra à l’épaule, afin que mes lecteurs comprennent d’emblée qui elle était. J’ai décrypté ses livres, sa voix, son regard, sa façon de marcher, son rire. J’ai écouté ses enfants, ses petits-enfants. Autour des maisons qu’elle aimait avec passion, j’ai dressé le portrait d’une écrivaine atypique et envoûtante, méprisée des critiques parce qu’elle vendait des millions de livres. Son univers macabre et fascinant a engendré une œuvre complexe, étonnamment noire, à l’opposé de l’étiquette « eau de rose » qui lui fut si injustement attribuée.
Ce livre se lit comme un roman, mais je n’ai rien inventé. Tout y est vrai.
C’est le roman d’une vie. *

Mon avis :

J’avais sélectionné Manderley for ever pour l’édition « Livres et Parlotte » de février, qui portait sur les biographies romancées d’écrivains célèbres. De tous, c’est sans doute celui-ci qui est le moins romancé justement, et se rapproche le plus de la biographie pure. Tatiana de Rosnay retrace la vie incroyable d’une romancière d’exception : Daphné du Maurier. Son enfance, son attachement à son père, le culte des racines familiales françaises, son mariage, sa passion pour les Cornouailles… Le lecteur part sur les traces d’une des romancières les plus célèbres d’Angleterre, à qui on a souvent injustement collé l’étiquette d’auteure de romans à l’eau de rose, ou qu’on a accusé de reproduire ceux des soeurs Brontë.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui effectivement, selon les dires mêmes de l’auteure, se lit comme un roman. Tatiana de Rosnay insiste sur le fait que tout est avéré, et on sent que cet ouvrage est le fruit d’un long travail de recherches, mais le style donne un tour romanesque à une vie qui l’était déjà en elle-même. Les romans de Daphné du Maurier sont fascinants, empreints d’une touche de mystère et de gothique, et reflétant à merveille un décor de Cornouailles : les falaises déchainées, les plages, le vent, les embruns… Mais le plus fascinant en somme est la vie de cette femme exceptionnelle, qui aurait voulu être un garçon et qui refusait de rentrer dans le moule des filles bonnes à marier. Déterminée, très tôt tournée vers les lettres, elle vivait et aimait avec passion, et sa plus grande histoire d’amour a été pour une maison, Menabilly, qui à l’instar de Manderley dans Rebecca, est devenu un personnage à part entière de sa vie. Son attachement viscéral pour cette endroit est demeuré une énigme, y compris pour ses proches qui finalement décidaient de lui accorder ce caprice. Mais c’était le signe d’une personnalité et d’une sensibilité hors du commun, de la part d’une femme qui assumait de ne pas agir selon les conventions sociales.

Cet ouvrage ne m’a pas totalement convaincue, peut-être en raison des critiques élogieuses et unanimes qui souvent prédisposent à la déception. Certains passages, notamment ceux relatant la progression de Tatiana de Rosnay sur les traces de la romancière, m’ont paru superflus. Ils n’éclairaient en rien la vie de Daphné du Maurier elle-même, et ces incursions intermittentes de la biographe m’ont paru étranges, décalées, et surtout j’ai trouvé qu’elles interrompaient artificiellement le cours de la lecture. Quitte à s’inclure dans le récit, pourquoi ne pas avoir été plus loin en formant des parallèles entre leurs deux vies, de femmes et d’écrivaines ? C’est un parti pris, et j’aurais aimé voir davantage Tatiana de Rosnay, et l’influence de Daphné du Maurier sur sa propre écriture. Par ailleurs, si découvrir certains faits sur la vie d’une romancière que j’admire énormément m’a intéressée, les descriptions de l’intimité de Daphné du Maurier m’ont semblé parfois un peu trop détaillées, et je trouvais que cela n’apportait pas grand chose au fond à la compréhension de sa personnalité. Mais c’est une impression qui m’est sans doute très personnelle, il y a quelque chose qui me dérange dans cette immixtion dans l’intimité d’un écrivain qui n’est plus là pour s’en défendre. Quelle est la part de vérité et de fiction dès lors ? À la limite, je crois que j’aurais préféré que Tatiana de Rosnay se positionne davantage dans le cadre du roman, assumant ainsi totalement la part d’imagination qu’elle attribuait à certains aspects de la vie de Daphné du Maurier.

Ces derniers points mis à part, j’ai beaucoup aimé cette lecture. On ne peut que s’incliner devant l’immensité du travail de documentation qui a dû être nécessaire, et Daphné du Maurier mérite amplement qu’on lui accorde une biographie aussi passionnée et passionnante.

Ma note 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

 

 

 

*résumé de la quatrième de couverture

Éditions Le Livre de Poche, 11 mai 2016, 328 pages.

3 commentaires sur “Manderley for ever – Tatiana de Rosnay

  1. De Tatiana de Rosnay j’ai lu l’excellent Elle s’appelait Sarah il y’a plusieurs années, qui m’a secouée et émue, comme bon nombre de lecteurs. J’avais aussi apprécié ma découverte de Rose, un beau roman dans lequel l’héroïne déplore la perte du Paris ancestral qu’elle a toujours connu, au profit de celui imaginé par le baron Haussmann.
    Manderley for ever m’avait attirée d’abord pour son auteure, vu que je ne connais pas du tout Daphné du Maurier. Au final, je ne l’ai toujours pas lu mais…pourquoi pas ? D’autant plus que je veux découvrir l’univers de Daphné du Maurier donc ça pourrait peut-être être une bonne introduction, pour en savoir plus sur cette talentueuse auteure dont je ne sais encore rien. 🙂

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